La docteure répond

Tylenol ou Advil ?

Vous savez que vous passez trop de temps à écrire sur votre ordinateur. Ce matin, c’est votre poignet qui vous le dit à sa façon. Ça doit être une autre de ces tendinites. Vous ouvrez votre armoire à la recherche d’une granule qui vous permettrait de retourner à votre clavier. Ibuprofène, acétaminophène… Quelle est la différence ?

D’abord, beaucoup de gens croient à tort que le « Tylenol » et l’« Advil », c’est la même chose (passez directement au troisième paragraphe si vous n’êtes pas de ceux-là). En fait, les deux principales classes d’antidouleurs en vente libre à la pharmacie sont l’acétaminophène et les anti-inflammatoires. D’abord, l’acétaminophène (de son nom commercial Tylenol ou Tempra) est un antipyrétique (antifièvre) et un antidouleur. Il agit probablement directement sur les zones concernées au niveau du cerveau, mais son mécanisme d’action n’est pas tout à fait compris. Depuis sa découverte en 1878, on aurait dû avoir le temps de trouver, vous dites-vous, mais qu’à cela ne tienne : c’est une excellente molécule qui a très peu d’effets secondaires… à condition de respecter la dose maximale recommandée.

En effet, en abuser peut engendrer des problèmes hépatiques très sérieux. On dit traditionnellement que cette dose maximale est de 4 g par jour chez l’adulte. Attention : l’acétaminophène peut se cacher dans certains produits combinés (par exemple, des médicaments contre le rhume) et venir compliquer votre calcul. Vous devriez donc discuter avec votre pharmacien avant de vous façonner un cocktail de pilules en vente libre, surtout si vous n’avez pas la bosse des maths. Par ailleurs, il est important de revoir cette dose maximale à la baisse chez les gens qui sont plus à risque de problèmes de foie, entre autres les personnes âgées et les gens qui consomment de l’alcool. Si vous avez déjà une maladie touchant le foie, comme une cirrhose, l’acétaminophène est probablement contre-indiqué. Outre cette considération, c’est un analgésique qui est très bien toléré. Détruisons des mythes : il ne cause presque pas d’effets secondaires sur le plan de la digestion, il ne rend pas endormi ou confus. 

Si vous considérez la possibilité de prendre des analgésiques plus puissants à long terme, il pourrait vous permettre d’en limiter les doses et de réduire ainsi les effets secondaires.

La catégorie des anti-inflammatoires, quant à elle, regroupe divers médicaments : l’ibuprofène (Motrin ou Advil, dépendamment des vendeurs), le naproxène (par exemple, Anaprox ou Aleve) et le diclofénac (Voltaren), pour n’en nommer que quelques-uns. Toutes ces molécules ont le même mécanisme d’action qui est, lui, très bien compris, mais pas moins ennuyant. Brièvement, elles ciblent différents facteurs inflammatoires de votre organisme, ce qui entraîne une diminution de la douleur et de la fièvre, mais aussi une réduction de l’enflure, de la rougeur et des autres signes d’inflammation que vous remarquez lorsque, par exemple, vous vous donnez un coup de marteau sur le pouce.

Les anti-inflammatoires ont plusieurs effets secondaires. Ils augmentent les risques de saignement, ils sont durs sur les reins et l’estomac. La prise d’anti-inflammatoires à long terme peut entraîner des problèmes digestifs qui vont jusqu’à l’ulcère (un problème de poignet résolu, dix autres problèmes retrouvés !). Ce sont tout de même d’excellents alliés dans la douleur aiguë, et la majorité des patients les tolèrent bien à court terme. Il est cependant sage de parler à votre professionnel de la santé avant d’envisager cette médication si vous avez déjà présenté des problèmes cardiaques, de l’hypertension, de l’insuffisance rénale, des problèmes digestifs ou êtes à un âge qui commence à s’avancer. Ils ne font pas bon ménage avec l’aspirine (un cousin qui augmente aussi les risques de saignement), l’alcool, les anticoagulants et plusieurs autres médicaments. Si vous ne vous identifiez à aucune de ces contre-indications, rien ne vous empêche de prendre l’acétaminophène et un anti-inflammatoire en même temps, les deux médicaments étant bel et bien différents.

La douleur persiste ? Votre pharmacien pourrait vous proposer d’autres produits spécifiques à votre condition. Votre médecin de famille a aussi plusieurs autres pilules dans son sac, sur ordonnance celles-là. Il saura vous guider afin de cibler les effets secondaires potentiels de chacune d’elles.

Enfin, les méthodes non pharmacologiques forment un chapitre volumineux bien distinct et peuvent suffire à contrôler une douleur qui persiste. Le vrai acte héroïque reste souvent de modifier ses habitudes de vie afin de diminuer la douleur ou de ne plus se mettre à risque de blessure (retournez au début si vous n’avez aucune piste de solution !).

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