Opinion Musicothérapie

Une approche adaptée pour nos élèves à besoins particuliers

Il y a un mois maintenant, nous avons souligné à notre école la fin du mois de l’autisme.

Dans cette belle école, le quart des enfants présentent un trouble du spectre de l’autisme (TSA) et plusieurs ne s’expriment pas avec des mots. Tous en bleu, nous l’avons fait à travers un défilé silencieux. Un grand rassemblement a suivi : secteurs TSA et régulier réunis. Petit mot de la direction sur la beauté du « vivre ensemble », visionnement d’une vidéo de sensibilisation et pour clôturer le tout, présentation d’un diaporama montrant des photos des élèves atteints d’un TSA, sur lesquelles se reflétaient leur bonheur et leur fierté ressentis lors des rencontres de musicothérapie !

En septembre 2019, il y aura 30 ans que les deux premières classes pour autistes se sont installées dans notre école de Montréal. Trois ans plus tard, soit au printemps 1993, j’arrivais à l’école et j’y présentais un projet de musicothérapie pour cette clientèle. En septembre 1993, le service de musicothérapie est confirmé et s’installe officiellement à l’école ! J’étais une pionnière !

Dès le début du service de musicothérapie, nous avons pu constater à quel point les enfants répondaient bien à cette approche innovante qu’était l’utilisation de la musique pour les accompagner dans leur cheminement. Au fil du temps, nous avons poussé l’audace jusqu’à créer de grands projets d’intégration par le truchement de comédies musicales où les élèves des secteurs TSA et régulier ont travaillé de pair et se sont amusés ensemble. Les forces de chacun étaient exploitées.

En quête de reconnaissance

Malgré tout, l’existence de la musicothérapie à l’école a souvent été menacée au fil des ans. L’équipe de l’école et les parents ont dû se battre régulièrement pour maintenir le service. La partie n’est malheureusement jamais gagnée. Pourquoi ? Parce que la musicothérapie n’est pas officiellement reconnue par la commission scolaire, et ce, bien que l’on reconnaisse de plus en plus les effets bénéfiques de la musicothérapie chez les personnes présentant un TSA.

De plus, la possibilité de déplacement des classes TSA vers d’autres écoles a été annoncée il y a quelques jours. Si cela se confirme, qu’adviendra-t-il de l’expertise développée dans notre école au fil des ans ? Et qu’adviendra-t-il de la musicothérapie auprès de ces élèves ? Sera-t-elle reléguée aux oubliettes bien qu’elle ait largement fait ses preuves au cours des 26 dernières années auprès d’élèves ayant des besoins criants ?

Dans nos écoles québécoises, nous avons des professionnels pour soutenir nos enfants ayant des besoins particuliers.

Pourquoi est-il si difficile de faire reconnaître la musicothérapie comme un service professionnel à part entière ? Ses interventions se basent pourtant sur une formation universitaire et des approches adaptées.

Chaque jour, nous sommes témoins de petits miracles. La musicothérapie a fait ses preuves. Comme il serait désastreux de l’éliminer de la vie scolaire de ces enfants vulnérables ! Quand le système scolaire reconnaîtra-t-il enfin ce service voué à l’élève présentant un TSA ?

Vous tous, décideurs du milieu de l’éducation, je vous invite à visionner certains de ces moments privilégiés où la musique devient une source magique qui remplit d’étoiles les yeux des enfants. Ces moments où ils peuvent se retrouver dans un lieu propice à l’expression authentique et à l’épanouissement, au rythme de chacun, en harmonie, et sans trop de dissonance. Que ces yeux étoilés soient reconnus comme étant leur façon à eux de dire oui au maintien de l’accès à la musicothérapie à l’école ! Joignez votre voix à la mienne et à celle des 1000 enfants que j’ai accompagnés pendant ces 26 belles années pour qu’enfin, on reconnaisse la musicothérapie comme un service professionnel à part entière.

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