Opinion  Urbanisme

Cinq résolutions en matière d’aménagement

Les enjeux urbains des petites et grandes municipalités québécoises doivent être à l’avant-plan de l’actualité en 2017

En ce début d’année 2017, l’heure est autant aux bilans qu’aux résolutions. En tant que jeunes professionnels dans le domaine de l’aménagement et de l’urbanisme, nous savons que les prochaines années se traduiront par de nombreux défis urbains. Nous savons aussi que la résolution des enjeux du XXIe siècle passera par les villes. Pourtant, pour ce faire, les villes et leurs habitants doivent réellement avoir les pouvoirs de leurs ambitions.

En ce sens, au Québec, la fin de l’année 2016 a été ponctuée par l’adoption de la Loi accordant le statut de capitale nationale à la Ville de Québec, ainsi que par le dépôt de deux projets de loi, le premier reconnaissant Montréal comme métropole québécoise, le second reconnaissant les villes comme des gouvernements de proximité. Ces documents annoncent-ils l’aube d’une révolution du monde municipal québécois ?

À notre avis, ces changements ne représentent que des actions symboliques et des révisions à la pièce de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU) plutôt que la révision en profondeur que le gouvernement nous fait miroiter depuis des années. Voici donc quelques suggestions de résolutions qui pourraient nous être collectivement bénéfiques : 

Le gouvernement doit s’assurer que les principes phares du Nouvel agenda urbain, adopté par le Canada lors de la conférence Habitat III de l’ONU en octobre dernier, servent de fondements aux politiques publiques québécoises. Ainsi, l’inclusivité, la résilience et la participation publique devraient notamment s’y retrouver en tant que principes incontournables.

Il est nécessaire de développer une réelle vision d’ensemble du territoire au Québec. Notre territoire n’est pas une simple ressource, mais bien une partie de notre identité et une richesse qu’il est nécessaire de protéger, et ce, même au nord du 49e parallèle. Par le fait même, il est impératif de s’engager concrètement envers la protection de notre paysage et de notre capital, surtout qu’une proportion importante de l’économie des régions québécoises repose sur le tourisme.

Il est grand temps de se doter d’une politique nationale de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme tel que revendiqué par l’Alliance Ariane. Le territoire comme capital est certes d’importance au regard du tourisme, mais il offre le fondement de toutes nos richesses et représente notre potentiel de développement dans l’avenir. Une telle politique doit ainsi évoluer aux côtés d’une politique nationale de mobilité durable, tel que demandé par l’Alliance Transit, et d’une politique nationale de l’architecture comme espérée par l’Ordre des architectes du Québec depuis 2014, afin que ce développement soit porteur de sens.

Il est vital d’assurer la pérennité des processus de concertation régionale, surtout à la suite de la disparition des Conférences régionales des élus (CRÉ) et des Centres locaux de développement (CLD). Il faut donc réaffirmer la position et les pouvoirs des Municipalités régionales de comté (MRC). Les MRC devraient être des lieux de convergences réunissant les expertises professionnelles et partageant des services afin d’assurer la durabilité et la fonctionnalité des régions. Elles sont essentielles à l’accompagnement et à la formation des élus qui doivent devenir des visionnaires territoriaux bien plus que des gestionnaires de budget.

Il importe de préserver et de bonifier les mécanismes assurant la participation publique aux enjeux d’urbanisme. Nous considérons que les propositions de modifications des processus référendaires municipaux, tels qu’énoncés dans les deux projets de loi spécifiés plus tôt, représentent un recul important de la démocratie directe. À notre avis, les processus référendaires sont des occasions d’améliorer les projets urbains, en offrant aux citoyens un levier de négociation qui en assure l’acceptabilité sociale. Nous réaffirmons l’importance de permettre et de bien encadrer la participation publique à toutes les étapes de l’élaboration d’un projet.

Nous souhaitons que les enjeux urbains des petites et grandes municipalités québécoises soient à l’avant-plan de l’actualité en 2017. Il serait dommage que les lois proposées en 2016 servent de prétexte à remettre à plus tard d’autres avancées en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire.

— Ont aussi signé le texte : Samuel Descôteaux Fréchette, Arpent ; Laurence Goulet-Beaudry, Université de Montréal ; Louis Mazerolle, L’Atelier Urbain ; Alexandra Nadeau, Institut national de la recherche scientifique ; Sylvain Perron, Fondation David Suzuki

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