Entraînement hivernal

Les sportifs à l’assaut des sentiers cyclopédestres

Les efforts déployés dans plusieurs municipalités afin de rendre les sentiers cyclopédestres praticables à l’année pour les travailleurs en route vers le bureau ont un effet secondaire imprévu : les coureurs et cyclistes sont de plus en plus nombreux à les utiliser pour s’exercer dehors l’hiver.

Enfiler camisole et collant, puis courir quelques kilomètres de sentiers givrés sous le point de congélation n’est plus une pratique marginale. On peut parler de tendance forte quand les fabricants de vêtements de sport conçoivent des ensembles exprès ! « C’est une des nouveautés chez nous, cette année : les sous-vêtements thermiques conçus exprès pour courir dehors l’hiver », explique Erika Uno Calderon, acheteuse pour la chaîne d’articles de sport Sportium.

Ces vêtements ont la particularité d’être légers et isolants, mais pas trop chauds : comme vous le diront les habitués, il est préférable d’avoir un petit frisson durant les premières foulées plutôt que d’avoir trop chaud pendant tout le reste du trajet. Bien couvrir les mains et la tête est essentiel… sans parler des pieds, qu’on doit chausser convenablement.

Entre le boulot et la raquette

Une fois bien équipé, on voit que c’est au chapitre du trajet que ça se corse. La course hivernale, à pied ou même à vélo, est pour ainsi dire coincée entre l’arbre et l’écorce. D’une part, les pistes cyclables et autres sentiers pédestres entretenus durant la saison froide sont pensés en fonction des trajets entre la maison et le boulot. D’autre part, les parcs et les centres de plein air n’en ont que pour des sports d’hiver plus classiques.

« Le mont Royal n’échappe pas à cette mode », constate Eveline Trudel-Fugère, porte-parole pour l’organisme Les amis de la montagne. 

« Nous voyons beaucoup plus de coureurs d’hiver sur la montagne qu’avant, mais le chemin Olmsted est le seul disponible pour la course [pendant cette saison]. Les autres sentiers sont réservés au ski de fond ou à la raquette. »

— Eveline Trudel-Fugère, porte-parole, Les amis de la montagne

Dans les parcs municipaux, le problème est différent, mais le résultat est le même : les sentiers sont dégagés sommairement, mais pour des raisons environnementales évidentes, on n’étend pas d’abrasifs. Il suffit d’un peu de soleil pour que ça fonde et que ça se transforme est une glace raboteuse peu rassurante…

Meilleures conditions, meilleurs coureurs

Du 8 au 10 février prochain, Montréal accueillera le Congrès vélo d’hiver, un événement annuel dont la première édition a eu lieu à Oulu, en Finlande, en 2013. L’événement aborde le sujet sous tous ses angles, de façon très sérieuse : on parle d’infrastructure, de planification urbaine, de transport actif, etc.

On fait aussi une petite place au plaisir simple de s’amuser dans la neige : l’an dernier, à Minneapolis, les participants étaient invités à quadriller les parcs de la ville à dos de fatbikes, ces vélos aux pneus surdimensionnés conçus sur mesure pour la neige folle. À Montréal, le lendemain du congrès, Vélo Québec, qui chapeaute l’événement, proposera Lune d’hiver à vélo, une randonnée hivernale de nuit sur deux roues.

« Le vélo, l’hiver, c’est plaisant, mais c’est difficile à quantifier. Environ 12 à 15 % des 180 000 cyclistes qu’on dénombre au Québec sortent l’hiver. Cette part pourrait facilement grimper au-dessus de 20 % si les conditions routières étaient meilleures », explique Magali Bebronne, chargée de projet, transport actif, à Vélo Québec.

Meilleures, et à l’extérieur des grands centres, aussi. Pour le moment, en effet, le transport actif est surtout l’affaire de milieux urbains et de centres-villes. Car l’idée, en courant ou en pédalant dehors, est d’éviter d’avoir à se rendre jusqu’au centre d’entraînement pour garder la forme.

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