Idées d’ailleurs 

La fin du cours de maths ?

Vantée pour la qualité de son enseignement scolaire, la Finlande va devenir le premier pays du monde qui supprime les matières. Adieu, maths, langues, géo, histoire et physique ! 

Le problème

Les besoins des élèves ont évolué et l’école doit se moderniser.

Une solution

En Finlande, le gouvernement a décidé de révolutionner le système scolaire en n’offrant plus les cours par matières pour les élèves de plus de 16 ans.

La Finlande a un très bon système scolaire, parmi les plus performants du monde, selon le classement international PISA (Programme international de suivi des acquis des élèves). Mais ce n’est pas une raison pour ne pas le changer !

À partir de la rentrée scolaire 2020, les élèves de ce petit pays de 5,6 millions d’habitants ne seront plus obligés de suivre une heure de mathématiques ou de géographie. À la place, ils vont se plonger dans des sujets comme l’Union européenne ou la Seconde Guerre mondiale, et étudier l’économie, la politique ou l’histoire en même temps.

« Nous devons faire des changements dans l’éducation qui soient utiles à l’industrie et à la société moderne », a dit au journal anglais The Independent Pasi Silander, directeur du développement de la capitale finlandaise, en ajoutant que ce projet vise à fournir un enseignement de qualité en vue de mieux préparer les élèves à la vie active.

M. Silander estime que de nombreux cours ne sont plus utiles aujourd’hui, car ils ne tiennent pas compte de l’évolution technologique du monde dans lequel on vit. 

« Nous avons besoin d’une éducation différente qui prépare les élèves à la vie professionnelle. »

— Pasi Silander, directeur du développement de la capitale finlandaise, au journal The Independent

Cette petite révolution du système de l’éducation mise aussi sur une approche plus collaborative : des élèves réunis en plusieurs petits groupes qui vont résoudre des problèmes en équipe. Finie, l’époque où les jeunes étaient assis derrière des pupitres en attendant que le professeur leur pose des questions.

Ce système, on s’en doute, repose sur un partenariat entre les enseignants de différentes matières. Il est actuellement testé dans quelques écoles de la capitale finlandaise et devrait être étendu à l’ensemble du pays d’ici deux ans pour les élèves de 16 ans et plus. De quoi inspirer le Québec ?

Au Québec, cette idée devrait être… étudiée.

L’avis de l’expert

Olivier Bégin-Caouette, professeur à la faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal

Le professeur Olivier Bégin-Caouette hésite entre étudier cette idée et carrément l’adopter. « La Finlande, dit-il, est un modèle très avant-gardiste en matière d’éducation. »

Non seulement ce pays scandinave a-t-il depuis longtemps aboli les devoirs, au grand plaisir des élèves, mais il a aussi adopté le co-enseignement. Dans de plus en plus d’écoles, il y a deux enseignants par classe ou un enseignant et un orthopédagogue. Le but : individualiser la pédagogie et permettre à tous les élèves de progresser ensemble, qu’ils aient ou non des problèmes d’apprentissage.

« De cette façon, on diminue le poids sur les épaules de l’enseignant », précise M. Bégin-Caouette, qui est le fils de Charles Caouette, pionnier du mouvement des écoles alternatives au Québec.

Mais cette façon d’enseigner est-elle nouvelle ?

« Dans les années 90, avec les États généraux sur l’éducation et le Renouveau pédagogique, on s’en allait dans cette direction. »

— Olivier Bégin-Caouette, professeur à la faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal

« On voulait décloisonner les matières et regrouper les enfants par petits groupes et par projets, rappelle le professeur de 32 ans. Au lieu du cours de géographie et d’histoire, on a fait, par exemple, un cours d’univers social. Et au lieu de la chimie, de la physique et de la bio, on a créé sciences et technologie. »

Au Québec et ailleurs dans le monde, ces pédagogies sont déjà implantées dans de petits milieux, à l’intérieur de petites écoles, traditionnelles et alternatives. Mais elles n’ont jamais été érigées en tant que système national. Et c’est ce que la Finlande est sur le point de faire.

« C’est ça, le côté révolutionnaire de cette réforme, affirme Olivier Bégin-Caouette. L’abandon des matières est une étape supplémentaire dans une grande révolution du système de l’éducation. Le Québec, comme d’autres, a beaucoup à apprendre de la Finlande. »

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