Réseau électrique métropolitain

Les promoteurs immobiliers redoutent une facture salée

Les promoteurs immobiliers craignent que les acheteurs d’appartements et de maisons assument une part disproportionnée du financement du futur Réseau électrique métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement.

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Redevances multiples

Déposé le mois dernier, le projet de loi 137 prévoit l’imposition de redevances par la nouvelle Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) aux projets immobiliers construits à proximité des futures gares du REM afin de financer la construction de l’ambitieuse infrastructure. Or, il permet aussi à l’ARTM d’exiger le versement de telles redevances pour l’exploitation et l’entretien du REM ainsi que pour la mise en place d’autres services de transports en commun. « La capacité financière des acheteurs d’unités résidentielles et des locataires d’espaces commerciaux a des limites. Le gouvernement semble vouloir agir comme si le marché immobilier de la région de Montréal était similaire à celui de Vancouver et de Toronto », déplore André Boisclair, PDG de l’Institut de développement urbain (IDU), le lobby des promoteurs immobiliers du Québec.

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Effet trou de beigne

Dans son mémoire déposé hier, l’IDU souligne qu’une gare « n’entraîne pas toujours l’effet structurant souhaité », rappelant qu’il a fallu 30 ans avant que la place Émilie-Gamelin soit construite près de la station Berri-UQAM et que les environs du terminus Panama, à Brossard, « demeurent sous-utilisés ». Si les redevances sont trop élevées dans les secteurs situés près des futures gares du REM, les promoteurs immobiliers pourraient préférer concentrer leurs efforts à l’extérieur de ces zones. « Il est fort possible que les promoteurs choisissent de construire ailleurs d’abord pour éviter ces surcoûts, affirme l’IDU. […] Ce phénomène pourrait avoir plusieurs effets déplaisants pour le financement du REM. »

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Centre-ville

L’IDU craint que les redevances « paralysent complètement » le développement immobilier au centre-ville de Montréal. Le projet de loi permet l’imposition de redevances dans les zones situées à 1,5 kilomètre ou moins d’une gare du REM. Comme trois d’entre elles sont prévues au centre-ville (Gare centrale, McGill et bassin Peel), les projets immobiliers d’une bonne partie du secteur seront touchés. Or, « ce sont davantage les résidants de l’ouest de l’île et de la Rive-Sud qui bénéficieront de la desserte du REM vers le centre-ville », relève l’IDU. « Il y a lieu de se demander si un seuil maximal de contribution par gare est envisagé », écrit le groupe de pression.

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Double inconvénient

Les acheteurs de propriétés à proximité des futures gares du REM devront non seulement assumer la redevance destinée à financer le projet de transport, mais aussi subir les désagréments liés à sa construction (bruit, poussière, vibration et circulation). « C’est pourquoi on souhaite, entre autres, que cette redevance entre en vigueur de façon progressive pour atténuer la concurrence qui va exister entre les projets immobiliers à l’intérieur du périmètre et ceux à l’extérieur », a indiqué André Boisclair au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse.

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Optimisme

Malgré ses nombreuses réserves à l’égard du projet de loi 137, l’IDU réitère son appui au REM. « Il y a de l’appétit pour que ces projets immobiliers [à proximité du train] se réalisent, et l’industrie est prête à faire sa part, soutient M. Boisclair. Nos destins sont étroitement liés : pas de projets immobiliers, pas de redevances ; et pas de redevances, plus de pression sur les tarifs du REM. » À l’instar de bien d’autres, l’IDU demande à la Caisse de dépôt et au gouvernement d’annoncer le plus rapidement possible le niveau des redevances et des tarifs. « On invite le gouvernement à nous offrir de la prévisibilité parce que c’est ce qui fait défaut en ce moment », dit André Boisclair.

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