Mon clin d'œil

Combien ça prend de péquistes pour dévisser une ampoule ? Aucun. Ils ont convenu de ne pas la dévisser avant 2022.

OPINION

CRISE DIPLOMATIQUE CANADA-ARABIE SAOUDITE
Petite histoire du résident saoudien

Beaucoup d’encre a coulé dans les derniers jours à propos du conflit qui oppose le Canada au Royaume de l’Arabie saoudite.

On a aussi parlé du retrait des étudiants et résidents en médecine saoudiens, et de l’effet de cette mesure sur le système de santé québécois. Je ne commenterai pas sur ces deux questions épineuses, mais je raconterai plutôt l’histoire d’un humain, en chair et en os.

M (surnom fictif) est résident de quatrième année (sur 5) dans un programme de spécialité à l’Université McGill. M a quitté son pays avec sa femme et son enfant de 2 ans pour venir s’installer à Montréal avec sa famille, le temps de terminer ses études postdoctorales et d’obtenir son diplôme de spécialiste, ce qui lui permettra de trouver un emploi chez lui.

M a travaillé 70 heures par semaine, le jour, le soir, la nuit et les fins de semaine au cours des trois dernières années. Sa famille et lui commencent à s’habituer au froid hivernal du Québec. Il a eu un bébé l’année dernière, qu’il espérait présenter à ses parents lorsque ceux-ci allaient venir faire un tour dans un mois.

M a fait sa vie à Montréal au cours des dernières années. Il a un appartement et une voiture, et ses enfants vont à la garderie ou à l’école.

M s’est réveillé comme d’habitude lundi matin après une belle fin de semaine passée avec ses enfants au parc, puis sa vie a chamboulé. On lui a annoncé qu’il devait rentrer de ce pas au pays. « ASAP », comme on dit.

M, c’est le résident en chirurgie qui est rentré à trois heures du matin pour évaluer votre mère, qui avait finalement une appendicite, et qui l’a amenée en salle d’opération STAT. M, c’est la résidente en pédiatrie qui est restée debout toute la nuit pour s’assurer que votre enfant avec une crise d’asthme continue à respirer et survive à la nuit. M, c’est votre voisin de palier qui part toujours très tôt le matin et rentre très tard le soir ; il est résident en neurochirurgie et vous voyez probablement ses enfants plus que lui.

M, c’est la résidente qui vient tout juste de s’installer au Canada et qui s’ennuyait de ses parents à l’autre bout du monde, mais qui se disait (avant lundi) que ça allait être quand même pas pire, finalement. M, c’est le résident qui vient de se marier le mois dernier et qui prévoyait commencer à fonder une famille pendant qu’il est au Québec. M, c’est la résidente qui vient de s’inscrire à des cours de conduite. M, c’est le résident qui ne dort plus depuis quatre jours et pour qui, sans préavis, plus rien ne sera pareil.

M, c’est mon collègue, mon ami, mon mentor, mon voisin de casier. À tous ces « M », pour qui j’espère que tout ceci se réglera, je dis merci, merci infiniment ! 

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