Centre de prévention de la radicalisation

Prévenir la fermeture

Le Centre de prévention de la radicalisation (CPRMV) est pris dans une spirale, et elle ne mène pas vers le haut.

En avril dernier, le gouvernement Couillard a suspendu le financement du Centre. La Ville de Montréal est depuis la seule à payer, et la mairesse hésite à assumer la facture pour des activités qui débordent son territoire. Elle songe à limiter les activités du Centre à Montréal, ce qui n’aidera pas le gouvernement Legault à sortir son chéquier. Et ainsi de suite.

Il faut donner un coup de frein avant que ces réactions en chaîne asphyxient le CPRMV. Son mandat doit être réévalué. Possiblement resserré aussi. Mais il ne mérite pas qu’on le débranche.

Le CPRMV est une créature de l’ancien maire Denis Coderre. Le gouvernement Couillard a acheté son initiative, développée avec le Service de police de la Ville de Montréal.

Pour M. Coderre, c’était une autre façon de « mettre Montréal sur la mappe ». Mais au-delà de ce calcul, l’idée était bonne. Les policiers ne peuvent suivre toutes les pistes, surtout pour les individus qui, malgré leurs idées extrêmes, ne posent pas de danger immédiat. Et inversement, des familles hésitent à parler à la police d’un proche qui se radicalise.

Le Centre a hérité d’un mandat hyper large : recherche, formation, prévention et intervention, à Montréal comme ailleurs au Québec. C’est ambitieux pour seulement 18 employés. Trois ans après sa création, l’heure est venue de faire le point.

D’abord, le Centre collabore-t-il bien avec la police ? Selon le protocole existant avec le ministère de la Sécurité publique, si une menace est décelée, le Centre doit prévenir les policiers. Est-ce que ça fonctionne ? Chose certaine, on comprend les policiers d’avoir sourcillé en voyant le Centre embaucher le couple Djermane et Jamali, à 300 $ par semaine, juste après leur acquittement pour terrorisme…

Autre question : le Centre effectue-t-il bien le travail des autres spécialistes ? Se dédouble-t-il avec le groupe Recherche et action sur les polarisations sociales, financé par le ministère de la Santé ? Ou les rumeurs de problèmes proviennent-elles d’une guerre de clocher entre chercheurs qui convoitent des subventions ?

Enfin, le Centre doit-il recentrer ses activités au Québec, voire à Montréal, au lieu de parcourir les colloques dans le monde entier ? C’est ce que pense Mme Plante. Il est vrai que ces voyages ne paraissent pas toujours essentiels. Mais la mairesse omet toutefois de dire que 80 % du budget pour ces activités internationales vient du fédéral.

Il est sain que Montréal se pose des questions. Mais quand on creuse un peu, la démarche de Mme Plante laisse songeur. Elle a annoncé un audit cette semaine, alors qu’un « diagnostic organisationnel » avait déjà été commandé à l’été. Pourquoi commander un second rapport avant d’obtenir le premier ? Cherche-t-on des arguments pour rétrécir le Centre ?

Ce qu’il faudrait d’abord, c’est faire pression auprès du nouveau gouvernement caquiste. Certes, François Legault a d’autres dossiers plus pressants à régler cet automne. Mais à tout le moins, son prochain ministre de la Sécurité publique devrait rapidement donner un signe de ses indications.

Sans se prononcer tout de suite sur les activités du Centre, à tout le moins, croit-il en sa pertinence ? Il faudrait le savoir rapidement. Sinon, cette initiative prometteuse aura été rétrécie avant d’avoir eu le temps de faire ses preuves.

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