MOUVEMENTS DE JEUNES

Les scouts, toujours actuels

Lorsque le Britannique Robert Baden-Powell a créé le mouvement scout au début du siècle dernier, se doutait-il que, 100 ans plus tard, des dizaines de millions de jeunes allaient toujours y participer ? Le système de valeurs qu’il a mis en place visait à souligner la progression personnelle des jeunes en les amenant à devenir des citoyens responsables, solidaires et engagés. En 2016, c’est tout à fait d’actualité.

Alors que de nombreuses activités de groupe pour jeunes se concentrent sur un élément ou sur une compétence, le mouvement scout est plus global : « On utilise l’acronyme P.I.C.A.S.So pour physique, intellectuel, caractère, affectif, spiritualité et social. C’est un mouvement complet qui aide les jeunes à avoir confiance en eux et à devenir de bons citoyens », explique Philippe Jacques, directeur des communications à l’Association des scouts du Canada.

Dès les castors, le plus jeune des groupes scouts, on responsabilise les enfants en leur demandant de prendre part au processus de décision et d’organisation des activités. « Ce sont les scouts qui décident de ce qu’ils font. Ça peut aller de la planification d’une activité à la piscine chez les plus jeunes à un projet de coopération internationale au Népal pour les plus vieux », illustre M. Jacques.

David Cummings, qui a rejoint le mouvement scout à 9 ans et qui est aujourd’hui impliqué comme animateur chez les louveteaux, observe un changement entre le moment où un enfant entre chez les scouts et celui où il passe à un autre groupe.

« Ils ont de 9 à 11 ans et la différence entre le jour un et la dernière journée est frappante. Ils sont plus matures, ils organisent eux-mêmes des activités, ils encadrent les plus jeunes, ils sont débrouillards et autonomes. »

— David Cummings

UN MOUVEMENT ACTUEL

Étant donné que l’offre d’activités pour les enfants est beaucoup plus grande qu’avant, le mouvement n’a pu faire autrement que de réfléchir à son positionnement pour demeurer intéressant auprès d’une clientèle grandement sollicitée pour des divertissements en groupe ou en solitaire. « Nous avons choisi de miser sur les forces de l’époque : débrouillardise, leadership et plein air, tout en donnant une meilleure structure à nos programmes de formation », assure M. Jacques. La religion a aussi été mise de côté et remplacée par une notion de spiritualité plus ouverte.

Si le recrutement chez les jeunes va bien, celui chez les animateurs est parfois plus difficile. « Les parents s’impliquent beaucoup et apportent une énorme contribution. Mais dans certains districts, nous manquons d’animateurs et ça nous empêche d’accueillir plus de jeunes », précise le directeur des communications. Ce que le mouvement recherche : des gens dotés de bonnes habiletés sociales, qui sont de bons pédagogues et, bien entendu, qui ont envie de travailler avec les jeunes.

500 JEUNES CAMPEURS EN VILLE

« Guy Lafleur, Dany Turcotte, Jean-René Dufort, Frédéric Dion, David Saint-Jacques, David Bowie, Barack Obama et JFK, ils étaient scouts. Paul McCartney et John Lennon se seraient rencontrés chez les louveteaux. Onze des douze astronautes qui sont allés sur la Lune étaient scouts », énumère Fabien Jolicoeur, du district Montréal-Métropolitain, lors d’une activité Camporee où 500 louveteaux s’étaient donné rendez-vous pour un week-end de camping urbain sur les terrains de la mairie de LaSalle. Selon lui, il n’y a pas de doute, un mouvement comme celui des scouts permet aux enfants d’acquérir une bonne dose de confiance en soi et des compétences qui leur serviront toute une vie.

Sur place, pour le grand rassemblement, de jeunes garçons et filles allumés et souriants s’activent autour des nombreuses bornes d’activité. Pas encore adolescents, mais déjà très matures, ils expliquent pourquoi ils sont ici. Dans le cas d’Antoine, 12 ans, c’est la survie en forêt et la construction d’abris qu’il aime le plus. Zachary, dans les scouts depuis un peu plus de deux ans, se souvient de son dernier camp d’une semaine en forêt, sur le thème des 12 travaux d’Astérix. Et Justin, nouvellement membre du mouvement, aime qu’ici tout le monde joue ensemble, qu’il n’y ait pas de chicane.

Leur demander d’expliquer les badges sur leur uniforme est un grand cadeau qu’on leur fait. C’est avec fierté qu’ils montrent chacune d’elles en expliquant la signification, puis pourquoi et comment ils l’ont obtenue. Respect, débrouillardise, solidarité ou maturité cousus sur une manche, comme une médaille durement gagnée que l’on porte au cou.

Pour eux, la devise qu’est « Faire de son mieux » est un engagement qu’ils se promettent de respecter, au quotidien, avec leurs pairs, les adultes et la communauté. Et à peine âgés de 12 ans, ils en font la promesse.

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