éducation

Quand les fruits servent d’outils pédagogiques

« À go, on goûte ensemble. Trois, deux un… GO ! », lance Léonie à Alexandra*. Au signal, les deux camarades de classe prennent une minuscule bouchée d’un morceau de pitaya, un fruit qu’elles n’avaient jamais goûté de leur vie.

Tout au long de l’année scolaire, ces deux élèves de l’école Dominique-Savio, un établissement qui accueille principalement des enfants et adolescents vivant en centre jeunesse, découvriront de nouveaux fruits et légumes. C’est que leur enseignante a remporté une bourse remise par les épiceries Metro pour son projet J’en mange 1, 2, 3, 4, 5.

Les sept élèves de Mireille Savard souffrent de petits et de gros problèmes. Toutes sont atteintes de troubles de comportement. Lorsque la professeure a présenté son projet au groupe, la semaine dernière, lors de notre passage, les filles se sont emballées.

Les adolescentes, âgées de 12 à 14 ans, savent qu’une saine alimentation peut avoir des bienfaits sur leur santé. Lorsque Mireille leur demande quels sont les avantages de bien manger, celles-ci énumèrent tour à tour des réponses.

« Ça permet d’être en santé », dit Léonie pour casser la glace. « Et d’être concentré », enchaîne Alexandra. « D’être en bonne forme », ajoute Gabrielle, pressée de se lever pour écrire sa réponse au tableau blanc.

Après l’exercice, les filles s’installent à une grande table commune, à l’arrière de la classe. Leur professeure leur présente d’abord une pomme grenade. Elles ont toutes déjà dégusté les arilles du gros fruit rouge, mais elles peinent à le nommer. Viennent ensuite les cerises de terre, qui ne sont pas connues de toutes les élèves. Certaines hésitent à croquer dans la baie jaune et se font encourager par leurs camarades.

« Autant elles peuvent se chicaner des fois, autant elles sont capables d’être très généreuses. On voit qu’elles se challenge, qu’elles s’entraident et qu’elles s’aident à essayer de nouveaux aliments. »

— Mireille, professeure

Des sept élèves, cinq habitent au centre jeunesse annexé à l’école. « À la cafétéria, les filles ont accès à des fruits et des légumes, mais elles n’ont pas accès à une diversité. Ce sont souvent des fruits de base, comme des pommes, des bananes ou des fruits en conserve. Il peut arriver qu’elles aient des fraises du Québec, mais pas si souvent à cause des budgets à respecter », explique Mireille.

Grâce à la bourse de 1000 $ qu’elle a reçue du programme Croque Santé, de Metro, l’enseignante souhaite que ses élèves consomment davantage de fruits et de légumes. Elle veut également leur faire découvrir de nouveaux aliments en leur offrant deux collations par jour, une le matin et une l’après-midi. En échange, les filles devront remplir une fiche quotidienne pour compter les portions de fruits et de légumes qu’elles mangent.

À la fin de l’année scolaire, Mireille espère que les filles conserveront leurs saines habitudes de vie. Mais déjà, l’enseignante est sur la bonne voie. Après avoir goûté du bout des lèvres à leur pitaya, Léonie et Alexandra en ont demandé une deuxième part tellement elles ont trouvé que le fruit était bon !

* Tous les prénoms des élèves ont été changés pour préserver leur anonymat.

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