Prix des fruits et légumes

Hausses de prix et pénuries inhabituelles

Au Mexique, le gel et les ouragans ont fait passer le prix de la caisse d’oignons verts de 22 $… à 80 $ au cours des derniers jours. Le prix des courgettes et des concombres a aussi bondi. Le Chili aurait perdu 80 % de sa production de cerises, tandis que la récolte de raisins (Chili et Pérou) est retardée de quelques semaines.

Le temps froid et les pluies abondantes en Californie depuis le début du mois de décembre ont détruit des récoltes entières de choux-fleurs et de laitues. En Floride, les agriculteurs ont perdu des poivrons, des haricots, des fraises.

« Je n’ai jamais vu ça en 38 ans, affirme Joe Lavorato, copropriétaire de Gaétan Bono, importateur-exportateur montréalais. Ça ne dure jamais aussi longtemps. Des fois, il y a des problèmes dans une région et ça dure dix jours ou deux semaines. Mais là, c’est partout ! »

Les prix ont tellement augmenté que Courchesne Larose, l’un des plus importants importateurs de fruits et légumes du Québec, fait des ventes records, malgré une baisse de 25 % en volume. « On échange 300 000 boîtes par semaine à un prix moyen de 14 ou 15 $. Là, c’est rendu 22 $ la caisse. On parle de 30 % d’augmentation », s’étonne Guy Milette, vice-président international et développement des affaires.

Ces hausses de prix inhabituelles sont loin de plaire aux importateurs. Ceux-ci se voient forcés de réduire leurs marges, sinon ils resteraient pris avec leurs stocks, disent-ils. Les chaînes d’alimentation rogneraient elles aussi dans leurs profits, nous dit-on.

CHAMPS ENTIERS PERDUS

Après chaque pluie diluvienne, les agriculteurs ne peuvent accéder à leurs champs pendant deux à six jours, selon le type de sol. Quand il pleut souvent, comme c’est le cas en Californie, les récoltes diminuent dramatiquement. C’est ce qui a provoqué les pénuries et les hausses de prix vertigineuses des dernières semaines.

Pour IGA, c’est « un enjeu majeur », admet le président Claude Tessier.

« On court après les disponibilités de fruits et légumes. Juste avoir des produits, c’est difficile. C’est un casse-tête pour l’entreprise. Et c’est sans compter l’effet du dollar canadien. On a eu des ruptures de stock, notamment de chou-fleur. »

— Claude Tessier, président de IGA

Dans le cas précis de cette plante crucifère blanche, l’excès d’humidité a aussi engendré la création de taches noires. Selon Guy Milette, « des champs entiers ont été scrappés », ce qui explique que son prix de détail a atteint 8 $ dans le temps des Fêtes. En temps normal, une caisse de 12 choux-fleurs, livrée à Montréal, coûte entre 13 et 17 $ US. À la mi-décembre, le prix a touché 63 $ US.

Si le prix du chou-fleur est pratiquement revenu à la normale, le céleri s’apprête à devenir l’emblème des prix élevés des légumes. « Le céleri, c’est fou ! C’est rendu 82 $ la caisse [prix de vente aux détaillants], plutôt que 23 ou 24 $ d’habitude », souligne Joe Lavorato. Avis aux amateurs de trempette : le céleri devrait coûter près de 5 $ dans quelques jours.

Autre conséquence de la pluie abondante en Californie, un État où on sème et récolte toute l’année : il est difficile, voire impossible de procéder aux semences. L’impact d’El Niño se fera donc sentir longtemps, prédit Guy Milette. « On ne voit pas le bout. »

RETOUR À LA NORMALE

Les prix des fruits et légumes commenceront à diminuer à la mi-février, prédit pour sa part Joe Lavorato. Déjà, la caisse de chou-fleur est revenue à un niveau plus normal. Le prix du brocoli aussi revient tranquillement plus accessible.

Chris Sarantis croit que les prix vont « demeurer très volatils, mais seront plus raisonnables dans les prochaines semaines ». Le prix de la laitue, dit-il, va demeurer élevé « encore deux ou trois semaines ». Après, « on va avoir accès aux nouvelles récoltes dans le nord de la Californie ».

Les raisins du Pérou et du Chili devraient être abordables dès la première semaine de février. Les mangues du Mexique seront prêtes dans quelques semaines, ce qui fera baisser les prix.

Les importateurs ont hâte que les prix reviennent à la normale, car ils observent une baisse de consommation de fruits et légumes. Et les relations avec leurs clients sont plus difficiles en temps de pénurie.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.