Francophonie

Le Québec adopte une école de New York

NEW YORK — Des liens avec le Québec, l’école PS 84, située à quelques pas de Central Park, dans l’Upper West Side, en avait déjà quelques-uns : une de ses enseignantes a vu le jour dans la Belle Province, de même que quatre parents d’élèves.

Ce petit noyau québécois avait été attiré vers cet établissement public par son programme bilingue anglais-français, qui est passé de deux à neuf classes depuis sa création, en 2008.

Mais ces liens se sont approfondis le 18 juin lorsque le délégué général du Québec à New York, Jean-Claude Lauzon, et la directrice de PS 84, Robin Sundick, ont officialisé le parrainage de cette école primaire par le Québec.

Il s’agissait de la première retombée concrète d’un appel lancé le 20 mars par l’Organisation internationale de la francophonie et l’association Éducation en français à New York. Cet appel s’adressait aux représentations des pays francophones à New York (missions permanentes à l’ONU ou consulats). Celles-ci étaient invitées à parrainer une école publique dotée d’un programme bilingue anglais-français « pour soutenir ses activités et les perspectives de développement de l’enseignement bilingue ».

FAIRE BRILLER LE QUÉBEC

La délégation générale du Québec à New York n’a ni le statut d’une mission permanente à l’ONU ni celui d’un consulat, mais elle n’a pas hésité à participer à cette initiative. Une entente verbale a ainsi été conclue avec l’école PS 84 à l’occasion d’un déplacement à New York de la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Christine St-Pierre.

« On s’est dit : c’est peut-être une bonne occasion pour nous de faire briller le Québec et de démontrer que, quand on parle du fait français et de l’éducation en français, ça peut venir d’ailleurs, et entre autres d’une province du Canada qui est francophone, qui est nord-américaine et qui est très près du mode de fonctionnement nord-américain », a expliqué Jean-Claude Lauzon la semaine dernière, ajoutant qu'il avait l'intention d’implanter ce genre de collaboration dans les huit États du Nord-Est qui relèvent de la délégation du Québec à New York..

« Je voulais qu’on soit les premiers au niveau de la francophonie à New York. »

— Jean-Claude Lauzon, délégué général du Québec à New York

Le parrainage de l’école PS 84 prendra diverses formes, allant du don d’ouvrages à l’organisation de cours en ligne sur Skype avec une école québécoise, en passant par des rencontres culturelles ou littéraires.

« Nous sommes très enthousiastes à propos de ce que nous pouvons faire avec le Québec », a confié Robin Sundick, directrice de PS 84. « L’avantage de travailler avec le Québec, c’est que cette province fait partie d’un pays bilingue qui a une connaissance historique de l’enseignement dans deux langues. Malgré les choses merveilleuses que nous faisons avec la France, ce n’est pas son cas. »

Corinne Berthiaume, enseignante québécoise de PS 84, partage cet enthousiasme.

« Ce qui est important pour moi, c’est de savoir qu’il y a des gens à qui je peux m’adresser si j’ai une idée ou une question », a-t-elle dit en entrevue.

PS 84 est l’une des deux premières écoles à avoir mis sur pied un programme bilingue anglais-français à New York. Aujourd’hui, une douzaine d’écoles publiques offrent ce programme pour plus de 1300 élèves new-yorkais. Seuls les programmes bilingues anglais-espagnol et anglais-chinois sont plus populaires.

TRÈS FORTE DEMANDE

Pour les élèves de l’école PS 84 inscrits au programme bilingue anglais-français, le français est utilisé comme langue d’enseignement les lundis, mercredis et vendredis (la moitié de la journée), de la maternelle à la 5e année. Environ 50 % des élèves sont issus de foyers francophones, le reste utilisant l’anglais à la maison.

Comme la demande est beaucoup plus élevée que l’offre, plusieurs parents se sentent privilégiés de pouvoir offrir à leurs enfants une telle éducation bilingue à New York.

« C’est extraordinaire et inespéré, surtout dans une école publique », dit Benoit Gendron, père de deux filles âgées de 7 et 9 ans qui fréquentent l’école PS 84. « J’aime l’approche de l’école, qui consiste à utiliser les deux langues comme outils d’enseignement. »

Ce chanteur d’opéra de 52 ans se réjouit aussi du parrainage de l’école PS 84 par le Québec.

« C’est bienvenu, dit-il. On est très excités à l’école d’avoir ce parrainage parce que ça va ouvrir de nouvelles avenues pour nous. Avant, la France avait le monopole pour ce qui concerne l’influence sur l’école. C’était excellent, mais un peu limitant aussi. À cause du décalage horaire, on ne pouvait rien faire sur Skype, par exemple. Avec le Québec, c’est le même fuseau horaire. Et si on veut faire des visites, ce n’est pas six heures d’avion, c’est six heures de voiture. »

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