OPINION GUERRES ET TERRORISME

Pourquoi toute cette violence ?

Pour faire la part des choses, plaçons la situation dans une perspective historique

Devant la multiplication des attentats terroristes, notamment en France, et la flambée de violence qui secoue le monde arabe, les gens sont inquiets et ne savent pas quoi en penser.

Pourquoi ce déchaînement d’attaques et ces intolérables cruautés, tels les bombardements planifiés des hôpitaux et des écoles, les tortures et les exécutions barbares ?

La situation est extrêmement complexe et semble bloquée. Il est difficile d’entrevoir des voies de solution. C’est pourquoi il m’a semblé utile de placer la situation dans une perspective historique afin de saisir la profondeur du conflit et de faire, dans une certaine mesure, la part des choses.

Commençons par les Croisades. Commandées par les papes, leur objectif était de conquérir les lieux saints, Jérusalem en particulier, et d’éliminer les musulmans. Organisées par les rois de France, dont saint Louis fut le plus illustre, les huit grandes Croisades se sont échelonnées sur pas moins de deux siècles (1095-1291).

Vue par les musulmans, l’histoire des Croisades en est une de conquêtes, de saccages, de pillages et d’horribles tortures.

Il faut noter qu’à cette époque, les Arabes étaient plus avancés que les chrétiens européens et les ravages causés par les croisades ont signalé le début de leur déclin. Malgré le passage du temps, les Croisades demeurent un symbole présent dans la mémoire des musulmans arabes.

À la suite des croisades, le monde arabe est resté immobilisé dans le temps pendant six siècles (1300-1923) sous l’occupation par l’Empire ottoman. Il fut aussi l’objet de conquêtes par les puissances chrétiennes européennes. La plus célèbre fut celle de l’Égypte par Napoléon au nom de la gloire de la France.

Une autre étape de l’histoire du monde arabe s’est ouverte au terme de la Première Guerre mondiale, qui marqua la fin des empires ottoman et austro-hongrois. Les trois dirigeants des vainqueurs se sont réunis à Paris au début de 1919 et ont procédé en l’espace de quelques mois à la division des frontières du Moyen-Orient en fonction de leurs intérêts respectifs.

Selon les historiens, cette répartition, qui ne tenait aucunement compte des caractéristiques et des intérêts des populations qui y habitaient, a constitué la cause première des multiples conflits qui ne cessent depuis de secouer le monde arabe. Et d’entretenir chez eux des sentiments de rejet et de haine à l’endroit des chrétiens occidentaux.

UNE SITUATION QUI S’AGGRAVE

Ce qui nous conduit, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à une succession d’événements marquants qui n’a fait qu’aggraver la situation. Parmi ceux-ci, la création de l’État d’Israël et l’invasion de l’Irak occupent une place prédominante.

Cette étape a débuté par la création, en 1948, de l’État d’Israël en plein territoire palestinien et, en même temps, par la négation du droit de ce peuple d’avoir son propre pays. Confronté par cette inacceptable situation, le monde arabe a voulu en 1967 anéantir la présence d’Israël. Malgré la supériorité numérique de leurs troupes, placées sous le leadership de l’Égypte, les Arabes ont encaissé en l’espace de six jours une défaite à la fois totale et humiliante.

Depuis, Israël s’oppose farouchement à la création d’un État palestinien et poursuit un développement anarchique au-delà de ses frontières grâce à l’appui financier et politique de certains pays, dont les États-Unis et le Canada sous le gouvernement Harper. Tant et aussi longtemps que cette situation ne sera pas corrigée, il est illusoire de penser que les rapports entre Arabes musulmans et Occidentaux vont se normaliser.

L’invasion de l’Irak par les États-Unis et la Grande-Bretagne en 2003, sous le couvert de mensonges et de fausses représentations, a littéralement plongé la région dans le chaos.

Aujourd’hui, l’Irak, la Syrie et la Libye sont le théâtre de guerres civiles dévastatrices, et les attentats meurtriers perpétrés par le groupe État islamiste se multiplient un peu partout dans le monde. Les répercussions de cette invasion, telle la fuite de millions de migrants, sont d’une ampleur jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette situation découle directement de l’agression orchestrée par l’inénarrable George W. Bush et son comparse Tony Blair.

DES GESTES À FAIRE

La création et la reconnaissance d’un État palestinien et le retrait d’Israël à l’intérieur de ses frontières demeurent, selon moi, des incontournables. Le monde occidental doit corriger cette inacceptable situation et démontrer qu’il a la volonté d’aller au-delà des intentions.

Le groupe État islamique doit être éliminé de la carte par les armes afin que cessent la terreur et ses effroyables exactions.

Sur un autre plan, le monde chrétien occidental va devoir reconnaître sa large part de responsabilité dans les événements qui ont conduit à la situation actuelle. Et, même si cela peut sembler utopique, l’Occident doit prendre la voie du dialogue et de la diplomatie plutôt que de recourir aux armes. La création de l’Union européenne, une éventualité qui a déjà paru utopique, montre qu’une telle voie est possible.

La vente d’armes à des pays qui contribuent au maintien des tensions au Moyen-Orient doit cesser au nom d’une logique incontournable.

Comme on peut le constater, la suite des choses risque d’être longue et pénible.

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