Train de vie

Comment trouver l’argent pour les études des enfants

Vous planifiez un projet qui demande une utilisation judicieuse de votre argent ? Une nouvelle maison, l’arrivée d’un enfant, une année sabbatique, un changement d’emploi, le règlement de vos dettes ou la retraite ? Écrivez-nous !

Parents de quatre enfants, André et Marie regrettent de ne pas avoir investi dans des régimes enregistrés d’épargne-études. Ils doivent maintenant dénicher l’argent pour envoyer les deux plus vieilles à l’université en septembre prochain. Comment s’y prendre ?

Le problème

« Nous prévoyons partager 40 000 $ entre elles pour leur baccalauréat, indique André. C’est évident qu’elles n’auront pas droit aux prêts et bourses. »

Pour cet enseignant, contribuer aux études de ses enfants âgés de 19, 18, 17 et 11 ans est primordial. « Nous sommes prêts à réduire notre confort afin qu’ils ne se briment pas dans leur choix d’études », assure André. Sa conjointe et lui envisagent plusieurs solutions.

Propriétaire de deux triplex, d’un quadruplex et d’une maison unifamiliale, le couple pourrait vendre sa résidence pour s’installer dans un de ses immeubles. S’il le fait, il devra cependant convertir deux logements pour n’en faire qu’un. Les travaux s’élèveraient à 80 000 $ et le couple perdrait 1500 $ par mois de loyer.

Pour éviter les travaux, il pourrait aussi choisir de vendre la maison afin d’acheter un autre triplex pour y vivre. « J’ai aussi pensé à réhypothéquer un des immeubles pour payer les études, mais je ne suis pas sûr de pouvoir déduire les intérêts, note André. Sinon, je pourrais aussi vendre ma part des immeubles à mon épouse pour payer moins d’impôt puisqu’elle gagne moins. À moins que je regroupe les immeubles dans une compagnie ? »

À travers toutes ces idées, le couple se sent un peu perdu.

« Je ne suis pas inquiet pour mon train de vie, mais je veux trouver la solution la plus avantageuse. »

— André

La solution

Certaines des solutions envisagées par André sont désavantageuses, dont la vente de sa part des immeubles à sa conjointe. Malgré leur écart de salaire, ils sont dans la même tranche d’imposition. En plus, il faudrait payer de l’impôt sur le gain en capital lors de la transaction.

Créer une entreprise n’est pas non plus une bonne idée. « Ce serait considéré comme des revenus de biens dans la société et ce serait imposé à 50,47 % », souligne Normand Verville, vice-président adjoint, planification fiscale et successorale, au Groupe Investors.

Quant à l’achat d’un autre triplex, il est difficile d’évaluer cette solution sans plus de détails sur l’immeuble à acheter.

Vendre la maison

Vendre la résidence familiale pour déménager dans un triplex réaménagé semble une solution intéressante. « Si on rembourse la marge de crédit, il resterait plus ou moins 250 000 $ net puisqu’il n’y a pas d’impôt à payer à la vente de la résidence principale, calcule Nicholas Shields, directeur régional au Groupe Investors. Le couple peut facilement utiliser 80 000 $, pour les travaux, payer les études des enfants et investir dans le REEE pour le plus jeune. »

Le couple devra cependant conserver une somme pour payer de l’impôt sur le gain en capital pour le triplex qui sera réaménagé. « En allant habiter le triplex, il y a une disposition réputée aux fins de l’impôt sur les deux logements qu’ils vont utiliser », explique M. Verville. En tenant compte du coût d’achat, c’est potentiellement 37 000 $ que le couple devrait ajouter à ses revenus imposables cette année-là.

Pour éviter de payer cet impôt supplémentaire, le couple pourrait toujours investir une partie de l’argent de la vente de la maison dans ses REER. « Par contre, ce serait préférable d’investir le reste de l’argent dans le CELI, indique M. Verville. Cela permettra de conserver les droits de cotisation au REER pour le moment où les immeubles seront vendus. L’économie d’impôt sera alors plus importante. »

Les spécialistes notent également que le couple doit tenir compte de certaines embûches possibles comme les délais pour évincer les locataires, pour réaliser les travaux et pour vendre la maison.

« Comme les enfants vieillissent, il faut aussi se demander si le logement rénové ne sera pas bientôt trop grand. »

— Nicholas Shields, directeur régional au Groupe Investors

Mise à part de l’argent

Réhypothéquer un immeuble pour payer les études ne permettra pas au couple de déduire les intérêts de ses impôts. Par contre, la stratégie de la mise à part de l’argent pourrait être utilisée. Le couple pourrait même conserver la maison s’il le souhaite.

« Ils peuvent d’abord déposer les 80 000 $ de loyer dans un compte personnel à leur nom, explique M. Verville. Ensuite, ils pourraient prendre une nouvelle marge de crédit hypothécaire et l’utiliser pour payer les dépenses des immeubles qui totalisent 60 000 $. Les intérêts sur ce montant deviennent donc déductibles.

« Quant aux 80 000 $ dans leur compte personnel, ils peuvent les utiliser pour rembourser leur marge de crédit personnelle, conserver 20 000 $ de revenus comme ils avaient l’habitude de le faire et garder 10 000 $ pour les études des filles. »

L’année suivante, la stratégie pourrait être réutilisée également pour dégager davantage de liquidités pour les études des enfants.

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