Cyclisme sur route  Championnats du monde

« Le podium, un rêve »

Les Championnats du monde de cyclisme sur route se sont ouverts avec les contre-la-montre par équipes de marque, hier à Innsbruck. Karol-Ann Canuel est montée sur le podium pour la cinquième année de suite. Aujourd’hui, Simone Boilard, peut-être le plus beau talent québécois depuis Canuel, entre en scène avec le contre-la-montre individuel chez les juniors.

Simone Boilard se souvient de sa fébrilité au départ de la course sur route junior des Championnats du monde de Bergen, l’an dernier. Reléguée au fin fond de la grille avec ses coéquipières canadiennes, elle était remontée à la tête du peloton au bout d’à peine un kilomètre.

Anxieuse à l’idée de disputer sa première compétition internationale, elle s’était tenue dans les premières positions pendant la presque totalité de l’épreuve de 76 kilomètres. Le résultat fut franchement impressionnant, une huitième place prometteuse pour celle qui en était à son premier essai dans la catégorie. « J’étais vraiment une débutante de haut calibre ! » constate-t-elle avec amusement.

La cycliste de Québec avait quitté la Norvège avec quelques regrets, dont celui de s’être « laissée un peu impressionner » dans le final. « J’ai juste suivi la cadence sans trop penser. J’étais tellement heureuse d’être là. On était seulement 10. Je me disais : wow ! Je pense que j’aurais pu plus prendre ma place et sprinter pour une meilleure position. J’aurais pu aussi essayer d’attaquer, je me sentais assez bien. »

Un an plus tard, Boilard revient aux Mondiaux à Innsbruck avec l’intention de « tout donner physiquement et ne pas être bloquée par [son] mental ».

Attentes

Arrivée en Autriche depuis déjà deux semaines, elle a eu le temps de s’acclimater au décalage horaire et de reconnaître chaque kilomètre des parcours de contre-la-montre et de la course sur route. Avec son entraîneuse Christine Gillard, elle loge dans un appartement loué en plein cœur de la ville, appliquant exactement la même recette que pour Bergen.

À sa deuxième saison junior, les attentes sont plus grandes. La jeune femme de 18 ans s’y est préparée.

« Beaucoup de gens m’écrivent pour me dire :“Eille, le podium !” “Eille, tu vas nous gagner ça !” souligne-t-elle. Il reste que ça va être des filles complètement différentes, avec de nouvelles juniors de première année et des deuxièmes années qui n’étaient pas là l’an dernier. Le parcours sera aussi totalement différent. La seule course de calibre international que j’ai faite, c’est celle de l’an dernier. Je ne me suis jamais mesurée à ce niveau cette année. Tout ce que je sais, c’est que je suis au sommet de ma forme. »

« Beaucoup de gens pensent que je peux bien faire et j’espère ne pas les décevoir. En même temps, je ne suis pas ici pour eux, je suis ici pour moi. C’est mon championnat du monde. »

— Simone Boilard

Boilard brisera la glace dès ce matin, heure du Québec, avec le contre-la-montre de 20 km. Elle dispose de peu de références sur la spécialité, outre sa victoire sans appel aux championnats canadiens de Saguenay devant la Sherbrookoise Magdeleine Vallières-Mill, l’autre partante canadienne à Innsbruck.

« Je considère vraiment que je peux “contre-la-montrer” autant que je peux grimper, évalue Boilard. Je suis une coureuse assez polyvalente. »

Le parcours de la course sur route, d’une distance totale de 71,7 km, promet d’être sélectif. Une côte de 2,6 km à 10,5 % devrait provoquer un premier écrémage ; le circuit final comprend un col de 8 km à 5,7 %. « C’est un parcours de “forme” où les watts vont parler, analyse Boilard. Ce sont les plus costaudes qui vont rester à la fin. Je ne sais pas si ça me met de la pression en disant ça, mais si je voulais me dessiner un parcours, je le dessinerais exactement comme celui-là… »

Pression ou pas, peu importe les résultats, Simone Boilard est « déjà fière » du chemin parcouru. « Mais on vise toutes le podium, on vient ici pour ça. Ce serait tellement génial. C’est un rêve. » Et comme elle se le dit toujours : « Je suis prête à jouer au vélo. »

Canuel et ses coéquipières deuxièmes

Faisant figure de favorite, la formation néerlandaise Boels Dolman de la Québécoise Karol-Ann Canuel s’est fait surprendre par Canyon-SRAM au contre-la-montre par équipes de marque. Sur le parcours de 42,5 km, Canyon-SRAM a prévalu par 21,90 secondes. Boels Dolman a terminé deuxième, devançant par moins de huit secondes les championnes en titre de Sunweb, médaillées de bronze. Médaillée d’argent avec la même équipe l’an dernier, Canuel, 30 ans, a gagné l’or trois années de suite avec trois formations différentes, de 2014 à 2016. Chez les hommes, les incontournables Quick Step se sont imposés devant Sunweb et BMC. Ce CLM par équipes de marque disparaîtra l’an prochain au profit d’un CLM par équipes nationales.

Roberge et Zukowsky en lice chez les U23

Les Québécois Adam Roberge et Nickolas Zukowsky, coéquipiers chez Silber Pro Cycling, représenteront le Canada au contre-la-montre des moins de 23 ans, présenté après l’épreuve féminine. Champion national en titre, Roberge, 21 ans, s’était distingué en échappée au Grand Prix de Montréal, il y a deux semaines. Zukowsky, 20 ans, avait terminé 24e chez les juniors aux Mondiaux 2016.

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