Déjeuner des hommes

S’engager et agir avec les femmes

Une quarantaine d’hommes d’horizons divers ont répondu à l’invitation de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF) et participé au premier Déjeuner des hommes, vendredi à Montréal. Qualifié « d’initiative majeure » par l’un des panélistes, le lieutenant-détective Dominic Monchamp du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), l’événement visait à inciter les hommes à prendre la parole au sujet de la violence faite aux femmes.

« Quand ce sont des femmes qui portent ce message, il ne passe pas », constate le lieutenant-détective, qui a insisté sur la possibilité pour les hommes de devenir des agents de changement dans leurs milieux respectifs.

Ce spécialiste de l’exploitation sexuelle et de la traite de personnes s’est aussi beaucoup attardé à l’importance des valeurs qu’on transmet à nos enfants (on peut éduquer nos garçons à ne pas devenir clients de la prostitution) et sur le développement de l’esprit critique des enfants, filles et garçons, dans un monde hypersexualisé.

L’objet de ce Déjeuner des hommes, inspiré d’une initiative lancée il y a des années dans l’Ouest canadien, n’était pas de mettre en scène une séance d’autoflagellation. L’essentiel des propos tenus par les panélistes comme par les participants tenait en deux points : les hommes doivent prendre leur responsabilité et s’engager contre la violence faite aux femmes, d’autant plus que leurs paroles auront un poids.

S’engager au quotidien, c’est ce que fait Martin Bédard, joueur des Alouettes de Montréal, qui faisait partie de l’assistance. 

« On dit souvent que les joueurs de football sont machos. C’est vrai. Moi, je ne me compte pas parmi ceux-là. J’entends souvent des gars parler des femmes avec des mots que je ne répéterai pas ici. Je m’engage toujours à intervenir. » 

— Martin Bédard, joueur des Alouettes de Montréal

Il dit qu’à force d’insister, certains de ses collègues ont changé leur façon de s’exprimer. « L’important, ce n’est pas que la progression se fasse à la vitesse grand V, juge-t-il. L’important, c’est que la progression se fasse. »

Le sort des femmes autochtones a été évoqué par Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, mais aussi par le directeur général de Montréal Autochtone, Philippe Tsaronséré Meilleur. Après avoir insisté sur la nécessité d’agir à titre individuel auprès de nos sœurs, de nos mères, de nos filles et des hommes de notre entourage, il a présenté une épinglette – un carré de cuir d’orignal – qu’il souhaite voir devenir le symbole d’un engagement à s’élever contre la violence faite aux femmes et aux enfants.

Il y a urgence d’agir, a rappelé l’un des participants, dont la fillette a été violée il y a 25 ans. Les statistiques le démontrent de manière éloquente.

1/3

Une femme sur trois sera victime de violence physique ou sexuelle au cours de sa vie.

Le pronostic est pire encore pour les handicapées ou les femmes autochtones. La FMHF accueille chaque année 3000 femmes et 10 000 de plus auraient besoin d’avoir accès à ses services.

L’initiative de la FMHF s’inscrit dans le cadre des 12 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes, qui s’achèvent le 6 décembre, date du massacre à l’École polytechnique de Montréal. L’organisme a d’ailleurs lancé ses propres symboles, des mots-clics à utiliser sur les réseaux sociaux : #12jours, #vff et #OnVousCroit.

Ce premier Déjeuner des hommes a pu compter sur la participation de plusieurs personnes issues des milieux communautaire, syndical, universitaire, politique et du droit. Luc Ferrandez, maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Me Daniel Romano, avocat chez Kalman Samuels, François Larsen, de la Commission des droits de la personne, et Simon Lapierre, professeur à l’Université d’Ottawa, étaient présents. Le député libéral Marc Miller était dans la salle au nom du premier ministre Justin Trudeau.

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