Vos finances au soleil
Chicanes de ménage, d’argent, de pouvoir…
La Presse
Quand un couple se querelle au sujet de l’argent, il y a généralement autre chose que l’argent qui accroche.
Les tensions financières cachent une foule d’autres tiraillements, explique le thérapeute conjugal et familial André Perron, qui exerce ce métier depuis 35 ans.
« Notre relation à l’argent est influencée par nos croyances, nos valeurs, par notre désir de nous imposer. Elle est révélatrice de nos problèmes de confiance en nous-mêmes, de notre anxiété, de notre insécurité. »
— André Perron, thérapeute conjugal et familial
Dans un couple, les luttes de pouvoir, parfois inconscientes, se jouent souvent sur le terrain financier. Des prises de bec sur des questions anodines (« Tu as trop dépensé pour le cadeau de ta mère », « As-tu vraiment besoin de ce nouveau gadget ? ») sont les symptômes d’un besoin de contrôle.
« Surtout si les deux conjoints sont accros à la position “haute”, s’ils veulent avoir raison à tout prix, ils auront de la difficulté à tenir compte du point de vue de l’autre », note le thérapeute.
Mais l’argent n’est pas nécessairement le sujet le plus litigieux dans les couples, selon M. Perron. « C’est rarement ce qui est discuté en premier, à tout le moins », témoigne-t-il.
Les données du sondage CROP sur les querelles de ménage causées par l’argent reflètent ce qu’il observe dans sa pratique : 12 % des répondants disent vivre toujours ou souvent des tensions liées aux questions financières, et 28 % en rencontrent parfois.
Ce problème est plus fréquent chez les jeunes couples : un sur cinq se chicane toujours ou souvent au sujet de l’argent. « Je crois que les gens s’adaptent avec l’âge, dit André Perron. Chez les couples de 55 ans et plus, il y a beaucoup moins de tensions. Les conjoints se comprennent mieux mutuellement et acceptent les différences de l’autre. »
Comment arriver à une telle harmonie ? D’abord, vivre selon ses moyens et éviter le surendettement est un bon début pour éviter le stress : le jour où un huissier sonnera à la porte pour réclamer des sommes en retard, le climat conjugal ne sera pas à la fête.
D’autres pistes : faire un budget et le gérer ensemble, préparer un plan financier en fonction des objectifs et des valeurs du couple, conclure un contrat de vie commune (pour les couples non mariés).
Tout ceci exige que les conjoints acceptent de parler d’argent, de façon claire et directe, en mettant toutes les cartes sur la table et en tenant compte du point de vue de chacun. Comme pour toutes les discussions conjugales, en somme…
Sondage CROP. La cueillette de données en ligne s’est déroulée du 16 au 19 juin par l’intermédiaire d’un panel sur l’internet, au cours duquel 1000 questionnaires ont été remplis par des résidants du Québec de 18 ans et plus. Échantillon non probabiliste.