Hockey Mineur

Cinq conseils pour les parents d’athlètes

Un petit gardien en pleurs devant son but ; un père banni d’un aréna, qui se prend pour le Mike Babcock du hockey mineur... Le documentaire Parents Inc, diffusé ce soir à Canal D, montre le hockey comme il l’est pour plusieurs jeunes : une course à la performance, un jeu que des adultes ont transformé en corvée. Comment, en tant que parent, éviter le piège de la performance à tout prix ? La Presse s’est entretenue avec la consultante en psychologie sportive Joëlle Carpentier.

1. VOUS N’ÊTES PAS UN ENTRAÎNEUR !

« Les parents doivent se rappeler que leur rôle est d’offrir un soutien émotionnel et pratique, mais pas un soutien technique dans la pratique du sport, explique Joëlle Carpentier. En gros, ils ne doivent pas oublier qu’ils ne sont pas entraîneurs ! Je dis souvent aux parents : “Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas un coach que vous n’êtes pas utiles. Vous avez un rôle dans la carrière sportive de votre enfant qui est énorme : donner un soutien émotionnel et pratique.” C’est ce qui va le nourrir à long terme. »

2. LA MOTIVATION AVANT TOUT

« Le parent devrait se poser cette simple question : “Est-ce que je suis en train de m’assurer que mon jeune a du plaisir à faire du sport, ou est-ce que je suis en train de m’assurer qu’il est le meilleur ?” Les parents doivent se rappeler que le talent sans motivation ne mène nulle part. Le rôle du parent pour moi est de nourrir la motivation, pas le talent. Les entraîneurs vont nourrir le talent. Les parents, eux, vont nourrir la motivation en s’assurant que leur enfant a du plaisir dans le sport, qu’il est heureux dans ses choix. Il faut le centrer sur le plaisir de l’activité, pas le prestige ou les bébelles qui viennent avec le sport. »

3. L’EGO À LA TRAPPE

« Je conseille aux parents de se poser constamment cette question : ont-ils l’impression d’être de meilleurs parents quand leur enfant performe bien ? À l’inverse, sont-ils gênés s’il ne performe pas bien ? Pour moi, s’ils répondent oui à cette question, c’est une lumière rouge, un avertissement. Les parents sont humains et ça peut arriver qu’au moment où leur enfant marque un but, ils aient l’impression de valoir plus. Mais il ne faudrait pas que leur valeur personnelle en tant que parents dépende des succès sportifs de leur enfant.

« Entre les murs d’un aréna, c’est valorisé d’être bon au hockey. Au bureau, ils en jasent : “Ah, c’est vrai, ton gars est dans le trois lettres !” Et ça, ça peut gonfler l’ego du parent. Quand on sent que notre ego est affecté positivement ou négativement par les performances sportives de notre enfant, c’est un avertissement. Il faut se recentrer sur les besoins de notre enfant et sur son développement. »

4. AIDER L’ENFANT À DÉVELOPPER SON INSTINCT

« Il faut aider l’enfant à se fier à ce qu’il ressent lui-même durant un match. Je suggère aux parents de poser des questions comme : “Es-tu satisfait de ton match ?”, “Es-tu fier de ce que tu as fait aujourd’hui ?”, “As-tu aimé ta game ?”, “As-tu eu du plaisir ?”.

« Après un match, plutôt que de parler, il faut être à l’écoute. Je pense que l’exemple de Zack dans le documentaire, c’est un super exemple. Le jeune n’est pas en détresse à cause de sa performance, il est en détresse parce qu’il n’a plus d’indications de son père. Pour moi, il faut apprendre à centrer le jeune sur ce que lui ressent, pas les autres. Il faut qu’il soit capable de s’encourager lui-même, de se motiver lui-même. Ce sont de meilleurs outils à long terme.

« Cette méthode aide les jeunes à développer leur autonomie. Après, plus tard, s’ils tombent sur un entraîneur plus malsain, s’ils ont moins de minutes de jeu, ils vont être mieux outillés. Ils vont être capables de se dire : “Moi, même si j’ai pas eu beaucoup de temps de glace, je suis quand même satisfait de mon match.” »

5. LE DÉVELOPPEMENT AVANT LE RÉSULTAT

« Il faut que le développement personnel passe avant le résultat. Si le parent veut féliciter ou critiquer – ils ont bien le droit de critiquer –, s’assurer que ce ne soit pas sur le résultat, mais sur le développement personnel. Est-ce qu’il a travaillé assez fort ? A-t-il été capable de surmonter les difficultés ?

« On peut aussi trouver du positif dans un match plus difficile : “Tu as eu une mauvaise punition, mais après tu ne t’es pas laissé déconcentrer par ça”, “Tu as alloué beaucoup de buts en début de match, mais tu es bien revenu en troisième”. Peut-être que le jeune n’a pas fait de but, mais il a peut-être fait de beaux jeux qui ont mis ses coéquipiers en valeur… bravo ! Est-ce que tu as respecté et écouté ton entraîneur ? Si tu n’étais pas d’accord avec lui, le lui as-tu dit de manière respectueuse ?

« Pour moi, c’est une manière de bâtir des habiletés personnelles qui vont au-delà du match. »

Le documentaire Parents Inc est diffusé ce soir, à 22 h, sur les ondes de Canal D.

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