Opinion : Érosion des berges

Dans les changements climatiques jusqu'au cou

« Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge », disait Winston Churchill.

Pour le célèbre chef d’État britannique, mieux valait être proactif et anticiper les choses avant qu’elles ne nous sautent en plein visage. Cette philosophie s’applique très bien aux changements climatiques auxquels le Québec, et particulièrement les communautés côtières, est confronté. Les changements climatiques et la montée du niveau de la mer, combinés à l’érosion des berges, font en sorte que le visage du Québec maritime change à la vitesse grand V. Si rien n’est fait à court terme, ces changements seront irréversibles.

Ce sont des milliers, voire des millions de personnes qui verront leur environnement direct se transformer. Certains devront même se résigner à quitter leur milieu de vie si paisible et beau.

Imaginez un instant le petit archipel des Îles-de-la-Madeleine, en plein cœur du golfe du Saint-Laurent, laissé à lui-même contre tous ces phénomènes naturels.

Sera-t-il encore possible d’y vivre ou d’y venir en vacances dans 50 ans ? Si le Québec a une réputation mondiale pour la qualité de son environnement, ses vastes territoires et ses paysages exceptionnels, il faudra une réelle prise de conscience collective et intervenir de façon ordonnée et durable afin de préserver ces espaces.

Groupe de travail permanent

Qu’il soit question de la Côte-Nord, de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent ou des Îles-de-la-Madeleine, le gouvernement du Québec doit mettre en place un groupe de travail permanent, doté de ressources techniques et financières, afin d’accompagner nos municipalités aux prises avec ces imposants défis. L’enveloppe actuelle de 45 millions pour tout le Québec est nettement insuffisante. Il faut plus de sérieux et plus de vision si nous souhaitons laisser aux générations futures un Québec aussi riche et vaste que celui que nous connaissons aujourd’hui. 

Le gouvernement doit prendre au sérieux la situation et prendre les changements climatiques « par la main avant qu’ils ne nous prennent par la gorge ». Plus nous allons attendre, plus la facture sera salée et plus ces changements seront irréversibles. Si les dernières années ont permis de mieux documenter tous ces changements climatiques, il est maintenant temps d’agir, et ce, de façon concertée entre les chercheurs, les communautés, les partenaires et les deux gouvernements.

La tempête qui a fait rage aux Îles-de-la-Madeleine le 29 novembre dernier a démontré toute la force de la nature et des impacts qu’elle a – et aura – sur des territoires côtiers comme le nôtre.

En une seule nuit, des portions entières de dunes, de haltes routières et d’infrastructures de toutes sortes ont disparu à la mer.

Durant cette nuit, le recul du trait de côte prévu dans les différents modèles prévisionnels disponibles à ce jour a été celui équivalent à plusieurs tempêtes successives, étalées sur plusieurs années. Entre 2004 et 2016, nous avons enregistré un taux moyen de recul de 50 cm par an. Entre 2016 et 2017, nous avons enregistré un taux moyen de 60 cm. Ce sont des millions de dollars en infrastructures qui seront ainsi perdus.

En résumé, il est grand temps d’agir et ainsi d’entendre les messages de Dame Nature avant qu’elle ne nous saisisse par la gorge !

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.