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Le tourisme religieux vit une renaissance

La cure de rajeunissement de 80 millions de dollars dont jouira l’oratoire Saint-Joseph d’ici 2021 met à l’avant-plan le phénomène du tourisme religieux, très actif au Québec. Qui sont ces touristes passionnés par le patrimoine sacré ? Explications.

Renaissance

L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) évalue qu’entre 300 et 500 millions de personnes entreprennent un voyage pour des motifs religieux chaque année dans le monde, un phénomène en hausse. Le tourisme religieux vit une renaissance, remarque Siham Jamaa, auteure du tout nouveau guide Sur les chemins spirituels et religieux du Québec (Éditions Ulysse). « Il y a eu au Québec et en Occident un détachement avec la pratique religieuse, mais on voit de plus en plus une renaissance, où les gens s’approprient le patrimoine religieux à leur propre manière et font leur propre itinéraire », explique-t-elle.

39 ans en moyenne

Près de 15 % des touristes de Montréal seraient des touristes religieux, ceux pour qui le patrimoine religieux est « très important » à expérimenter, selon Tourisme Montréal. Contrairement à l’idée répandue, les touristes religieux ne sont pas nécessairement des gens âgés ou à la retraite : l’âge moyen du touriste religieux dans la métropole est de 39 ans. « Le groupe d’âge le moins représenté est le groupe des 65 ans et plus, avec 6 % des touristes religieux », note l’organisme. Le français est la langue maternelle de 61 % d’entre eux, contre 41 % qui parlent anglais. Siham Jamaa explique que les touristes religieux sont de plus en plus nombreux à voyager seuls ou avec leur famille, d’où l’idée de publier un guide que les gens peuvent utiliser de manière autonome. Tourisme Montréal note que moins de 5 % des touristes religieux à Montréal font partie d’un groupe organisé.

Québec superstar

Valérie Massalaz, responsable des services réceptifs chez Voyages Inter-Missions, agence montréalaise spécialisée en voyages religieux, remarque que le contexte politique et sécuritaire mondial fait en sorte que le Québec est une destination de plus en plus prisée. « Des Américains qui auraient pu aller dans les grandes villes d’Europe ou des Européens qui auraient pu aller en Israël décident de venir au Québec. En plus, le taux de change est favorable, donc ça aide. Le Québec en bénéficie. » Les touristes religieux sont en général très satisfaits de leur voyage au Québec : 91 % des touristes religieux à Montréal recommanderaient la destination à des parents et des amis, selon un sondage de 2013 de Tourisme Montréal. « Les gens disent qu’ils aiment la chaleur et les contacts avec les gens », remarque Mme Massalaz.

Sur les traces de Jeanne Mance

Tourisme Montréal remarque que 48 % des touristes religieux de la métropole proviennent du Québec, tandis que 21 % proviennent d’ailleurs au Canada, 15 % des États-Unis et 15 % d’outre-mer. Chez Voyages Inter-Missions, on note que les touristes religieux planifient leur voyage différemment selon qu’ils viennent des États-Unis ou d’outre-mer. « La clientèle américaine reste un peu moins longtemps, environ cinq jours. Ils viennent voir les principaux sanctuaires, soit l’oratoire Saint-Joseph, le sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. Ils visitent souvent aussi la basilique Notre-Dame de Québec. » Les Européens, surtout les francophones, tendent à rester au moins 10 jours et marient les aspects religieux et touristiques. « Les Français aiment marcher sur les pas d’un personnage historique qui vient de la même région qu’eux, comme Marguerite Bourgeoys, Jeanne Mance ou François de Laval. »

Incontournable oratoire

Avec deux millions de visiteurs chaque année, l’oratoire Saint-Joseph est le lieu phare du tourisme religieux au Québec. « L’oratoire est au centre de l’activité religieuse : c’est clair que dans un programme religieux, on inclura au minimum l’oratoire, et après, si on a du temps, on inclura le reste », note Valérie Massalaz. L’oratoire Saint-Joseph est surtout visité par des touristes d’ailleurs au Canada, des États-Unis et d’outre-mer : à peine 10 % des visiteurs sont Québécois. Les travaux visant à doter l’endroit d’un pavillon d’accueil et l’aménagement d’un belvédère au sommet du dôme de la basilique sont les bienvenus, dit-elle. « Les pèlerins ne sont pas mal accueillis à l’oratoire, mais on sentait le besoin d’avoir une structure d’accueil revampée. L’annonce de cette semaine est une excellente nouvelle. »

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