En bref

Des vidéos sur l’alimentation des tout-petits

Finis ton assiette, si tu veux du dessert. Quel parent – ou éducateur – n’a jamais dit ça ? Ce n’est pourtant pas une bonne idée. « En parlant ainsi, on présente le dessert comme une récompense pour avoir franchi un obstacle, qui était de manger le plat principal, explique la nutritionniste Stéphanie Côté dans une nouvelle capsule vidéo réalisée par Extenso, le centre de référence en nutrition de l’Université de Montréal. Autrement dit, on présente le dessert comme étant le fun, et le plat principal comme étant plate. » En prime, on risque de pousser l’enfant à manger même quand il n’aura plus faim. Trois capsules vidéo donnant divers conseils liés à l’alimentation des jeunes enfants sont offertes gratuitement sur le site Nos petits mangeurs, grâce au soutien de Québec en forme. D’autres suivront.

— Marie Allard, La Presse

La pédiatre répond

L’épique lutte des repas…

Vous avez tout lu sur l’importance d’une alimentation saine et variée pour votre adorable Sophie de 15 mois. Bien sûr, vous mettez tout en œuvre pour lui offrir, le plus souvent possible, des repas irréprochables, équilibrés, et hauts en couleur.

Mais voilà. Alors que, chaque soir, vous recevez – avec un peu d’amertume – un « Sophie a très bien mangé aujourd’hui ! » de la part de son éducatrice à la garderie, vous vous butez à une fin de non-recevoir devant son harmonieuse assiette du souper. L’heure du repas vous fait littéralement manger vos bas… Pourquoi ne mange-t-elle pas ? Quelle est la bonne attitude à adopter ?

D’abord, faites-lui confiance. Rappelez-vous des premières semaines en compagnie de bébé Sophie : clairement, elle reconnaissait le moment où elle avait faim et, surtout, avait vite compris comment vous le communiquer. Bien que cela vous semble parfois déconcertant, Sophie, du haut de ses 15 mois, n’a pas perdu sa capacité de reconnaître les signaux que lui envoie son estomac. En l’obligeant à manger lorsqu’elle n’en a pas envie, vous risquez de dérégler les contrôles internes de son appétit si finement calibrés. Grand-maman a raison, elle ne se laissera pas mourir de faim.

Gardez en tête que, ce que vous voulez à tout prix inculquer à Sophie, ce n’est pas de manger plus, mais de manger bien. L’acquisition de bonnes habitudes alimentaires commence dès le jeune âge, et la dictature de la bouchée supplémentaire n’en fait pas partie.

Oui, vous faites fort probablement partie de la génération du « finis ton assiette sinon… » ou celle du « il y a des enfants dans ce monde qui ne mangent pas à leur faim… ». Ou des deux. Attrayante, cette technique de chantage, je sais. Mais tentez d’éviter ces pièges : non seulement prédomine le message que la quantité l’emporte à nouveau sur la qualité des aliments consommés, mais avec, en bonus, une touche de culpabilité. Parenthèse : à la menace de la famine dans le monde, j’ai, à 2 ans, tendu mon assiette pleine à ma mère, en l’invitant poliment à en faire don. Stratégie parentale donc inefficace.

Parfois, il s’agit, pendant quelques jours, de prendre scrupuleusement note de tout ce qui atteint le palais de votre puce, pour vous rendre compte qu’une grande partie de ses apports caloriques journaliers provient des collations et des boissons prises ENTRE les repas. Petit bout de chic de 15 mois n’a pas besoin de manger énormément pour rester la bombe d’énergie que vous connaissez. Si, une demi-heure avant le souper, elle s’enfile un verre de jus et trois craquelins, vous venez probablement de démasquer le saboteur d’appétit. Et ce sera tant pis pour le poulet et les légumes. Ne laissez pas Sophie « boire » ses repas : jus, lait et compagnie sont des coupe-faim redoutables.

LE RHUME GÂCHE LE GOÛT

À cet âge, un simple rhume peut être dévastateur pour le brocoli qui n’avait déjà pas la cote. Ne vous faites pas de mauvais sang, le nez bouché et la toux sèche de cocotte peuvent lui couper complètement l’appétit pendant quelques jours. Sans exagérer, comme Sophie fréquente la garderie et fait minimum 10 rhumes par année, vous venez d’expliquer quelques assiettes intouchées.

Au-delà des jus et des nez qui coulent, Sophie a son petit caractère. Ses lèvres bien scellées devant ce magnifique morceau de saumon peuvent signifier trois choses. Un, qu’elle n’a vraiment pas faim (ce qu’il faut respecter). Deux, que l’étape de l’aspiration à l’indépendance et du « moi toute seule » est officiellement commencée. Trois, qu’elle teste jusqu’où vont vos limites : votre intelligente puce a compris que, par souci du « elle n’a rien avalé, elle va se coucher le ventre vide », vous finissez par craquer et lui offrir autre chose qu’elle AIME. Elle a gagné. Ne tombez pas dans le panneau et ne préparez pas à mademoiselle un repas bouée de secours. Princesse n’est pas au restaurant !

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