Mode m0851

Les 30 ans d’une marque bien de chez nous

La marque montréalaise m0851 célèbre ses 30 ans. Reconnue pour ses sacs et manteaux de cuir aux lignes épurées, l’entreprise a été fondée par Frédéric Mamarbachi, un homme discret, qui encore aujourd’hui dessine toutes les collections qui sont conçues et fabriquées dans l’atelier situé dans le Mile End. Zoom sur une entreprise 100 % de chez nous, qui est en pleine croissance.

1987

Année de création de Rugby North America par Frédéric Mamarbachi. « J’avais créé une ligne de sacs pour mon plaisir sans étudier le marché et la réaction a été très bonne dès le départ, explique-t-il. Je ne me considère pas comme un designer, pour moi, c’est l’idée qui compte. J’utilise la meilleure matière première possible [le cuir], car c’est ce qui va plaire et durer. Ma philosophie, c’est de créer un produit avec deux morceaux de cuir auxquels personne ne pourra résister, qui va s’embellir à l’usage et durer 20 ans ! Je ne suis pas contre la mode, mais notre identité, c’est un style de vie intemporel et durable. »

m0851

Qu’est-ce que ça signifie ? En 2003, le nom de l’entreprise devait changer car la marque ne pouvait pas protéger l’appellation « rugby », car il s’agit d’un sport. « On a choisi un nom contraire à ce que le marketing suggère, car m0851 est compliqué à retenir. M, c’est pour Mamarbachi et 0851, c’est le mois et l’année de ma naissance, dit Frédéric Mamarbachi. J’aime beaucoup le côté matricule. Cette année-là, il y a eu près de 30 % d’augmentation des ventes aussi parce qu’on a créé des nouvelles couleurs de sacs, alors il y a eu une grande curiosité dans le changement. »

23

Nombre de boutiques dans le monde, que ce soit au Canada (Montréal, Québec, Ottawa, Toronto, Vancouver), aux États-Unis (New York, Boston, Los Angeles), en Espagne, au Japon et en Chine, en plus des points de vente dans plus de 30 pays. « D’autres ouvertures de boutiques sont prévues cette année. m0851, c’est une gamme de produits dont les prix débutent à 20 $ pour un porte-clés en cuir et qui vont jusqu’à 1975 $ pour le grand manteau d’hiver en cuir. Pour le 30e anniversaire, des sacs emblématiques de la marque, comme le baluchon et fourre-tout, vont sortir en toile et en cuir », explique Faye Mamarbachi, vice-présidente.

100 % local

Tout est fabriqué à Montréal de A à Z. « Le plaisir de fabriquer nos produits nous-mêmes est très grand, on est une des rares manufactures qui restent dans ce domaine à Montréal. Tout est fait sur place, de la création à la fabrication, en passant par la comptabilité, le marketing, le web, tout est au même étage dans ce bureau du Mile End. C’est un choix de produire localement, ça fait partie de nos valeurs, de la démarche créative aussi, car si on se pose une question, on va voir les artisans dans la pièce d’à côté qui sont en train de fabriquer un nouveau modèle ! C’est une chaîne importante dans l’évolution d’une idée », estime Frédéric Mamarbachi.

300

Nombre d’employés qui travaillent pour la marque à travers le monde. « Il y a un esprit de famille qui règne ici, on est une petite équipe. Modernité et artisanat se croisent. Les artisans cousent, mettent les fermetures éclair, affinent le cuir, c’est un travail de très grande minutie fait à la main. Ça se perd, cette tradition de la maroquinerie. C’est une responsabilité sociale de maintenir en vie un secteur qui est en pleine déconfiture. On sort un produit fabriqué ici, compétitif, de qualité et qui ne déçoit pas », affirme Marine Godfroy, directrice marketing, qui vante les qualités du cuir aniline.

21 000 pi2

L’entreprise a déménagé en 2009, dans un local de 21 000 pi2 au 5555, avenue Casgrain, dans le Mile End. Frédéric Mamarbachi rêve d’organiser des journées portes ouvertes pour communiquer le savoir-faire de m0851 à tous les Montréalais et leur montrer l’atelier afin de comprendre à quoi ressemble une entreprise qui fait tout sur un même lieu. « Que les Montréalais viennent nous voir ! », s’exclame-t-il.

Productivité

En 2012, une actrice japonaise invitée à un talk-show au Japon a déclaré que m0851 était sa marque préférée. Résultat : les boutiques de ce pays ont été dévalisées. « On ne pouvait pas fournir ! On a donc revu notre logique de production qu’on repense constamment pour pouvoir soutenir la croissance de l’entreprise. On veut doubler le volume de ventes dans les trois années à venir, alors on a investi dans une table qui coupe tous les tissus pour les manteaux et doublures de sacs. On a augmenté la productivité au niveau de la coupe, ce qui nous permet d’être plus pointilleux et de minimiser les pertes. On développe aussi le web, on est à 8 % de nos ventes sur notre site transactionnel. On aimerait être autour de 13 % et 15 % », explique Marine Godfroy, directrice marketing.

Montréal

« C’est notre plus beau public parce que les gens nous suivent depuis le début. Notre meilleure publicité, c’est notre produit durable et ce sont les gens qui portent nos sacs, nos manteaux, qu’on voit dans les rues et qui y sont attachés. On se transmet les sacs de mères en filles. Autant à 18 ans qu’à 80 ans. Simplicité et durabilité sont nos valeurs dans un marché qui célèbre la mode éphémère et jetable. Nous, on est le contraire de ça, on veut un produit de qualité qui ne se démode pas » affirme Faye Mamarbachi. D’ailleurs, elle souhaite rendre hommage aux clients fidèles de m0851. « Nous invitons les admirateurs de la marque à nous faire parvenir leurs photos où ils portent nos produits », explique-t-elle. Les photos se retrouveront sur le compte Instagram de la marque.

Liberté et flexibilité

« Notre clientèle nous a suivis depuis 30 ans et je pense que ça va continuer, il faut aussi aller chercher les jeunes pour qu’ils puissent vieillir avec nous. Peut-être se lancer dans d’autres branches, un hôtel, un café ? Fabriquer des meubles ? », s’interroge Frédéric Mamarbachi. Car ce dernier dessine tous les meubles qu’on retrouve dans les boutiques et à l’atelier. Il s’occupe aussi de l’architecture des magasins. « On est indépendant, c’est une entreprise privée et nous avons une grande liberté créative. Cette flexibilité et cette liberté, c’est ce que nous chérissons plus que tout », affirment en cœur le père et la fille, Frédéric et Faye Mamarbachi.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.