Congrès de l’ACFAS

Sciences sociales, mathématiques, génie, sciences de la santé : des milliers de chercheurs sont rassemblés à Gatineau cette semaine pour le 87e congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS). Toute la semaine, La Presse vous présente les faits saillants de ce grand rendez-vous de la science en français.

climat

Dominic Champagne lance un appel aux scientifiques

Les scientifiques sont ceux qui ont sonné l’alarme sur les changements climatiques. Ils doivent maintenant appuyer la mobilisation citoyenne et, surtout, proposer des solutions pour nous sortir de l’impasse. C’est le message qu’a lancé hier le metteur en scène et fondateur du Pacte pour la transition Dominic Champagne, qui a profité du congrès de l’ACFAS pour révéler qu’il dévoilera bientôt ses propres « propositions ».

« La mobilisation a besoin de vous. Elle a besoin de s’appuyer sur la science », a lancé hier aux chercheurs celui qui revenait tout juste de sa visite aux politiciens au cours du conseil général de la Coalition avenir Québec pour tourner son porte-voix vers une nouvelle cible.

Signal fort, la plus grande rencontre scientifique de la francophonie s’est ainsi ouverte sur le thème de la « transition écologique ». « On parle, je pense ici, de l’avenir de l’humanité », a dit la présidente de l’ACFAS, Lyne Sauvageau, lors du discours d’ouverture.

Des « propositions » pour la semaine prochaine

Dominic Champagne a révélé au passage qu’il dévoilerait lui-même ses solutions pour lutter contre les changements climatiques.

« J’ai entrepris, avec d’autres scientifiques, des gens qui s’y connaissent, de rédiger un certain nombre de propositions qu’on va lancer la semaine prochaine. »

— Dominic Champagne, metteur en scène et fondateur du Pacte pour la transition

Questionné par La Presse à ce sujet, M. Champagne n’a pas voulu trop en dire.

« Il y a peut-être 40 cerveaux que j’ai sollicités depuis quelques mois. C’est quoi les solutions, c’est quoi les propositions ? Qu’est-ce qu’on peut inspirer à notre gouvernement ? »

Le devoir de s’engager

Dominic Champagne dit avoir besoin des scientifiques pour poursuivre son combat pour la transition énergétique.

« En ce qui me concerne, je deviens émotif, je dérape, je fais de grandes envolées. Je suis un lyrique, un baroque. […] J’ai besoin que mon message soit crédible. J’ai besoin de faire sentir à la population que le message d’alerte que je lance, c’est celui de la science », a dit celui qui souligne qu’il se fait souvent traiter « d’hystérique » et qu’il doit être appuyé.

Il n’est pas le seul. Dominic Champagne a affirmé qu’aujourd’hui, « la plus haute autorité morale en matière de lutte contre les changements climatiques » est une adolescente suédoise de 16 ans, Greta Thunberg.

« Greta Thunberg, elle a besoin de vous. Elle s’appuie sur le message de la science. »

— Dominic Champagne, metteur en scène et fondateur du Pacte pour la transition

Dominic Champagne souligne que c’est la même chose pour les élèves et étudiants qui font la grève tous les vendredis pour exiger plus d’action dans la lutte contre les changements climatiques.

« Pour éclairer les esprits, votre contribution n’est pas seulement essentielle. Je pense que vous avez un devoir de vous commettre. Ça prend un discours qui a l’autorité de ceux qui ont la connaissance », a-t-il aussi lancé aux chercheurs, les incitant à descendre de leur tour d’ivoire, comme il dit l’avoir fait lui-même.

Mais au-delà de sonner l’alarme, il incite les scientifiques à imaginer des solutions technologiques, à orienter les politiques publiques, à se prononcer sur les priorités à établir.

« Je pense qu’on le sait que ça va mal – même s’il y a encore un peu d’ignorance à chasser là-dessus. Il faut alerter, il faut le dire, mais on ne peut pas juste faire ça. Il faut aussi des solutions », a-t-il résumé à La Presse en marge de son allocution.

Congrès de l’ACFAS

Le fédéral préoccupé par les cyberattaques dans le monde médical

Vols de données médicales, piratage de défibrillateurs cardiaques, opérations de télémédecine qui déraillent : les risques de cyberattaques contre le monde médical préoccupent le gouvernement fédéral, qui songe à lancer une nouvelle plateforme de recherche sur le sujet. 

C’est ce qu’a révélé hier Manon Gaudet, chef d’équipe en cybersécurité et en technologies numériques au sein du Conseil national de recherches du Canada, lors du congrès de l’ACFAS. Difficile, pour l’instant, de mesurer l’ampleur des attaques contre le monde médical. L’obligation pour les organisations privées et publiques de dévoiler les brèches de sécurité dont elles sont victimes date d’à peine quelques mois. « On va commencer à avoir les vrais chiffres pour le Canada – parce que pour le moment, on se fie beaucoup aux chiffres américains », dit Mme Gaudet.

Les attaques, aujourd’hui, sont possibles ? « Absolument », répond l’experte. Elle anticipe toutefois que l’avènement prochain de la 5G, cette future génération de téléphonie mobile qui multipliera entre 10 et 100 la vitesse des communications, amènera des défis encore plus grands. Mme Gaudet prévoit que cette technologie fera exploser les applications de télémédecine. Des patients pourront envoyer des données médicales à leur médecin à partir de leur foyer, et les interventions chirurgicales robotisées faites à distance risquent de se multiplier.

Or, plus il y a de données qui circulent, plus il y a de risques de vulnérabilité. « Il faut comprendre tout ce qui va découler de tout ça », affirme Mme Gaudet.

« Il y a de nouvelles problématiques qui vont apparaître et qu’on ne voit pas actuellement parce que les réseaux sont trop lents. »

— Manon Gaudet, chef d’équipe en cybersécurité et en technologies numériques au sein du Conseil national de recherches du Canada

Scénario troublant

Lors de son allocution, Manon Gaudet a évoqué un scénario qui donne froid dans le dos : celui d’un chirurgien qui perd les données de son patient en pleine opération à distance.

« On essaie de voir quoi faire avant que ça arrive », dit-elle. Mme Gaudet a souligné que le monde médical est « très vaste » – cliniques, hôpitaux, entreprises pharmaceutiques – et que même les dispositifs comme les défibrillateurs cardiaques peuvent être piratés. Sans compter que le secteur compte souvent sur de vieux appareils et qu’il est généralement « en retard » en matière de sécurité informatique.

La protection des données confidentielles est aussi un enjeu criant. « C’est la première chose à laquelle les gens pensent », dit Mme Gaudet.

D’où cette proposition d’une « plateforme de recherche de menaces cybernétiques des nouvelles technologies dans le monde médical » et qui pourrait regrouper une demi-douzaine de chercheurs, en plus d’étudiants.

« On sait que tout ce qui est santé va profiter de nouvelles technologies pour améliorer les soins aux patients, dit Manon Gaudet. Le but est d’accompagner ce secteur pour le protéger. »

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