Lu 21 jours sans se plaindre

Changer le monde, une pensée positive à la fois

Vendu à plus de 2 millions d’exemplaires, le livre de « psycho pop » 21 jours sans se plaindre, de Will Bowen, veut changer notre vie, voire changer le monde avec son mouvement A Complaint Free World.

Il faut réussir pendant 21 jours consécutifs à ne pas se plaindre. Tout un défi ! Le livre se vend avec un bracelet mauve qu’on doit porter au poignet. Dès qu'on se plaint ou émet la moindre critique, ou même un petit sarcasme, il faut changer le bracelet de côté et recommencer à zéro. De retour au jour 1… Et ça, c’est si on réussit à aller au-delà du jour 1 ! Car à - 35 °C et en marchant sur des trottoirs encore glacés, disons qu’il est difficile de ne pas se plaindre et qu'on change souvent le bracelet mauve de poignet !

L’expérience de ce livre aurait peut-être été plus facile en mars ou en avril, à l’arrivée des beaux jours, non ? Pas de stress, car l’auteur Will Bowen prévient qu'on peut mettre de 4 à 8 mois pour réussir à passer 21 jours consécutifs sans se plaindre. Ah ! Nous ne sommes pas complètement anormaux ni râleurs de profession. Tout va bien.

Le choix des 21 jours n’est pas anodin : c’est le temps qu’il faut, selon les experts, pour qu’une nouvelle habitude s’enracine véritablement.

L’objectif de l’auteur est clair : faire porter le bracelet « sans plainte » par 60 millions de personnes, soit environ 1 % de la population mondiale. « Si nous arrivons à transformer positivement l'attitude de 1 % des êtres humains seulement, cela aura un effet d’entraînement qui sensibilisera le reste de l’humanité », écrit Will Bowen. Nous ne sommes pas contre la vertu et allons tenter de changer l’humanité par notre petite contribution, même si nous sommes mal partis. Allez, restons motivés !

L’auteur part du principe que nous nageons dans une mer de négativité et de plaintes. L’habitude de se plaindre est telle que nous n’en sommes même plus conscients. Mais à force de changer le bracelet de côté, on finit par se rendre compte de nos paroles et de nos nombreuses plaintes, avance-t-il dans son livre. C’est la première grande étape qu’il faut franchir, soit passer de l’inconscience à la conscience.

Quand nous prenons pleinement conscience que nous sommes de véritables râleurs, soit nous baissons les bras, soit, au contraire, une fois le malaise passé, nous avons la volonté de changer et de profiter des bienfaits que procure ce changement : « Meilleure santé, relations plus satisfaisantes, avancement professionnel, sérénité et joie, bref, une vie meilleure pour un monde meilleur », promet l’auteur. Nous sommes trop nombreux à pester contre le temps qu’il fait, contre notre conjoint, notre travail, notre corps, nos amis, l’économie, notre pays, bref, tout est prétexte à se plaindre, plusieurs dizaines de fois par jour, tous les jours.

Car se plaindre attire peut-être dans certains cas la sympathie des autres, mais à la longue, l’énergie négative devient épuisante. Nous sommes naturellement attirés vers des êtres optimistes qui nous inspirent ! Et si nous le devenions nous aussi ?

VOIR LE VERRE À DEMI PLEIN

« L’être humain a tendance à se plaindre, c’est vrai. C’est un travail constant d'être positif, et ça demande un vrai effort. On a aussi besoin de verbaliser ce qui ne va pas, mais il faut se forcer à voir le côté positif des choses », explique la Dre Véronique Rouvès, psychologue à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Elle cite un exemple : « Quand on a une évaluation au travail et que 90 % des points sont positifs, on va retenir les 10 % négatifs. » Elle ajoute que s’entourer de gens heureux et optimistes est une bonne chose à faire, car c’est contagieux. 

« On voit plusieurs patients dépressifs nous confier qu’ils se sont fait mettre de côté par leurs amis parce qu’ils étaient trop négatifs. C’est difficile aussi pour les autres. »

— Véronique Rouvès, psychologue à l'Institut universitaire en santé mentale Douglas

Si on cesse de se plaindre, nos pensées deviendront plus positives, cela va de soi. « Se plaindre active les régions de notre cerveau qui sont associées aux affects négatifs. Comme le stress, on peut penser que cette tendance finit par user le système immunitaire et nous rend plus vulnérables aux maladies. L’effet inverse est observé : voyez les choses plus positivement et vous finissez par vous sentir mieux », explique Lucie Mandeville, psychologue et spécialiste de la psychologie positive.

DU SILENCE POUR RÉFLÉCHIR

On franchit une nouvelle étape : celle du silence et de la peur de parler, de crainte qu’une plainte ne s’échappe de notre bouche ! Et ce silence permet de réfléchir. Respirons, choisissons nos mots et la sagesse viendra, écrit Will Bowen. Si on est sur la bonne voie et qu'on n'est pas resté au jour 1, 2 ou 3 (comme l’auteure de ces lignes…), on peut choisir un ami pour se motiver et qui se réjouira de notre réussite. Puis ce sera l’étape finale de la maîtrise, et la constatation qu'on a changé. Notre esprit aura été remodelé, notre manière de penser s'est transformée pour le mieux. Une énergie positive se dégage et la moindre plainte émise par les autres nous rend désormais mal à l’aise. Ne désespérons pas. Dites-vous que les gens heureux et positifs sont de bien meilleure compagnie. Nous avons quelques mois devant nous pour réussir le défi.

« À partir du moment où on est conscient qu’on se plaint tout le temps, on va pouvoir apporter des changements. Pour cette seule raison, ce livre est une bonne chose, car il nous le fait réaliser. Observer notre processus de pensée est un bon exercice. Ensuite, on pourra essayer de positiver », explique la Dre Véronique Rouvès.

CHANGER SA PERCEPTION

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21 jours sans se plaindre

Will Bowen

Les Éditions de l’Homme

24,95 $

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