Testé  
le gravel bike

Cette petite section de la piste cyclable le long de la Voie maritime n’est pas asphaltée. Il y a de légères ornières, quelques trous de boue, et le dernier grand vent a fait tomber quelques branches sur le chemin de gravier. Chouette ! C’est parfait pour tester un gravel bike, un type de vélo de plus en plus populaire en raison de sa polyvalence. Chemin de gravier, route de bitume, il est heureux partout.

Le vélo testé, un Hatchet Carbone 105 de Devinci, est aussi léger qu’un vélo de route, aussi rapide. La grande différence, c’est la largeur des pneus. Ce gravel bike peut chausser des pneus de 40 mm alors qu’un vélo de route va plutôt rouler sur des pneus de 23 à 28 mm.

Le confort est au rendez-vous : la monture gère avec douceur les ornières et les trous et ne fait pas résonner la colonne vertébrale de son cavalier en passant sur les branches échouées dans le chemin. L’impact est encore plus discret lorsqu’on dégonfle un tantinet les pneus.

Le marché ne s’entend pas encore sur une traduction française pour gravel bike. Vélo de gravier ? Il faudra voir ce que le marché retiendra au fil des années.

« Gravel bike, ce n’est pas une appellation contrôlée, observe David Tringle, acheteur sénior, vélo, chez La Cordée. Ça peut vouloir dire des choses différentes d’une compagnie à l’autre. De façon générale, c’est un vélo axé sur la polyvalence. Il n’y a pas de limites à ce qu’il peut faire à cause de la largeur des pneus. »

Selon les manufacturiers, les pneus peuvent être plus ou moins larges, plus ou moins lisses, mais ils permettent d’aller se promener sur des chemins moins que parfaits.

Le concept de gravel bike est originaire des États-Unis, où l’on faisait des courses de 160 ou 320 kilomètres sur des routes pas toujours asphaltées. Le vélo de cyclo-cross était conçu pour des courses plus courtes, aux virages serrés. Le gravel bike, fondé sur l’architecture du vélo de route, a pris naissance.

Au Québec, il a commencé à faire ses preuves, notamment pour ceux qui ne veulent pas se limiter aux routes de bitume.

« Si j’ai le choix entre une route de terre et le boulevard Pierre-Laporte [à Granby], je prends le chemin de terre, même s’il peut être 20 kilomètres plus long, lance Marc Dufour, fondateur du Groupe Centrifuge. Je le fais pour sauvegarder ma vie. »

Bien des cyclistes sur route ont eu de mauvaises surprises lorsqu’ils ont constaté que la petite route asphaltée qu’ils connaissaient depuis longtemps et qu’ils entendaient suivre pendant 10 kilomètres s’était depuis muée en chemin de gravier pendant une phase de reconstruction.

« On ne veut pas être obligés de virer de bord, indique David Tringle. Ou encore, on veut être en mesure d’improviser : on voit un beau petit chemin à gauche, il y a une ferme, c’est bucolique, mais c’est un chemin de gravier. »

Le gravel bike permet de continuer, de prendre le chemin de campagne. Il permet aussi d’affronter les célèbres nids-de-poule de Montréal.

« Même les routes asphaltées ne sont pas toujours nickel », observe M. Tringle.

Si la principale caractéristique du gravel bike est la largeur de ses pneus, on trouve d’autres caractéristiques communes chez la plupart des manufacturiers, comme des freins à disque, très efficaces même sous la pluie et dans la boue. Souvent, les poignées du guidon, recourbées, sont légèrement plus larges que la barre du haut, pour permettre un bon contrôle dans les descentes. Quelques différences très mineures dans la géométrie du cadre, et le tour est joué.

« D’après moi, le gravel bike, c’est la prochaine grande révélation », affirme Marc Dufour.

Après une balade tout confort sur la piste de la Voie maritime, il faut retourner en ville et affronter le bitume. Malgré la largeur du pneu, le vélo n’est pas vraiment plus lent qu’un vélo de route : la friction, peut-être supérieure, est compensée par la meilleure adhérence.

Si la montée vers le pont Jacques-Cartier semble un brin pénible, c’est probablement attribuable au fait qu’il s’agit de la première sortie de saison. Il faut remettre en forme ces muscles qui n’ont pas travaillé de l’hiver.

Le gravel bike se vend à partir de 1400 $. Celui utilisé dans le cadre de ce reportage vaut 3499 $, en vente à La Cordée.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.