Analyse

Gros départ !

Qui a dit qu’il ne se passait jamais rien dans la première semaine du Tour de France ? Trois maillots jaunes différents, des chutes à la pelle, le champion dans le champ et un chrono par équipes serré au possible : ce grand départ en Vendée s’est révélé haletant.

Même Chris Froome n’a pas eu le temps de (re)prendre son souffle. Principale victime de la première étape de samedi avec une culbute dans les foins, le Britannique s’est sans surprise repositionné parmi les meneurs à l’issue du contre-la-montre par équipes, hier, sous les huées à Cholet. Deuxième à quatre secondes de BMC, Sky n’a cependant pu se détacher nettement des formations favorites sur les 35,5 km.

Globalement, les cinq premières équipes ont fini dans un intervalle de 11 secondes. Autant dire un match nul… remporté en séance de tirs au but par BMC. Grand bien en fasse à l’Australien Richie Porte, lui aussi ralenti par une chute dans le peloton à la première étape.

Son coéquipier Greg Van Avermaet, gagnant du Grand Prix de Montréal en 2016, a profité de la victoire collective pour prendre le maillot jaune des épaules de Peter Sagan, autre vainqueur à Montréal (2014), qui a admis avoir connu une journée « de merde » après avoir perdu contact avec le train de Bora à 10 km de l’arrivée.

Pendant un moment, Philippe Gilbert a tutoyé le jaune, mais ses Quick-Step, désorganisés dans la dernière montée après le décrochage de l’ex-maillot jaune Fernando Gaviria, l’ont échappé pour cinq secondes.

« Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais le Tour de France est nouveau pour la majorité d’entre nous, et il existe un stress qu’il faut prendre en compte. »

— Philippe Gilbert

L’Australien Adam Yates, qui a chuté lors des deux premiers jours, s’est lui aussi servi du contre-la-montre par équipes pour se refaire, Michelton-Scott terminant quatrième à neuf secondes.

Le Néerlandais Tom Dumoulin, locomotive de Sunweb, a poursuivi son début de Tour sans histoire et pointe désormais au troisième rang parmi les favoris à la victoire finale, à 11 secondes de l’Américain Tejay Van Garderen (BMC) et surtout à 8 du Britannique Geraint Thomas, récent gagnant du Dauphiné et plan B (de luxe) de la Sky.

Le classement général des favoris

2. Tejay Van Garderen (BMC)

3. Geraint Thomas (Sky) + 3 s

7. Tom Dumoulin (Sunweb) + 11 s

10. Rigoberto Uran (EF Education First + 35 s

13. Jakob Fuglsang (Astana) + 51 s

14. Richie Porte (BMC) + 51 s

15. Ilnur Zakarin (Katusha) + 52 s

16. Alejandro Valverde (Movistar) + 53 s

17. Mikel Landa (Movistar) + 53 s

18. Chris Froome (Sky) + 55 s

20. Adam Yates (Michelton) + 1 min

22. Vincenzo Nibali (Bahrein) + 1 min 6 s

25. Romain Bardet (AG2R) + 1 min 15 s

27. Primoz Roglic (LottoNL) + 1 min 15 s

59. Nairo Quintana (Movistar) + 2 min 8 s

À l’inverse, le bateau à trois capitaines des Movistar a continué de prendre l’eau, l’armada espagnole se contentant de la 10e place, à 53 secondes. Rien pour permettre à Nairo Quintana, victime de deux roues cassées samedi, de retrouver le sourire. Le voilà à plus de deux minutes de la tête. Ses coéquipiers Valverde et Landa attendent peut-être leur heure, mais Froome leur souffle maintenant dans le cou.

Les Bahrein-Merida de Vincenzo Nibali (11e) et les AG2R La Mondiale de Romain Bardet (12e), dont on espérait peu, ont réussi à la « limiter la casse », selon l’expression du champion français Pierre Latour (AG2R). En revanche, ils ont perdu tout le coussin acquis durant un premier week-end sans histoires.

À bien y penser, le discret Colombien Rigoberto Uran, deuxième du dernier Tour, est peut-être le plus grand gagnant du chrono d’hier : son équipe EF Education First s’est distinguée en terminant sixième, à 35 secondes. En dépit d’une omoplate fracturée depuis une chute samedi, l’Américain Lawson Craddock a même largement apporté sa contribution.

Mention honorable également aux Astana de Jakob Fuglsang (8e, + 51 s), privés de leur meilleur élément en Luis Leon Sanchez, arrêté dimanche par quatre côtes et un coude brisés.

C’est bien parti, donc, et la semaine s’annonce aussi palpitante avec de quoi s’amuser pour Van Avermaet, Sagan et consorts à Quimper (demain), Mûr-de-Bretagne (jeudi) et surtout les pavés menant à Roubaix dimanche prochain. Pas de quoi souffler pour les favoris en attente des Alpes.

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