Une variété de métiers à l’horizon 2026
D’ici 2026, les besoins de main-d’œuvre en aérospatiale se développeront autant en quantité qu’en ce qui concerne la diversité des profils demandés. Si bon nombre de recrutements dépendront de la reprise économique mondiale, le Comité sectoriel de main-d’œuvre prévoit que l’industrie verra de toute manière ses effectifs se renforcer.
« On entend parler des mauvaises nouvelles, mais depuis 32 ans, l’industrie aérospatiale connaît une croissance annuelle moyenne de 2,27 % de ses effectifs », dit Nathalie Paré, directrice générale du Comité sectoriel de main-d’œuvre en aérospatiale au Québec (CAMAQ).
Suivant cette tendance, 40 340 postes seraient à pourvoir dans les 10 prochaines années, alors que l’industrie comptait 42 515 emplois au 1 janvier 2016, selon le dernier rapport du CAMAQ sur le recensement et les prévisions d’emplois de l’industrie manufacturière aérospatiale au Québec.
« Et ce scénario est plutôt conservateur ! », précise Éric Edström, chargé de projets au CAMAQ.
Dans le détail, 11 757 nouveaux postes seraient créés dans les 10 prochaines années, soit plus du quart des effectifs actuels. La décennie à venir nécessitera également le remplacement de 28 583 personnes travaillant actuellement dans le secteur, qu’elles soient sur le point de partir à la retraite ou qu’elles changent de profession.
Il ne faudra pas attendre les années 2020 pour assister à ces recrutements. Uniquement pour l’année 2016, 976 postes auraient été créés. Avec un taux de roulement du personnel de 5 %, ce sont 2099 emplois supplémentaires qui seraient pourvus cette année. Au total, malgré les mauvaises nouvelles, l’industrie aérospatiale aura donc recruté plus de 3000 personnes au cours de l’année.
Ces chiffres s’expliquent par une moindre dépendance des entreprises québécoises envers les grands donneurs d’ordres de la province. « Depuis 10 ans, les entreprises ont diversifié leurs marchés auprès de donneurs d’ordres étrangers, ce qui les rend moins tributaires des fluctuations de leurs clients québécois », explique Nathalie Paré.
Curieusement, une des catégories d’emplois les plus recherchées dès maintenant concerne les postes administratifs, que le CAMAQ s’attend à voir croître de 26 % entre le début 2014 et le début 2017. « Depuis 2008 et le ralentissement économique, de nombreux postes administratifs ont été supprimés[…] probablement trop, ce qui devrait se traduire par un rattrapage, explique Éric Edström. En effet, cela prend du monde pour développer des marchés et commercialiser des aéronefs ! »
Si, à l’avenir, l’automatisation devrait prendre une place de plus en plus importante dans l’industrie, cela ne devrait pas se produire au détriment de la main-d’œuvre. « L’aérospatiale ne connaît pas les mêmes volumes que l’industrie automobile, souligne Éric Edström. L’automatisation est davantage utilisée pour assurer la qualité que pour produire. Donc, quand la production part à la hausse, l’emploi croît mécaniquement. »
Dans la décennie qui commencera, un des défis des entreprises québécoises sera d’être capables de faire revenir leurs anciens employés[…] qu’elles ont mis à pied lorsque les commandes ont baissé, explique Éric Edström. « Certains ont quitté l’industrie pour se tourner vers d’autres secteurs, illustre-t-il. Mais il faudra savoir les réintéresser pour mettre à profit leur expérience dans la fabrication d’aéronefs. »