Redonner plus grâce à une fusion
Parmi les chouchous des Québécois (elle se classe en quatrième position dans un sondage sur la popularité des organismes de bienfaisance) et créée à Montréal il y a 33 ans, Rêves d’enfants se réjouit de pouvoir rayonner comme jamais.
En unissant ses forces avec Make-A-Wish, un acteur américain de calibre mondial ayant des antennes au Québec, la fondation est persuadée de combler annuellement, à l’échelle canadienne, 2600 rêves, comparativement à 1400 actuellement.
« Cette fusion est tout à fait naturelle, explique Juli Meilleur, directrice générale pour le Québec de la Fondation canadienne Rêves d’enfants. On a la même mission, mais on fait les choses chacun à notre façon. En jumelant notre expertise et nos meilleures pratiques, on va devenir plus gros, on va avoir une plus grande présence dans la communauté. »
N’allez pas croire que fusion est synonyme de compressions. Au contraire, la nouvelle entité, qui portera désormais au Québec le nom de Rêves d’enfants–Make-A-Wish, a plus que jamais besoin de tous ses employés.
« Nous sommes également touchés par la pénurie de main-d’œuvre, affirme Paul Raymond, président du conseil de Fais-un-Vœu, au Québec. En se mettant ensemble, on aura moins de dépenses administratives et plus de monde sur le terrain. La fusion permet plus d’efficacité, donc plus d’argent pour les bénéficiaires. »
L’union des deux fondations s’imposait d’elle-même, soutient M. Raymond.
« Il y avait confusion. Make-A-Wish recevait des dons destinés à Rêves d’enfants, et vice-versa. »
— Paul Raymond, président du conseil de Fais-un-Vœu
Avant leur fusion, la Fondation canadienne Rêves d’enfants et Make-A-Wish étaient déjà très présentes partout au Canada. Leur mission respective : réaliser le rêve d’enfants de 3 à 17 ans ayant souffert d’une grave maladie.
Les rêves les plus fous (voyager, rencontrer des légendes du soccer, avoir sa propre baignoire à remous, etc.) sont admissibles. Chaque enfant malade qui a vaincu la maladie dispose d’un budget d’environ 10 000 $ et peut être accompagné de sa famille.
À ce jour, au Canada, Rêves d’enfants a réalisé 27 000 rêves en 35 ans d’existence.
Make-A-Wish et sa filiale québécoise Fais-un-Vœu Canada ont peut-être réalisé moins de rêves d’un océan à l’autre. Mais, de par sa présence aux quatre coins du monde, l’organisme, fondé au Texas au début des années 80, a permis de combler quelque 500 000 rêves.
Offrir aux jeunes malades la possibilité de réaliser un rêve est un puissant outil, soutient Paul Raymond, de Fais-un-Vœu–Make-A-Wish Canada.
« Plus de 98 % des enfants disent que cela a eu un impact positif sur leur traitement, sur leur motivation à guérir. Et 71 % des enfants devenus adultes disent que d’avoir pu exaucer un vœu leur a sauvé la vie. »
Selon Jean-Marc Fontan, professeur au département de sociologie de l’UQAM et codirecteur du PhiLab Est, la fusion de deux organismes de bienfaisance est peu fréquente.
« Ce n’est pas parce que c’est contre-indiqué, dit-il. Mais une fondation, c’est un organisme singulier qui possède son histoire, ses orientations, ses idéologies, etc. Ce n’est pas évident à fusionner. »
Le chercheur en philanthropie se félicite néanmoins de cette fusion, la qualifiant au passage de « cas positif de collaboration ». « Si chaque organisation en ressort plus forte, c’est tant mieux », croit M. Fontan.