C’est quoi, ton truc ?

Les devoirs et les clés de la motivation

Un jour ou l’autre, tous les enfants ont besoin d’un coup de pouce dans leur parcours scolaire. Préparation d’examens, exercices de mémoire, moyen original pour mieux réussir : un spécialiste nous présente chaque semaine un truc pour venir en aide aux jeunes… et à leurs parents. Aujourd’hui, on travaille les encouragements !

MISE EN SITUATION

C’est toujours la même histoire. À l’heure des devoirs et des leçons, Philippe se renfrogne. Trop long, trop difficile … Pour le garçon, toutes les raisons sont bonnes pour éviter de se mettre à la tâche. Le temps d’études s’éternise et, pour ses parents, la même question revient : comment arriver à le motiver ?

DES PISTES DE SOLUTION

« Encourager l’élève qui vit des difficultés pendant les devoirs et les leçons : ça nous est vraiment souvent demandé par les parents », constate d’emblée Magalie Rivest, orthopédagogue et vice-présidente de l’Association des orthopédagogues du Québec. Avant même de réfléchir à une solution, une question s’impose d’abord, souligne la spécialiste : pourquoi l’enfant ne veut-il pas faire ses devoirs, au juste ?

Simpliste ? Absolument pas, soutient-elle. « Si l’enfant trouve ça trop difficile, par exemple, quand bien même on lui dit " bravo " ou on met toutes sortes de structures en place, si c’est trop difficile pour lui, on va encore se heurter à des refus. »

Une fois que l’on sait où le bât blesse, avant même d’échafauder un plan, mieux vaut aussi mettre cartes sur table. « On explique nos attentes à l’enfant. On lui dit quelque chose comme : " Moi, j’avais pensé t’aider comme ça… ", et on écoute l’enfant en retour sur ses attentes à lui. Veut-il qu’on soit à côté de lui, ou encore faire ses travaux seul et qu’on lui pose des questions par la suite ? C’est une espèce de petit contrat. On sait ce qui s’en vient », explique Mme Rivest.

Ensuite, il est plus facile de cibler les stratégies qui pourraient rendre l’heure des devoirs plus agréable. En voici d’ailleurs quelques-unes.

LE TEMPS, TOUJOURS LE TEMPS

Parce qu’ils n’ont pas la notion du temps, les plus jeunes enfants ont l’impression de passer toute leur existence assis là, immobiles, à faire des devoirs. « Même si on leur dit que c’est juste 20 minutes, pour eux, 20, c’est un gros nombre ! », explique l’orthopédagogue.

Le sablier devient donc un outil de prédilection pour les parents de certains enfants. Fini les chiffres qui s’écoulent lentement : ici, on ne voit que des grains de sable. « Ils voient que ça prend deux sabliers pour faire les devoirs, mais ces deux sabliers, ça peut être 20 ou 30 minutes ! », illustre la spécialiste.

La minuterie s’avérera efficace aussi avec d’autres enfants. L’idée ici est de la régler d’abord à quelques minutes seulement, puis d’augmenter le temps d’études graduellement. « Pour les enfants qui trouvent que le temps ne passe pas vite, on règle la minuterie à sept minutes. Quand ils disent : " Ah c’est déjà fini ? ", on ajoute tranquillement des minutes, et on leur fait remarquer qu’ils passent de plus en plus de temps à travailler », résume Magalie Rivest.

UN CERTAIN CONTRÔLE

Parfois, l’orthopédagogue applique la méthode des « choix pas de choix ». Le concept ? Quand les devoirs sont étalés sur plusieurs jours, on amène l’enfant à prendre des décisions… dirigées. « On peut leur dire qu’ils font la correction de la dictée, ou encore qu’ils écrivent les mots de vocabulaire. C’est un ou l’autre, mais peu importe, c’est une tâche d’écriture. L’avantage, c’est qu’ils ont un certain niveau de contrôle. » Plus les jeunes vieillissent, plus on augmente le niveau de responsabilités. Et s’ils errent en se réservant la lecture d’un livre à la dernière minute ? On fait un retour avec eux sur l’importance de la planification la semaine suivante…

LE JEU, TOUJOURS GAGNANT

Il ne s’agit pas ici de prendre un temps fou à transformer la période des devoirs en foire. Simplement d’ajouter un peu de piquant. « Si le parent ne peut pas être là tout de suite, il peut demander à son enfant de faire, par exemple, une carte de bingo avec ses mots de vocabulaire. Il n’a pas besoin d’être à côté de lui, et pendant qu’il la fabrique, le jeune apprend ses mots. Et puis, la petite récompense, s’il a bien travaillé, c’est d’y jouer un moment après le souper », résume l’orthopédagogue.

Un simple dé peut aussi alléger l’atmosphère. On tire le chiffre 1, on doit faire une multiplication. Un 2 ? On écrit deux mots de vocabulaire. Un trois ? On écrit un nombre qui comprend deux centaines… et ainsi de suite selon les leçons de la semaine. « Tous les enfants aiment ça, et l’avantage pour ceux qui sont en difficulté, c’est que le parent participe ! Il apprend en même temps que le parent se prête au jeu. C’est une étude partagée », ajoute l’orthopédagogue.

DES EFFORTS MATÉRIALISÉS

Tous ces efforts méritent aussi d’être soulignés ! L’orthopédagogue suggère de prendre un pot Mason et d’y mettre une petite roche à la fin de chaque période d’étude, ou deux lorsque la charge de travail est plus importante. « On trace une ligne au milieu du pot, et on l’associe à des petites récompenses… comme choisir le poste de radio dans l’auto, décider ce que sera le souper du lendemain, passer du temps avec ses parents. » L’idée ici est de valoriser la réussite en termes d’efforts, souligne la spécialiste.

Tous les enfants n’ont pas besoin de tous ces outils pour trouver la motivation à l’heure des devoirs, ajoute toutefois Magalie Rivest. Pour certains, de simples encouragements et l’intérêt des parents suffiront. « Même avec ceux qui ont de la facilité, on en profite pour revenir sur les efforts [qui ont été déployés dans les devoirs et les leçons]. Quand ils obtiennent une bonne note, on revoit avec eux ce qu’ils ont fait pour obtenir ce résultat, pour valoriser le travail. »

Ces conseils sont présentés à titre de pistes de solution. Il est possible qu’un enfant ait besoin d’un soutien supplémentaire ou de l’aide d’un professionnel. Pour un accompagnement supplémentaire, consultez les spécialistes de votre milieu scolaire ou encore L’Association des orthopédagogues du Québec.

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