Chronique

Miroir, miroir, effrayant miroir

Cette série britannique, un gros coup de cœur des dernières semaines, s’appelle Black Mirror. Elle réfère au « miroir noir » des écrans de téléphones, ordinateurs ou tablettes qui nous renvoient une image tordue et laide de la réalité. Notre réalité de consommateurs de plus en plus connectés.

Sans exagérer inutilement, c’est probablement l’émission la plus pertinente – et la plus terrifiante – à propos de l’invasion sournoise des technologies de l’information dans chacune des sphères de nos vies. Programmes d’espionnage ultra-sophistiqués, dangers de la cyberintimidation extrême, réalité plus que virtuelle ou hiérarchisation de la société en fonction du rayonnement sur les médias sociaux, Black Mirror nous montre à quoi ressemblera notre futur rapproché. Et c’est cauchemardesque et franchement angoissant.

J’ai englouti quatre des six épisodes de Black Mirror ce week-end et je suis devenu complètement techno parano. Car la science-fiction que cette brillante œuvre de Netflix propose nous pend vraiment au bout du nez. 

C’est ce qui effraie le plus, je pense, avec Black Mirror : la possibilité que ces scénarios catastrophes se réalisent à court ou moyen terme.

Quelques détails techniques, avant de poursuivre. Netflix n’offre que la troisième saison, en anglais et en français, de Black Mirror. Aucun problème. Comme il s’agit d’une anthologie, les personnages, l’histoire, les époques et les acteurs changent d’un épisode à l’autre. Ça se consomme donc dans l’ordre ou le désordre.

La première heure, qui porte sur le désir inassouvissable de plaire sur les réseaux sociaux, demeure ma préférée. On y suit une jeune femme pimpante (Bryce Dallas Howard) totalement accro aux mentions « j’aime » et aux « pouces en l’air ».

C’est que dans ce nouveau monde en couleurs pastel, tous les citoyens ont un score – une sorte de Klout – qui oscille entre 1 et 5 et qui fluctue, en temps réel, selon les interactions virtuelles et sociales.

Notre héroïne est une 4,2, ce qui n’est pas si mal. Mais pour louer un appartement de prestige, il lui faut grimper à 4,5. Plus une personne se rapproche du 5, plus ses privilèges augmentent. Plus son pointage tire vers le 1, plus la personne est exclue de la collectivité. Par exemple, à l’aéroport, il y a des files express pour les 4 et plus. Les inférieurs poireautent comme des dindes.

Pour accumuler des points, il faut être aimable, affable et se frotter à des gens mieux cotés que nous. Plus les gens vous aiment, plus vous grimpez dans l’échelle sociale. C’est d’une superficialité détestable, mais très proche de ce qui se trame avec la montée des soi-disant influenceurs du web. Attendez de voir comment se terminera l’odyssée de notre guillerette collectionneuse de likes. Oh, boy !

Le sixième épisode traite des vedettes qui passent dans le tordeur des médias sociaux. La première victime ? Une columnist d’un quotidien londonien qui reçoit une avalanche de menaces de mort après la publication d’un papier controversé. On la retrouvera morte 24 heures plus tard. Puis, au tour d’un rappeur célèbre de tomber dans la ligne de mire des trolls. Lui aussi mourra peu de temps après. Pourquoi et comment ? Le dévoiler divulgâcherait l’intrigue qui implique les services secrets britanniques et des robots-abeilles.

Le quatrième épisode, le plus émouvant, nous amène à réfléchir sur la vie après la mort. Accepteriez-vous qu’une entreprise à la Google accapare une partie de votre âme, après votre mort, en échange d’une jeunesse éternelle dans l’au-delà ? Au deuxième épisode, celui qui verse le plus dans l’horreur, Black Mirror propose à un cobaye de tester un jeu vidéo beaucoup trop réaliste qui fouille dans son subconscient pour recréer ses pires peurs. On est loin de la PS4, ici.

Ce Black Mirror m’obsédera longtemps.

Le beau programme de Véro

L’arrivée de la nouvelle émission de variétés de Véronique Cloutier, qui s’appellera Votre beau programme, bouscule la grille hivernale de Radio-Canada. À partir du 11 janvier, Véro campera les mercredis à 21 h dans l’ancienne case de Ruptures, qui déménagera les lundis à 20 h, directement contre L’échappée à TVA. Et où atterrira L’auberge du chien noir pour sa dernière demi-saison en ondes ? Les jeudis à 20 h, où logent Les dieux de la danse cet automne.

Le nouveau magazine Deuxième chance, copiloté par Marina Orsini et Patrick Lagacé, se déposera les samedis à 20 h, tout de suite après En direct de l’univers.

Si le titre Votre beau programme vous sonne une cloche, c’est qu’il a déjà été utilisé par Pierre-Yves Lord quand il animait l’émission réveille-matin à Énergie Québec à la fin des années 2000. Rien ne se perd, tout se recrée !

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