ÉDITORIAL

Arrêtez de dire « fake news »

De grâce, arrêtez. Arrêtez de dire « fake news ». Ce n’est pas français, et ce n’est pas pertinent non plus, à moins de vouloir regarder le monde à travers les yeux de Donald Trump…

À la fin février, la présidente de la Fédération des médecins spécialistes accusait les médias de propager des « fake news ». Hier, c’était au tour du ministre des Finances Carlos Leitão. Il prétend que des « fake news » circulent au sujet du Réseau électrique métropolitain. Lesquelles ? Il ne l’a pas dit. On a pu comprendre qu’il parlait des reportages et commentaires sur les ententes opaques de non-concurrence. C’est risible. Si l’entente est juste, qu’il la dévoile !

Mais il y a pire. M. Leitão a incarné en peu de mots une dérive inquiétante. Celui qui est objectif, c’est désormais celui qui partage notre opinion. La vérité devient subjective.

Et surtout, M. Leitão déforme les mots. Les « fake news » réfèrent à un phénomène précis : les sites bidons qui hameçonnent les crédules avec des mensonges et des complots, comme le prétendu réseau de pédophilie associé à la campagne Clinton. M. Trump a ensuite détourné l'expression pour discréditer ses critiques.

En politique québécoise, il peut y avoir des erreurs factuelles ou des opinions malhonnêtes. Mais il n’y a pas d’industrie de « fake news ». Les mots comptent, et pour les choisir, Donald Trump n’est pas un bon modèle.

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