Mon parcours

De Merrill Lynch à la Grande Bibliothèque

De Merrill Lynch au lac Meech en passant par TOU.TV, Geneviève Rossier a connu mille expériences avant d'atterrir à la Grande Bibliothèque. Dans cette nouvelle rubrique, La Presse vous présente le parcours hors du commun de gestionnaires d'ici.

GENEVIÈVE ROSSIER

Directrice des communications, de la programmation et de l’éducation, Bibliothèque et Archives nationales du Québec

57 ans, mère de trois enfants adultes

NÉE EN SUISSE

A immigré au Québec à l’âge de 8 ans

« On a fait le voyage en bateau. Mes parents voulaient que l’on comprenne qu’on déménageait loin ! »

MES ÉTUDES

1972-1976

École secondaire Belcourt, à Ottawa

« J’ai commencé mon secondaire à Sherbrooke, puis on a déménagé à Ottawa. Mon premier jour d’école à Ottawa, j’ai appelé ma mère pour lui dire qu’elle s’était trompée d’école, car tout le monde ici parlait anglais. »

1983

Baccalauréat en communications et en sciences politiques, Université d’Ottawa

2010-1202

MBA pour dirigeants de McGill et HEC Montréal

MES EXPÉRIENCES DE TRAVAIL

1984

Assistante de trader, Merrill Lynch, Genève, en Suisse

« On m’avait engagée parce que j’avais un bon accent américain pour faire les transactions par téléphone – les Suisses apprennent l’anglais en Angleterre, et ils comprennent mal les Américains. En 1984, il y avait de l’instabilité au Moyen-Orient, ça faisait monter certaines devises. Des traders ouvraient des bouteilles de champagne quand ils faisaient de l’argent avec ce type de transactions. Je trouvais ça épouvantable. »

1985 à 2003

Journaliste à Radio-Canada

« Je suis restée deux mois et demi à Riyad, en Arabie saoudite, pour couvrir la guerre du Golfe. Il y avait des missiles qui tombaient n’importe quand. Pendant la nuit, on allait au sous-sol et on mettait nos masques à gaz. Ça faisait peur, car on se demandait si Saddam Hussein avait la possibilité d’attacher des armes chimiques sur ses missiles envoyés en Arabie saoudite. On était très mal équipés pour se protéger contre les armes chimiques. J’ai vraiment eu peur. »

« Le jour de la fin de l’accord du lac Meech, j’étais à Terre-Neuve pour couvrir le premier ministre Clyde Wells [qui a mis fin à l’accord]. Quand ça a été officiel que Meech ne passait pas, j’étais la seule francophone dans la pièce. Clyde Wells est venu me dire : “Don’t take it personal.” J’avais trouvé ça bizarre. »

2003

Lauréate d’un prix Judith-Jasmin de journalisme pour un reportage sur des enfants maltraités par des prêtres dans un pensionnat des Laurentides dans les années 60

2003-2006

Rédactrice en chef du Téléjournal de 22 h

Elle a commencé son mandat alors que Gilles Gougeon remplaçait Stéphan Bureau. La première année a été difficile. Bernard Derome est ensuite revenu à la barre du Téléjournal.

« Il fallait passer au travers, aider les gens pour faire le mieux qu’on pouvait. Je me suis rendu compte que j’aimais être dans une équipe. J’étais zen là-dedans, on faisait tous de notre mieux pour ne pas perdre de vue l’objectif : le Téléjournal sert à livrer l’information. »

2007-2012

Directrice générale d’internet et des services numériques de Radio-Canada

« Avec mon équipe, nous avons créé Tou.tv. Aujourd’hui, le concept est évident, mais on faisait face à l’époque à beaucoup d’opposition dans le bureau de direction de Radio-Canada. L’équipe des Revenus me disait qu’on allait détruire la structure de revenus de Radio-Canada. J’ai mis ma réputation en jeu. »

2012-2015

Rédactrice en chef et directrice de la marque, magazine Coup de pouce

Coup de pouce, un magazine culinaire, appartient alors à Transcontinental.

« La gestion dans le secteur privé est plus rapide. Ça va vite et tu sens l’impératif du profit. J’ai aimé ça. »

2015-2016

Directrice des communications et du marketing, Place des Arts

« Tu vois les artistes en arrière-scène. Tu sors, tu croises Francis Cabrel qui te demande comment ça va. Je suis une fan finie de Prince et j’étais dans les premières rangées de son dernier spectacle à Montréal, en 2016. »

2016 à aujourd’hui

Directrice des communications, de la programmation et de l’éducation, Bibliothèque et Archives nationales du Québec

« Nous voulons faire de la Grande Bibliothèque un troisième lieu de rencontre, entre le lieu de travail et les lieux familiaux. Nous voulons en faire un lieu où on peut avoir une vie sociale, intellectuelle. Un lieu accueillant où il y a des activités culturelles. Nous voulons être davantage qu’une bibliothèque. »

MES MENTORS

Sylvain Lafrance, vice-président des Services français de Radio-Canada, qui était son patron entre 2006 et 2012. « Il faisait confiance à ses équipes. Il était humain et visionnaire. »

Henry Mintzberg, professeur de gestion à l’Université McGill qui lui a enseigné au MBA. « Quel intellect ! Il n’y a pas tant d’intellectuels de sa force au Québec. Il a une réflexion sur la gestion. Il est dans une classe à part. »

MON MEILLEUR COUP

La création de Tou.tv

MA PIRE GAFFE

Une entrevue sur les confitures à la télé

« Je ne suis pas bonne en cuisine. Je n’ai pas d’instinct, il faut que j’aie une recette. Quand j’étais rédactrice en chef de Coup de pouce, la télé m’a appelée pour une entrevue sur les confitures. J’ai dit oui, puis j’ai lu pour me préparer. Mais je n’ai jamais fait de confitures, et l’animatrice voulait savoir mes trucs. Ce furent cinq longues minutes de télé… »

MA DEVISE

« Le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté. C’est correct d’avoir un regard critique sur les choses, tant qu’on a une volonté d’agir pour les changer. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.