Réflexion

Le courage, une qualité du cœur

« Le courage, c’est l’exception, c’est automatiquement la solitude. Quel vide autour du courage ! » — Jean Giono 

Tant dans la direction des entreprises que lors de conseils d’administration, on parle peu de courage, si ce n’est que pour citer ce vague courage managérial qui, au fond, ne signifie, au mieux, que l’on fera les choix qui doivent être faits afin d’accomplir son boulot comme attendu. 

Si un mot est la construction d’un son et d’un sens, il semblerait que le courage ne soit devenu qu’un son sans le sens, c’est-à-dire que l’on reconnaît le mot lorsqu’on l’entends, lorsque que certains l’évoquent, mais que, au fond, personne ne sait réellement ce en quoi il consiste. 

On aura beau créer des formations universitaires en gouvernance, en administration des affaires ou en management, le courage n’est pas une valeur qui se codifie ou qui s’enseigne. 

Le courage ne consiste pas en faire son travail tel qu’on l’attend de vous, ce qui n’est que compétence. Non, le courage est une qualité du cœur qui porte à réfléchir et à agir contre la facilité, avec sagesse, dans des circonstances difficiles. Le courage n’existe pas en théorie, il ne peut se démontrer que dans l’action. 

Tout comme l’éthique, le courage exige un peu moins de soi et un peu plus des autres. La personne courageuse mettra de côté son intérêt personnel à court terme en vue de réaliser la raison d’être de l’entreprise. 

Dans la conduite des affaires, combien de personnes, devant l’adversité, préféreront détourner le regard, se voiler les yeux ou dire cela ne les regarde pas ? Combien préféreront la facilité ? Combien diront que c’est imposé, et qu’ils n’ont pas le choix ? 

Toujours le choix

Il importe de savoir que le courage ne signifie pas l’absence de peur. La personne courageuse peut avoir peur dans des circonstances difficiles. Toutefois, la personne courageuse mesurera le danger, évaluera les actions qui peuvent être entreprises, surmontera sa peur et fera ce qui peut être fait dans les circonstances. Le courage se distingue de la témérité qui n’est, après tout, que de foncer sans réfléchir. La témérité n’est qu’un excès de courage-sans-réflexion. 

Les dirigeants et les administrateurs ont toujours le choix. Ils sont d’ailleurs nommés afin d’exercer ce choix. La question n’est donc pas de savoir s’ils ont le choix ou non, mais plutôt s’ils auront le courage d’exercer ce choix. Pour le dire autrement : auront-ils assez de cœur afin de faire ce qui doit être fait ? 

Malheureusement, l’observation de la vie des organisations nous offre de [trop] nombreux exemples où plusieurs ont préféré le confort au courage.

Confort, c’est un joli mot, mais en réalité, ce confort n’est que lâcheté qui n’ose dire son nom. Certes, « lâcheté » est moins joli, mais c’est plus exact. 

Lorsque l’on y pense un instant, sans courage, on devient sans-cœur. 

Dans une société qui change rapidement, on a plus besoin de modèles et de héros que de mercenaires à la fidélité douteuse. C’est pourquoi, dans la conduite des affaires, il convient de réhabiliter le courage, de comprendre sa distinction d’avec la témérité et d’agir de manière juste. Avec courage. Avec cœur. 

Si le courage mène à l’héroïsme, le manque de courage mène au cynisme.

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