Maintien à domicile

L’appartement du troisième type

L’Institut universitaire de gériatrie de Montréal planche sur la conception d’un appartement intelligent qui pourrait permettre aux personnes âgées de rester chez elles plus longtemps. Aperçu.

des données sur la routine de vie

La chercheuse de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal Nathalie Bier mène ce projet de recherche de trois ans avec une douzaine de collègues. Son objectif ? Mieux cibler les besoins des personnes âgées en dotant leur appartement de capteurs intelligents capables de fournir aux services sociaux des données fiables sur leur routine de vie. Le but : leur permettre de rester le plus longtemps possible chez eux. La clientèle visée ? Des personnes seules en perte d’autonomie, avec des troubles cognitifs.

les vulnérabilités de chacun

Les chercheurs de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal ont déterminé quelques-uns des défis des personnes âgées vivant seules – habituellement sans aide familiale. Parmi eux : l’alimentation, l’hygiène, la prise de médicaments et la sécurité des lieux (cuisinières éteintes, robinets fermés, couloirs éclairés la nuit, etc.). Les capteurs installés dans l’appartement visent donc à bien renseigner les intervenants du soutien à domicile au sujet des vulnérabilités de chacun afin d’offrir les services les mieux adaptés.

dans toutes les pièces

Les capteurs de contacts branchés au frigo et sur la cuisinière indiqueront le nombre d’ouvertures afin d’estimer le nombre de repas préparés. Les capteurs placés dans le bain seront un indicateur de l’hygiène, etc. On peut aussi établir le nombre d’heures de sommeil en fonction des détecteurs de mouvements. Le but est de transmettre toutes ces informations aux services de soutien. Le CLSC des Faubourgs participe au projet de recherche afin d’assurer la gestion des données et des alertes.

« Attention, le rond est allumé »

L’élément de sécurité est au cœur du projet de recherche de Nathalie Bier et de son équipe. Une fois les données des capteurs colligées, elles doivent être interprétées. Une tablette installée dans la pièce principale de l’appartement relaiera des messages écrits ou vocaux. « La porte de votre réfrigérateur est ouverte. » « Attention, le rond est allumé. » La tablette pourrait également rappeler aux personnes âgées de prendre leurs médicaments – par exemple, tel médicament à prendre à telle heure.

des mesures d’aide

Il n’y a pas encore de « bouton panique » dans l’appartement intelligent de Nathalie Bier, mais plusieurs mesures pourraient être prises pour venir en aide aux personnes âgées. Si le rond du poêle reste allumé, malgré les avertissements, il pourrait être possible de couper l’alimentation. Idem pour l’eau du bain qui commencerait à déborder. L’expertise en matière d’intelligence artificielle des universités de Sherbrooke (laboratoire Domus) et de Chicoutimi (LIARA) sera mise à contribution.

moins de 10 000 $ par personne

Quel serait le coût de l’implantation de telles mesures ? « On va le déterminer au cours du projet, nous dit Nathalie Bier, qui dispose d’un budget de 980 000 $ pour mener à terme ce projet. Mais au total, on espère que le coût sera de moins de 10 000 $ par personne (par année). Quand on sait qu’il en coûte 64 000 $ pour héberger quelqu’un dans un CHSLD, c’est quand même intéressant. Le défi sera d’allouer des ressources pour maintenir en place un tel projet auprès de la clientèle la plus vulnérable – le suivi, l’entretien, le service à la clientèle, etc. C’est ce qu’on va établir. »

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