Du karting avec Lance

Pendant une heure, Lance Stroll est retombé en enfance. L’espace d’un court instant, il a pu oublier cette saison sans éclat, où il a inscrit des points une seule fois en six Grands Prix, une 8place en Azerbaïdjan. Il a pu oublier cette Williams condamnée à se battre, au mieux, pour la quatrième place, après les Ferrari, Mercedes et Red Bull.

Stroll s’est revu à 7 ans, sur les pistes du complexe Kart-o-Mania, rue de la Savane.

« C’est beaucoup de souvenirs, a-t-il dit en débarquant de sa voiture. Ça me rappelle mon enfance, avec mes amis. La F1 était tellement loin dans mon esprit. Repenser à comment tout a commencé, c’est spécial. »

Pendant plusieurs tours, Stroll a fait mal paraître les représentants des médias en piste. À croire que son kart était trafiqué. « Sans commentaires », a-t-il dit en riant à ce sujet, alimentant du coup les soupçons.

Il n’avait même pas l’âge légal pour conduire un kart à ses débuts, admet le propriétaire de Kart-o-Mania, Thomas Schuler, mais l’enfant avait un talent naturel. Suite logique, Stroll est aujourd’hui bien en évidence à l’entrée de l’établissement, sur une photo grand format autographiée.

« Ce que j’aime le plus du kart ? La pureté », explique Stroll. 

« L’important, c’est de s’amuser. Les parents ne doivent pas prendre ça trop au sérieux, sinon ça devient une job déjà dès 9 ou 10 ans. Le kart doit toujours rester quelque chose qu’on aime faire, qui nous amuse, comme le hockey ou le football. »

— Lance Stroll

Stroll aime tellement le kart qu’il admet s’y adonner encore, de temps à autre, sur une piste située près de chez lui, à Londres.

Son attachement à la discipline est bien connu. Il a reçu de son père son premier bolide à l’âge de 5 ans. En 2006, à 8 ans, il a fait sa première course, qu’il a gagnée. Deux ans plus tard, il a remporté le championnat canadien, la Coupe de Montréal et la Coupe du Québec en classe Micro Max. La suite n’a été qu’une succession de réussites qui l’ont finalement amené à intégrer le programme de développement des jeunes pilotes Ferrari. Il est parti pour l’Europe en 2011, et en 2014, il a fait le saut en monoplace, dans le Championnat de Formule 4 italien.

« Quand j’ai déménagé en Europe et je me suis battu avec les meilleurs au monde, j’ai été surpris de voir à quel point le niveau de compétition en karting était haut. Je me rappelle les Championnats du monde en Europe, c’était la chose la plus importante pour moi. Beaucoup plus que la F1. »

Stroll reconnaît qu’à l’époque, il vivait dans le moment présent. La F1 était un rêve, bien sûr, mais qui ne l’aveuglait pas. Son seul objectif était de tout gagner, d’être le plus rapide, course après course. Il n’a commencé à penser sérieusement à la F1 qu’à l’âge de 16 ans, lorsqu’il a gagné le Championnat d’Europe de F3.

Les choses sérieuses

Le pilote de 19 ans savait fort bien, hier, que ce moment de détente était passager. Les obligations en piste reprendront vendredi lors des essais libres, où il se battra encore à armes inégales. Les obligations hors piste, elles, se poursuivront toute la semaine, aux quatre coins de la ville.

Pour vous donner un exemple, sa séance de karting prévue pour 14 h 30 était d’abord un événement pour récompenser certains employés du monstre de l’assurance Canada-Vie. Mais hop dans la voiture dès que tout le monde lui a serré la main et a pris son égoportrait. Le jeune pilote était attendu à 16 h au restaurant Béatrice, rue Sherbrooke, à l’invitation de la firme de protection de données informatiques Acronis.

« C’est une longue semaine, admet-il. Je suis juste content d’être à Montréal, d’avoir la possibilité de faire toutes ces choses. Participer à ce Grand Prix est toujours un rêve pour moi. Cette semaine, je peux vraiment absorber cette énergie. Quand j’entrerai dans la voiture vendredi, je serai vraiment prêt à tout faire. »

Malgré cet emploi du temps surchargé, Stroll se permet « d’apprécier les petites choses » lors de son passage dans sa ville natale. Comme conduire tranquillement vers le nord. Comme la poutine, dont il se promet une razzia dimanche après la course.

« Aujourd’hui, c’est une journée de travail, mais j’ai l’opportunité de venir faire du karting, à l’endroit où je suis venu quand j’étais enfant. C’est chez moi ici, ce sera toujours chez moi. Je vois des amis, de la famille, je peux refaire les choses de mon enfance. C’est très significatif. »

— Lance Stroll

Le Grand Prix du Canada a souri à Stroll l’an dernier. Avec sa 9e place, il a obtenu ses premiers points en F1. Deux semaines plus tard, il a signé son premier et unique podium à ce jour, en Azerbaïdjan. Dans cette saison de misère pour Williams, il espère certainement que le circuit de l’île Notre-Dame lui sera, encore une fois, salutaire.

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