Opinion : Circulation

Quand les piétons sont de trop

J’adore Montréal et y habite depuis l’enfance. Le Plateau est mon royaume et les quelques fois que je l’ai quitté, j’y suis toujours revenue.

Malheureusement, près de chez moi, les vélos gagnent du terrain sur les piétons et je commence à avoir peur de traverser les rues, quand ce n’est pas de marcher sur les trottoirs.

Les cyclistes se sont accordé des privilèges, dans un contexte où, malheureusement, la plupart semblent être passés à côté de l’éducation civique de base.

Prenons par exemple l’intersection Berri Est et Cherrier Sud. Le début de la piste très populaire de la côte Berri est devenu un cauchemar pour les piétons qui essaient de la traverser d’est en ouest. Nombre de cyclistes font fi de la réglementation. Feu rouge sur Cherrier Nord coin Berri Est ? Qu’à cela ne tienne, inutile de respecter la prescription aux vélos d’attendre le feu vert pour traverser vers le nord-ouest avant de s’engager vers le sud. Les passages piétonniers vers le sud, puis vers l’ouest, feront l’affaire.

HÉROÏSME

Un accommodement raisonnable consisterait à ce que les cyclistes descendent de leur vélo pour traverser les passages piétonniers. Mais il n’en est rien. Le piéton n’a qu’à attendre, se tasser ou s’engager héroïquement parmi les vélos en quête de voies rapides.

De toute évidence, nous sommes de trop dans leur course pour arriver quelques secondes plus tôt au sommet de la côte Berri. Honnêtement, je me demande parfois si un cycliste aurait le temps de s’arrêter pour un constat à l’amiable après avoir heurté un piéton, imbu qu’il est de son droit à la vélocité.

Dans ce contexte, les 25 secondes accordées au piéton pour traverser Berri ne suffisent plus. Arrivé à la seconde moitié de la rue, ce sont les autobus qui tournent à gauche ou les automobiles de devant engagées vers la droite qui gagnent du terrain.

Je suis consciente qu’il vaut mieux se faire frapper par un vélo que par de plus gros véhicules. Mais bon, existerait-il une autre façon d’ajuster des accommodements qui favorisent les plus forts au détriment des plus vulnérables ?

Naturellement, inutile d’espérer que les autorités responsables de la circulation s’occupent du respect des règlements et de la protection des piétons du quartier. À quand une brigade à vélo aux heures de pointe mise en place par le maire Ferrandez ? En attendant, souhaitez bonne chance aux braves marcheurs du Plateau.

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