Commerce en ligne

Shopify veut quadrupler sa taille à Montréal

La figure de proue de l’industrie technologique canadienne, Shopify, a de nouveaux bureaux à Montréal et le temps est venu de les remplir. L’entreprise cherche à quadrupler sa taille en ville en embauchant environ 150 nouveaux employés.

« On veut très rapidement prendre de l’expansion ici », confirmait la semaine dernière le PDG et fondateur Tobias Lütke, lors d’un passage dans les magnifiques nouveaux locaux de l’entreprise.

L’entreprise de 1100 employés, dont le siège social est à Ottawa, offre une solution logicielle qui permet à quiconque de très rapidement créer une boutique électronique. Ses outils traitent actuellement des transactions pour plus de 1 milliard de dollars chaque mois.

« Il y a peut-être seulement Amazon et possiblement Wal-Mart qui font plus », estime M. Lütke.

Justement, c’est à Montréal qu’a été conçu le système transactionnel de Shopify, ce qui a prouvé la valeur de la métropole aux yeux de la haute direction de l’entreprise.

« Nous avons toujours été proches de la communauté montréalaise. »

— Tobias Lütke, PDG de Shopify

« Nous essayions à l’époque d’embaucher certaines personnes à Ottawa, se rappelle M. Lütke. Certains venaient, mais la plupart préféraient rester à Montréal. Quand nous avons finalement ouvert un bureau ici [en 2013], les résultats ont été exceptionnels. »

JEUX, PORNOGRAPHIE ET PARIS

Le vice-président sénior à l’ingénierie Jean-Michel Lemieux, qui dirige ce bureau montréalais, précise que l’expertise montréalaise en design, développée notamment dans l’industrie des jeux vidéo et des systèmes de paiement, mise de l’avant dans celles de la pornographie et des paris en ligne, convient parfaitement aux besoins de Shopify.

« Il y a un très grand bassin de talent à Montréal, estime M. Lütke. Beaucoup d’entre eux travaillent pour de jeunes entreprises de jeux vidéo qui leur demandent à l’occasion de faire des crunchs de quelques semaines où ils ne voient pas leur famille, ou encore travaillent dans l’industrie pornographique et veulent en sortir. »

Shopify pourrait toutefois avoir à se disputer une partie de ce talent avec une autre entreprise de commerce électronique qui a le vent en poupe et embauche autant qu’elle le peut, la montréalaise Lightspeed.

Lightspeed et Shopify pourraient aussi, avant longtemps, se disputer des investisseurs et des clients.

« Malgré les apparences, il n’y a presque pas de croisements entre notre clientèle et la leur », juge M. Lütke, faisant en ce sens écho à des commentaires déjà émis par son vis-à-vis chez Lightspeed.

« Nous parlons beaucoup, beaucoup ensemble, nous échangeons des informations. Le commerce en ligne est un domaine très vaste. De notre côté, on se demande à l’occasion si nous ne sommes pas en train de viser le même objectif qu’eux et la réponse est que je ne crois pas [que ce soit le cas]. »

LA VIE PUBLIQUE

M. Lütke se dit par ailleurs très à l’aise dans son rôle relativement récent de PDG d’une entreprise publique. Shopify a fait l’une des entrées boursières les plus remarquées au Canada le 20 mai dernier.

« Au tout début, nous pensions être une entreprise lifestyle avec 20 employés, raconte M. Lütke. À partir du moment où nous avons décidé d’accueillir des investisseurs en capital de risque et de devenir une entreprise de croissance, la transition a été plus importante que celle, par la suite, vers une entreprise publique. À ce moment, nous avions déjà des comptes à rendre à nos investisseurs.

« L’entrée en Bourse a donné beaucoup de confiance à tout le monde au sein de notre entreprise. Quand on est au Canada dans ce secteur, on est un peu isolé et même si on a l’impression que tout va bien, c’est un peu difficile de se comparer. Plus maintenant. Je le recommande fortement aux entrepreneurs, à condition que ça se fasse au bon moment. »

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