LES GRANDS CHANGEMENTS  VENTE AU DÉTAIL

Faillites, fermetures volontaires, restructurations...

L’année 2015 n’a pas été de tout repos pour le secteur de la vente au détail, comme en témoigne le nombre de fermetures de commerces. Faillites, retraits volontaires du marché, restructurations, décroissances… Les locaux vides se multiplient. Et les plus vastes, laissés vacants par Target et Future Shop, sont loin d’avoir tous trouvé preneur.

Tandis que certaines enseignes sont disparues pour de bon, d’autres luttent pour leur survie. C’est le cas de Chlorophylle, notamment, qui s’est placée à l’abri de ses créanciers au début du mois. L’entreprise manufacturière du Saguenay compte une vingtaine de boutiques. Elle cherche un investisseur pour poursuivre ses activités.

Du côté de Laura, l’une des plus importantes chaînes québécoises dans le secteur du vêtement pour femmes, le pire semble avoir été évité. Quelque 25 points de vente sur 125 ont été fermés, et les créanciers ont voté pour le plan d’arrangement. Mais la partie n’est pas gagnée pour autant. Comme on l’a vu avec Jacob au cours des dernières années, il n’est pas facile de se relever, même après avoir éliminé les points de vente les moins rentables.

La popularité croissante du web est le facteur le plus souvent évoqué par les détaillants pour expliquer leurs difficultés, constate le Groupe Altus, spécialisé en immobilier commercial. En effet, il n’y a plus rien de spécial à acheter des couches, un téléviseur et même de la nourriture en ligne.

DINOSAURES EN DANGER

Le hic, c’est que les détaillants québécois profitent trop peu de cet engouement ; beaucoup n’ont pas de site transactionnel, et ceux qui en ont un sont loin d’investir autant qu’Amazon, Wal-Mart et eBay en marketing, faute de moyens.

« Il y aura d’autres fermetures parmi les dinosaures qui ne veulent pas aller vers les nouvelles technologies. »

— Marie-Claude Frigon, associée et experte en commerce de détail chez Richter

Hélas, ce n’est pas le seul défi auquel font face les commerçants québécois ayant pignon sur rue. « Le vieillissement de la population les touche beaucoup, note Jean-François Grenier, directeur principal d’Altus. Car les dépenses des 65 ans et plus sont deux fois moindres dans la plupart des catégories de biens. »

L’endettement des ménages et la stagnation des revenus sont également montrés du doigt. En ce qui concerne les magasins d’appareils électroniques, on observe une baisse de la demande, car la croissance dépend des innovations technologiques. « Tout le monde a déjà un écran plat. En plus, avec les téléphones intelligents, on n’a plus besoin d’acheter de caméra, de chaîne stéréo, de calculatrice », fait remarquer Jean-François Grenier.

IMPACTS POSITIFS

Chez Cominar, l’un des principaux propriétaires de centres commerciaux au Québec (Mail Champlain, Centre Rockland, Place Alexis-Nihon, etc.), on ne voit pas que du négatif dans toutes ces fermetures.

« Ce n’est pas une mauvaise année. Il y a eu des départs, mais aussi des arrivées. Quand un centre commercial est toujours plein, ça ne donne pas la chance à de nouveaux acteurs de faire leur entrée dans le marché. »

— Guy Charron, vice-président exécutif, exploitation, commerce de détail

Le dirigeant donne l’exemple des chaînes Ardène et Dollarama, qui ont pris de l’expansion, et de Sports Experts qui agrandit ses magasins. De plus, Saks Off 5TH prépare son arrivée au Québec et Nordstrom finira par s’y établir, croit-il. On a aussi appris, au début du mois de décembre, qu’Esprit préparait son retour au Canada.

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