Montréal ne se décrira plus comme une « ville sanctuaire »
Montréal cessera de se décrire comme une « ville sanctuaire », disant ne pas pouvoir demander à ses policiers de fermer les yeux sur une demande de renvoi. La métropole mettra toutefois une « politique d’accès sans peur » pour continuer à offrir les services municipaux aux nouveaux arrivants sans remettre en question leur statut d’immigration.
La mairesse Valérie Plante a dévoilé hier le premier Plan d’action sur l’immigration et l’intégration des nouveaux arrivants. Elle a indiqué que Montréal mettait désormais de côté l’expression « ville sanctuaire », adoptée par l’ex-maire Denis Coderre. Elle dit vouloir éviter de donner un faux sentiment de sécurité aux personnes en situation illégale.
Valérie Plante a souligné que la vague des « villes sanctuaires » venait des États-Unis, où les villes disposent de davantage de pouvoirs pour protéger les immigrants en situation irrégulière. Ce n’est pas le cas au Canada, a souligné la mairesse. Son administration a jugé préférable d’abandonner l’expression pour ne pas semer la confusion.
« Ils travaillent avec ce cadre aux États-Unis, mais au Canada, ça ne fonctionne pas comme cela. Si un policier interpelle quelqu’un et qu’il est écrit clairement dans le dossier qu’il y a une procédure de renvoi, l’agent ne peut pas dire qu’il ne s’en occupe pas », a indiqué Mme Plante.
La métropole se présentera plutôt comme une « ville responsable et engagée ». Montréal mettra en place une cellule qui devra veiller à l’accès aux services municipaux sans crainte d’être dénoncés s’ils sont en situation illégale. Cette « politique d’accès sans peur » mènera à la création d’une attestation qui permettra aux personnes de s’inscrire à la bibliothèque ou aux camps de jour sans avoir à donner d’adresse.
L’opposition à l’hôtel de ville a jugé « cosmétique » l’abandon de l’expression « ville sanctuaire ». « L’important, c’est de s’assurer que les immigrants se sentent à l’aise, qu’on ne prendra pas de mesures exceptionnelles pour les déporter », a indiqué Lionel Perez, chef d’Ensemble Montréal. Celui-ci aurait toutefois aimé que la Ville maintienne sa demande au Service de police de la Ville de Montréal de faire des démarches pour éviter justement de cibler les personnes en situation irrégulière.
Avec son plan d’action, la métropole veut favoriser l’accès aux services municipaux, ainsi qu’améliorer leur accès aux logements. Surtout, Montréal veut réduire l’écart entre le taux de chômage des nouveaux arrivants et des personnes nées au Québec.
La mairesse estime que Montréal « a énormément profité de l’apport de l’immigration et […] souhaite que ça demeure ainsi ».
Le plan cible six « territoires d’inclusion prioritaires », où se trouvent près des deux tiers des nouveaux arrivants. Ils auront accès à 3,9 millions pour financer des projets. Il s’agit d’Ahuntsic-Cartierville, Saint-Laurent et Pierrefonds-Roxboro, Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Saint-Léonard/Anjou, Montréal-Nord et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.