La relève verte Loop

Du jus de fruits qui aime la planète

Chaque semaine, cet été, notre chroniqueuse Marie-Claude Lortie présente des entreprises de la relève dans le monde de l’agriculture et de la transformation alimentaire durable. Cette semaine, elle rencontre Frédéric Monette, Julie Poitras Saulnier et David Côté, les fondateurs du fabricant de jus Loop.

Qui sont-ils et d’où viennent-ils ?

Dans les entrepôts de Courchesne Larose, le géant de la distribution de fruits et légumes, il fait froid. Il faut surveiller la température de près pour éviter les pertes, qui sont néanmoins inévitables. 

Entre 1 % et 2 % des produits finissent en effet à la poubelle, ce qui coûte de l’argent à l’entreprise, explique Frédéric Monette, un des trois fondateurs du fabricant de jus Loop, mais aussi vice-président à l’administration et aux opérations de l’entreprise de distribution alimentaire installée à Anjou. 

On parle de 16 tonnes par jour – comme ce sont des denrées périssables, il est difficile de les donner en totalité aux banques alimentaires – et les sites d’enfouissement demandent 100 $ la tonne. Faites le calcul : 1600 $ de frais par jour pour jeter de la nourriture aux ordures.

Est-on étonné que, il y a environ deux ans, Monette se soit dit : « On peut faire mieux » ?

L’homme d’affaires de 42 ans se met donc alors à chercher une solution et se dit qu’il serait, peut-être, possible de transformer tout ça en jus, il suffirait de savoir comment les préparer et les mettre en marché. Il parle de son idée autour de lui et même à son entraîneur personnel, qui connaît un gars qui pourrait peut-être l’aider…

C’est ici qu’arrive en scène le fondateur no 2 de Loop, David Côté, 34 ans, celui qui a démarré la chaîne de casse-croûtes végétaliens Crudessence, qui vient de vendre cette entreprise et se cherche un nouveau projet avec sa nouvelle blonde. Elle, c’est Julie Poitras Saulnier, 29 ans, cofondatrice no 3, qui a fait des études universitaires en développement durable à l’Université de Montréal et qui veut travailler en alimentation.

Le trio se parle et décide de mettre en marche Loop, le fabricant de jus pressés à froid qui utilisera les surplus de Courchesne Larose et trouvera aussi des débouchés pour les pulpes des produits pressés.

Leurs produits

Jus de betterave, de clémentine et de fraise, jus d’ananas au poivron jaune et au curcuma… Les quelque 6000 bouteilles hebdomadaires vendues dans 400 points de vente de jus Loop, avec leurs couleurs vives et leurs emballages sympathiques, s’inscrivent parfaitement dans la tendance très populaire actuellement de jus ultrafrais sans ingrédients ajoutés. 

On propose un produit aux saveurs originales qui, une fois scellé, peut résister longtemps au frigo grâce à la pascalisation, une technique de conservation faisant appel à la pression. Comme les jus sont fabriqués avec de la matière première qui ne coûte rien, les prix de Loop (4,95 $ la bouteille) sont plus bas que ceux de leurs concurrents.

L’entreprise

Loop, qui compte quatre employés, est installé carrément au sein de Courchesne Larose à Anjou, histoire de limiter au minimum les frais de transport des produits de base. Ses dirigeants sont allés chercher du financement – privé et public, dont 400 000 $ de Recyc-Québec et l’argent de la vente de la maison de Julie – pour y construire une usine de pressage de jus qui devrait être en fonction dès l’automne (actuellement, ils font affaire avec des sous-traitants pour presser les fruits et légumes). 

À partir du moment où le fabricant de jus pourra travailler avec ses propres outils, explique Frédéric, ils pourront commencer à faire de l’argent.

L’ingrédient crucial

Les poubelles. « Il y a de l’or dans les déchets », dit David Côté. « Le potentiel de revalorisation est immense », ajoute Julie. Pour le moment, le trio calcule avoir utilisé 285 tonnes de fruits et légumes qui auraient autrement pris le bord du dépotoir. Ils estiment avoir empêché la production de 223 tonnes de gaz à effet de serre et sauvé du gaspillage quelque 198 millions de litres d’eau, puisque la production agricole en nécessite énormément.

L’avenir

« Nous, on ne veut pas être une compagnie de jus, on veut être une compagnie d’économie circulaire », explique Julie. L’avenir est donc rempli, selon elle, de nouveaux projets visant la réutilisation efficace et rentable de différents produits sous-potentialisés. 

Actuellement, les gens de Loop cherchent des avenues pour la meilleure utilisation possible des pulpes produites par le pressage. On parle de croquettes pour animaux à l’automne, mais il y a aussi des discussions avec Cascades pour voir la possibilité d’en faire du carton pour les emballages. 

On travaille aussi au développement d’extraits de fruits et légumes – hydrolats d’huiles essentielles – qui permettraient de parfumer différentes choses, comme des eaux pétillantes, peut-être. « Avec nous et nos produits, explique Julie, le consommateur devrait comprendre qu’il fait maintenant partie de la solution. »

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