OPINION SÉCURITÉ ROUTIÈRE

Le mont Royal assailli par la circulation

À la suite de la mort tragique d’un cycliste sur le mont Royal, nous republions exceptionnellement cette lettre cosignée dans La Presse il y a près de 15 ans, le 13 juillet 2003, par Michel Labrecque, ancien président de Vélo Québec, et Danièle Lamy, avocate. 

Comme des centaines, et même des milliers d’autres cyclistes montréalais, je fréquente la voie Camillien-Houde depuis de nombreuses années. 

Le parcours est mythique. Il fut, et est encore, emprunté par les meilleurs coureurs et coureuses cyclistes au monde. Là, au centre-ville, au milieu d’un de nos plus beaux parcs, devenu depuis peu « arrondissement patrimonial », serpente une route faite de raidillons et de faux plats. 

Ce chemin n’était pas, il va sans dire, dans les plans originaux d’Olmsted. Il fut tracé plus tard pour donner accès à un observatoire et au lac aux Castors, mais aussi pour permettre de traverser la montagne à bord de deux tramways qui se rencontraient au sommet. 

Or, depuis quelques années, la circulation automobile ne cesse de croître. Pare-chocs contre pare-chocs, des milliers d’automobilistes empruntent la voie Camillien-Houde et le chemin Remembrance (autrefois appelé chemin Shakespeare… « To drive or not to drive ? ») afin d’éviter de contourner la montagne.

Forcément, cela entraîne une augmentation du bruit, de la pollution, de l’inconfort et de l’insécurité.

Comme il n’y a aucune intersection, aucun arrêt ou feu de circulation, toutes les conditions sont réunies pour que les automobilistes dépassent allègrement les limites de vitesse.

Il est temps de sérieusement considérer la fermeture de cette voie à la circulation de transit. En commençant par les dimanches d’été, par exemple. Il suffit d’en interdire l’accès aux automobilistes tout en laissant circuler les autobus de la STM, les autocars touristiques, les véhicules de transport adapté et les taxis ; puis, si l’on y prend goût, de se mettre au travail sur un projet de tramway ou de trolleybus reliant les stations de métro Mont-Royal et Côte-des-Neiges ? Les automobilistes pourraient y circuler la semaine, mais sans transiter par la voie Camillien-Houde et le chemin Remembrance qui se termineraient tous les deux par un cul-de-sac au sommet. 

Les Montréalais sont en déficit d’espaces verts. Ceux que nous avons à portée du centre-ville et des quartiers sont l’objet quotidien d’assauts, de coupures et d’excavations pour la construction de stades, d’hôtels, de rues ou de routes. Il est temps de redire qu’un parc est un parc, et de faire en sorte qu’on puisse s’y rendre pour flâner, marcher, réfléchir, fêter, s’amuser ou se bécoter, à l’écart du vrombissement désormais incessant des voitures et à l’abri de la convoitise des promoteurs en tout genre.

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