Comment aider les enfants à bien manger

La Presse a joint par téléphone l’Américaine Dina Rose, sociologue et auteure de Mettez fin à la querelle des brocolis, paru aux Éditions de l’Homme, pour savoir comment aider les enfants à bien manger l’été.

Les enfants prennent du poids l’été, c’est étonnant. Comment cela s’explique-t-il ?

L’été, les enfants ont plus souvent l’occasion de grignoter. Quand ils sont à l’école, ils ont des collations, mais leur fréquence est réglementée. Pas durant les vacances d’été. Or, les études démontrent que les aliments les plus caloriques et les moins nutritifs sont mangés en collation. L’autre problème, c’est que bien des enfants ne passent pas l’été comme on l’imagine, à jouer dehors. Ils sont sédentaires, assis à l’ordinateur ou en train de regarder des films.

De nombreux enfants partiront bientôt en camp de vacances où ils mangeront des aliments gras et sucrés, peu de fruits et de légumes, etc. Faut-il s’en inquiéter ?

Je pense que les parents ne doivent pas s’en faire si on parle d’un bref séjour au camp. Ça n’importe pas vraiment qu’au camp, les enfants mangent des céréales sucrées le matin et des biscuits avant d’aller se coucher. Ce qui est important, c’est ce que nous voulons que les enfants apprennent à long terme. Quels comportements voulons-nous qu’ils adoptent quand des aliments camelote [junk food] leur sont offerts ? Selon moi, trois mots permettent de traduire la nutrition en comportements : proportions, modération et variété.

Pouvez-vous expliquer ?

L’idée des proportions, c’est de se demander comment adapter son régime alimentaire à son style de vie, pour que le tout soit sain. Si on sait que pendant une période de temps, disons pendant l’été, on mangera mal, on peut manger mieux avant et après. Ce sera plus juste que de demander aux enfants de se priver d’aliments camelote au camp ou en vacances.

La modération, ça consiste à manger si vous avez faim et à arrêter quand vous êtes plein. Et ne pas manger par ennui, tristesse ou solitude. J’encourage les parents à expliquer à leurs enfants qu’on leur offrira beaucoup de malbouffe au camp et ailleurs, pendant tout l’été. Donc, s’ils n’ont pas vraiment faim, même si on leur en propose, ils n’ont pas à accepter. Le message, ce n’est pas que manger, c’est mauvais. Ni que manger de la camelote fait de nous de mauvaises personnes. C’est plutôt de manger en pleine conscience, quand on en a vraiment le désir.

La variété, c’est de dire aux enfants qu’ils doivent s’assurer de manger suffisamment de vrais aliments pour passer à travers leurs journées. Tous les enfants doivent faire une évaluation de ce qu’ils choisissent de manger. Ne pas choisir que des calories vides. C’est un message différent que de dire : mange des fruits et des légumes. Même les enfants qui aiment les fruits et les légumes en consomment moins au camp, parce que c’est rare qu’ils y soient délicieux.

Il est très important de se rappeler que les enfants sont en train de se créer des souvenirs au camp. Je garde un bon souvenir du jus à base de poudre qu’on nous servait ! Vous ne voulez pas que votre enfant revienne avec des souvenirs de conflits internes. Ni qu’il vous mente à propos de ce qu’il a mangé.

Que faire si le camp oblige les enfants à finir leur assiette pour ne pas gaspiller ou risquer d’attirer des animaux avec les déchets de table ?

Il faut s’entraîner à évaluer la quantité de nourriture dont on a réellement besoin, une habileté qu’on enseigne peu aux enfants. Il est toujours mieux de commencer avec un peu moins que ce que nos yeux veulent. Si on a encore faim, il est presque toujours possible de se resservir. Je conseille aussi d’apprendre aux enfants à se laisser un peu de place pour le dessert. Il ne faut pas leur montrer à trop manger.

Note : les réponses de Dina Rose ont été traduites de l’anglais et éditées.

Mettez fin à la querelle des brocolis – Trois habitudes à inculquer à vos enfants pour qu’ils mangent bien toute leur vie

Dina Rose

Éditions de l’Homme