Coupes dans les Repas à 1 $

« Tous les enfants doivent manger à leur faim »

Des élèves démunis qui recevaient des repas à 1 $ et de l’aide particulière n’y auront plus droit parce que leur école ne compte plus parmi les plus défavorisées. Voilà qui est inadmissible, selon Roland Barbier, directeur du Centre communautaire Hochelaga, qui conjure le gouvernement de trouver l’argent nécessaire.

Dans une autre vie, M. Barbier était attaché politique au gouvernement du Québec. Ce qu’il en retient, c’est que de l’argent, au gouvernement, il y a toujours moyen d’en trouver. Surtout quand il ne s’agit pas de sommes colossales.

Il y a deux semaines, c’étaient des gens du sud-ouest de Montréal qui s’inquiétaient. La semaine dernière, Hochelaga-Maisonneuve. Le problème ? Le recensement et les calculs d’indices de défavorisation qui en découlent.

À la prochaine rentrée, certaines écoles, qui se retrouvent dans des quartiers plus pauvres qu’en 2006, auront droit à des fonds supplémentaires et s’en tireront mieux qu’avant ; d’autres, au contraire, perdront leur financement d’appoint qui inclut aussi bien des repas à 1 $ que des subventions pour embaucher des orthopédagogues, des orthophonistes ou des éducatrices spécialisées.

« On enlève de la nourriture à un pauvre pour la donner à quelqu’un qui est plus pauvre que lui. »

— Roland Barbier, directeur du Centre communautaire Hochelaga

M. Barbier plaide pour qu’une loi soit promulguée statuant « que tous les enfants doivent manger à leur faim ».

Il espère que l’équipe du Lab-École, qui bénéficie de subventions de plusieurs millions de dollars pour inventer l’école idéale, « se sentira particulièrement interpellée par ce qui se passe. L’idée derrière cette école est de promouvoir de saines habitudes et là, maintenant, on a des enfants qui n’ont pas de quoi manger ».

Une formule à repenser

Catherine Harel Bourdon, présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), pense que la formule doit être changée pour que la pauvreté soit calculée « selon le revenu du parent plutôt que suivant le statut de l’école », ce qui, actuellement, laisse de côté trop d’enfants pauvres vivant dans un quartier jugé un peu moins pauvre qu’avant.

La CSDM avance aussi l’idée que le coût du service de traiteur soit proportionnel à la capacité de payer de chaque famille.

« À la CSDM, nous avons entre 30 % et 40 % des élèves qui vivent sous le seuil de la pauvreté tel qu’établi par Statistique Canada et […] s’occuper de ces enfants défavorisés doit être une priorité nationale. »

« Comme société, c’est grave. Chaque enfant doit être nourri à sa faim. C’est la base. »

— Catherine Renaud, présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal

Oui, il faudra repenser tout cela, mais dans l’immédiat, « des mesures transitoires [des subventions particulières] doivent vite être adoptées pour les écoles qui changeront de statut », plaide Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement.

Et ça presse, dit-elle, parce que c’est maintenant que les écoles sont en train de jongler avec les effectifs à prévoir et l’embauche de professionnels en vue de la prochaine rentrée.

Notons, par exemple, que dans les écoles les plus défavorisées, même le nombre d’élèves par classe est plus bas, ce qui change beaucoup la composition des groupes.

Le ministère promet « une transition harmonieuse »

Francis Bouchard, attaché de presse du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge, indique que le gouvernement est conscient « que les changements aux indices de défavorisation […] posent certaines problématiques » et il assure que des sommes sont prévues pour « garantir une transition harmonieuse ».

« Le travail se poursuit dans ce dossier. Les modalités d’application et la ventilation de cette somme devraient être connues en même temps que les autres règles budgétaires des commissions scolaires », conclut-il.

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