Chronique

Artopex se met à l’heure de l’usine 4.0

Granby — Le fabricant de mobilier de bureau Artopex a résolument pris le virage de la production intelligente en investissant 30 millions dans l’automatisation des procédés de fabrication dans deux de ses cinq usines. « Lorsque les 20 robots vont être pleinement opérationnels l’an prochain, on va hausser de 50 % notre productivité », se réjouit Daniel Pelletier, PDG et propriétaire d’Artopex.

Artopex profite depuis quelques années d’un contexte fort favorable qui lui permet d’afficher une croissance annuelle de 15 à 20 %. L’entreprise bénéficie de la forte activité économique tant aux États-Unis qu’au Canada, mais elle tire surtout avantage des transformations qui ont été induites par la dynamique de la nouvelle économie.

« Les habitudes de travail changent. On vit maintenant à l’époque des aires collaboratives, on ne veut plus de cloisons dans les bureaux. On crée des espaces d’intimité en aménageant des espaces vitrés parfaitement insonorisés », souligne Daniel Pelletier.

La demande est donc forte pour la cinquantaine de collections de mobilier que propose Artopex à ses clients canadiens et américains. Il fallait augmenter les capacités de production, et l’automatisation des procédés de fabrication est le meilleur moyen pour y arriver.

« On va augmenter nos capacités et on va gagner en rapidité et en flexibilité. On installe des machines qui communiquent et se coordonnent entre elles. On va être nettement plus productifs. »

— Daniel Pelletier

Daniel Pelletier m’explique les transformations qui vont améliorer l’usine de Granby devant un robot qui coupe et mesure des panneaux de laminés de différentes couleurs et selon des dimensions variées. Tous les paramètres ont été préprogrammés, et la machine opère sans relâche 24 heures sur 24 pendant la semaine et 8 heures durant les week-ends.

Un autre robot va être installé tout juste à côté pour réaliser la finition de chaque pièce en procédant aussi aux coupes d’ancrage qui permettront l’assemblage du mobilier : tables, tablettes, caissons de rangement…

Investissement important

Artopex investit 30 millions dans ce programme de modernisation et l’entreprise a obtenu le soutien financier d’Investissement Québec, qui lui a accordé un prêt sans intérêt de 7 millions.

L’Agence de développement du Canada a aussi consenti un prêt sans intérêt de 2 millions, alors que la ministre de l’Économie, Dominique Anglade, a accordé une subvention de 1 million à Artopex pour cet investissement qui cadre pile avec sa politique qui vise à développer un secteur manufacturier innovant au Québec.

Artopex exploite cinq usines – deux à Granby, deux à Sherbrooke et une à Laval – et dispose de quatre salles d’exposition à Montréal, Québec, Toronto et Calgary. L’entreprise emploie 740 personnes, et les investissements dans l’automatisation de la production ne menacent en rien les emplois à l’usine de Granby ni à l’usine Logiflex de Sherbrooke.

« Chaque fois qu’on implante une nouvelle technologie, on augmente la productivité et nos volumes, et il faut embaucher des employés additionnels », constate Daniel Pelletier.

Artopex prévoit créer 150, emplois au cours des deux prochaines années en raison de la hausse prévue de son carnet de commandes, principalement aux États-Unis où le groupe réalise 40 % de ses revenus annuels de 110 millions.

« On va embaucher beaucoup de techniciens capables de faire de la programmation pour gérer nos robots. »

— Daniel Pelletier

Quelle a été la recette d’Artopex pour réussir et croître comme elle le fait, alors que l’industrie du meuble québécois a été pratiquement éliminée du marché au cours des 20 dernières années ?

« On a su équilibrer nos activités en ne misant pas tout sur les États-Unis. Beaucoup de manufacturiers de meubles québécois vendaient plus de 80 % de leur production aux États-Unis et quand le marché s’est effondré en 2007, ils ont perdu leurs clients », souligne le PDG.

Daniel Pelletier a fondé son entreprise de fabrication de mobilier de bureau en 1980 à Granby et il a racheté en 1993 le fabricant Artopex, qui était alors en difficulté financière.

L’entreprise se classe depuis 11 ans maintenant au palmarès des 50 entreprises les mieux gérées du Canada. Les deux fils de Daniel Pelletier, Francis et Martin, travaillent pour l’entreprise familiale et vont éventuellement prendre la relève du paternel, qui ne se dit toutefois pas pressé de partir à la retraite…

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