Critique resto

Curry à toutes les sauces

Bighi Curry
1659, rue Ontario Est, Montréal
514 379-4443

Pour une soirée savoureuse et chaleureuse entre copains, pas chère, pas compliquée.

J’aime bien commencer l’année avec des restaurants qui réchauffent, pas chers, pas compliqués. Le genre de lieu où l’on a envie d’aller se réfugier quand il fait froid, pour de la cuisine savoureuse mais accessible. Parce que l’hiver en mode cocooning à jouer au Trivial Pursuit et à regarder Netflix, c’est super, mais parfois, on a besoin de sortir de la maison, non ?

Une année, je vous avais ainsi parlé d’Omma, un super coréen du Mile End (maintenant aussi dans le Quartier des spectacles). Une autre fois, c’était Orange Rouge, un charmant lieu asiatique moderne mixte du quartier chinois. Cette année, mon coup de cœur s’appelle Bighi Curry. Il est situé rue Ontario, dans l’est, près de Papineau, à peu près en face du Lion d’or. On y mange surtout des currys, de toutes les sortes.

Quand on dit curry, ce plat mijoté et épicé, on pense généralement à l’Inde ou à la Thaïlande, où ce genre de plats est toujours partout sur tous les menus, mais le Japon est aussi un grand pays de curry. C’est dans ce pays que le chef du Bighi, qui y a travaillé, a eu l’idée d’ouvrir à Montréal un restaurant qui serait consacré essentiellement aux déclinaisons de cet ultime plat réconfort.

Ce chef, il s’appelle Huriel Pitre, il a déjà travaillé chez Wilfrid sur Laurier, au Laurie Raphaël et au Filet, et il a lancé ce lieu avec sa copine, Gabrielle Camiré, qui veille sur la salle avec brio. On peut lui parler de tout et de rien, de restaurants chinois à Montréal, de rénovations – c’est elle qui a aménagé la salle dans le plus pur style shabby chic avec tendance brasserie japonaise –, de tout ce que contiennent ses plats, de la trame sonore éclectique et on a l’impression de l’avoir toujours connue, tellement le contact est facile et chaleureux. Oh, et elle portait un t-shirt rigolo à motifs de feuilles de mari quand on y est passée. Ici, on ne se prend pas au sérieux, même si, en cuisine, on travaille très soigneusement.

Voici ce qu’on a choisi : une entrée de salade de concombre épicée sur un immense chip de riz. C’est à la fois frais – le concombre – et gras et croquant – le chip.

Les épices relèvent, mais parfument aussi beaucoup. On n’est pas étonnée de voir sur Facebook que le chef travaille avec les produits naturels, artisanaux d’Épices de cru, la maison d’Ethné et Philippe de Vienne.

Brochettes de poulet – très tendre – saupoudrées d’amchur, une poudre de mangue verte bien acidulée et garnie de yogourt et de coriandre fraîche. Une entrée solide, qui nourrit bien…

Une salade de mangue et de piment mariné. Ici, la portion de mangue encore un peu verte est plus modeste et s’articule autour d’oignon rouge et de tranches d’un piment vert mariné bien affirmé. On en aurait pris un peu plus…

En plat principal, on a bien sûr choisi trois currys. Un premier curry à tendance plutôt thaïlandaise, donc avec des crevettes et du lait de coco, servi avec beaucoup de coriandre fraîche, d’oignon et du riz blanc. Un plat parfaitement soutenant et relevé, finement assaisonné.

Un curry au canard, où l’on combine magret bien rose et viande brune braisée et effilochée. Là aussi, on est dans un univers de curry rouge, donc moins acide que le vert, plus arrondi. On y retrouve du citron vert, des chips de noix de coco, du poivron rouge et jaune. Seul petit bémol : même s’il est délicieux, je ne suis pas sûre que le magret est essentiel à la composition du plat, car, puisqu’il est grillé, il n’est pas dans le même registre de textures et d’ambiances culinaires que tout le reste.

Puis, un curry au maquereau, le plus japonais de la série, le moins piquant aussi, servi avec des champignons enoki, des algues, des graines de moutarde, une sauce presque crémeuse. Le poisson était très tendre dans ce plat fin qui n’a pas le côté coup de poing des currys indiens ou thaïlandais…

Au dessert, la maison propose un gâteau rigolo à la soupe à la tomate, que j’ai trouvé malheureusement un peu sec… Il y avait aussi un gâteau aux pommes souffrant du même problème, bien qu’accompagné de pommes confites savoureuses et sucrées, presque comme du bonbon. À travailler. Pour le reste, même la tisane de fin de repas, en direct de chez Camellia Sinensis, est délicieuse. C’est sûr qu’on va y retourner.

Notre verdict

Prix : Entrées entre 5 et 9 $, plats entre 15 et 20 $.

Carte des vins : On choisit surtout la bière japonaise ou québécoise artisanale. Il y a aussi toutes sortes de cocktails créatifs… On propose notamment des whiskies indiens et des alcools libanais ou thaïlandais.

Service : Sympathique !

Décor et ambiance : Œuvres d’art sur les murs, meubles récupérés… On est dans un univers créatif, tendance shabby chic, qui évoque aussi les brasseries japonaises. On y va en jeans, en tuque, en tatouages.

On aime : La combinaison cuisine soignée et ambiance décontractée

On aime moins : Les desserts, à travailler.

On y retourne : Oui !

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