Qatar

Trudeau préoccupé par le « financement du terrorisme »

Le premier ministre Justin Trudeau a fait part hier à l’émir du Qatar de sa préoccupation relative au « financement du terrorisme et de l’extrémisme » en appelant les pays du Golfe à « maintenir un dialogue ouvert » lors d’un entretien téléphonique avec le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. L’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis ainsi que l’Égypte imposent depuis le début du mois de juin au Qatar un isolement en accusant ce riche émirat gazier d’aider des groupes extrémistes. — La Presse canadienne

Politique sur la réussite éducative

Des objectifs d’abord, du concret plus tard

QUÉBEC — Le gouvernement Couillard se donne pour objectif de faire passer de 74 % à 85 % d’ici 2030 la proportion des élèves qui obtiennent un diplôme d’études secondaires ou professionnelles avant l’âge de 20 ans. Mais les mesures concrètes pour y arriver seront précisées plus tard.

Le premier ministre Philippe Couillard et le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx ont dévoilé hier la très attendue politique sur la réussite éducative. Il s’agit d’un plan de match pour les prochaines années, duquel découlera une série d’annonces.

« Ce que vous voyez aujourd’hui, c’est le plan de la maison. La maison, elle va jusqu’en 2030 », a indiqué M. Couillard lors d’une mêlée de presse.

La politique présente de « grands objectifs » et des « axes » d’intervention. Mais elle ne prévoit pas de changements majeurs pour la rentrée scolaire. Le gouvernement promet le dépôt prochain de quatre plans d’action et de trois stratégies, la mise sur pied de trois chantiers et de trois tables de concertation. Il faudra donc attendre pour assister à la mise en œuvre de mesures concrètes.

Philippe Couillard se défend d’agir tardivement dans son mandat, à un peu plus d’un an des prochaines élections. « Jamais je n’aurais pu annoncer ça il y a un an ou deux ans », a-t-il plaidé. Avec des finances publiques dans le rouge, le gouvernement ne pouvait avoir « des moyens à la hauteur de ses ambitions ». 

1,8 milliard

Le dernier budget Leitão prévoit un réinvestissement en éducation de 1,8 milliard sur cinq ans, notamment pour embaucher 7200 enseignants et professionnels, a rappelé le premier ministre.  

« Ce n’est pas une politique de vœux pieux. Il y a des moyens avec cette politique », a ajouté M. Couillard.

Selon Sébastien Proulx, la politique sur la réussite éducative retient les idées qui ont fait consensus lors de récentes consultations auprès des acteurs du réseau. Elle marque ainsi « le début d’un nouveau cycle, celui de la mobilisation générale pour la réussite ». Elle ouvre même à ses yeux un nouveau « chapitre de l’histoire du Québec ».

Or, M. Proulx n’a pas encore statué sur une série d’enjeux étudiés depuis des mois, voire des années, qu’il s’agisse de l’école obligatoire jusqu’à 18 ans ou encore d’une nouvelle formule de financement pour les élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage.

Des objectifs

Faire passer de 74 à 85 % d’ici 2030 la proportion des élèves qui obtiennent un premier diplôme d’études secondaires ou professionnelles (DES ou DEP) avant 20 ans (elle est de 86 % en Ontario à l’heure actuelle) ; augmenter de 78 % à 90 % la proportion de ceux qui ont au moins une première qualification (tout type de certificat ou attestation).

Réduire de moitié les écarts de réussite entre différents groupes d’élèves, par exemple entre les garçons et les filles ou entre les élèves des écoles en milieu défavorisé et ceux de milieux plus aisés.

Faire passer à 90 % le taux de réussite à l’épreuve ministérielle d’écriture de la 4e année du primaire (il se situe entre 80 et 86 % à l’heure actuelle).

Augmenter de 5 % la part de la population adulte qui démontre des compétences élevées en littératie (elle est d’environ 47 % à l’heure actuelle).

Ramener de 11,5 à 10 % la proportion des élèves qui entrent à 13 ans ou plus au secondaire.

Des intentions

Ajouter des ressources spécialisées dans les écoles et établir un seuil minimal de services spécialisés pour répondre aux besoins.

Réviser le mode de financement pour les élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage.

Poursuivre le déploiement de la maternelle 4 ans à temps plein en complémentarité avec l’offre de services de garde.

Analyser l’opportunité de prolonger la période obligatoire de fréquentation scolaire de 16 à 18 ans ou jusqu’à l’obtention d’un premier diplôme.

Lancer un chantier de modernisation des modalités d’évaluation des apprentissages.

Lancer une stratégie en matière d’alphabétisation.

Entreprendre des démarches en vue de la création d’un Institut national d’excellence en éducation.

Mettre sur pied un chantier sur la valorisation de la profession d’enseignant et sur l’autonomie professionnelle.

Consulter l’Office des professions en vue de la création d’un ordre professionnel des orthopédagogues (il n’y a rien sur la mise sur pied d’un tel ordre pour les enseignants).

Ils ont dit

« Nos attentes étaient très élevées, on espérait du concret. Mais c’est une énumération de tous les enjeux difficiles en éducation, ils n’ont pas eu le courage de trancher et de décider. En septembre prochain, dans la vraie vie, il n’y a rien qui change pour nos jeunes. »

— Alexandre Cloutier, porte-parole du Parti québécois en matière d’éducation

« On a eu droit, encore une fois, à de superbes déclarations, un beau spectacle, aucune réalisation. Une politique sur la réussite éducative, avec peut-être un horizon plus lointain, ç’aurait été normal après peut-être six mois au gouvernement. Mais là, à même pas 18 mois des élections, c’est rire du monde. »

— Jean-François Roberge, porte-parole de la Coalition avenir Québec en matière d’éducation

« C’est ce qu’on a toujours demandé, c’est-à-dire quelque chose qui nous guide, où tout le monde se rassemble autour d’un projet. Au lieu d’être à gauche et à droite, dans tous les sens, on a un document qui nous fait avancer tout le monde ensemble à travers une série d’enjeux et d’orientations. »

— Alain Fortier, président de la Fédération des commissions scolaires du Québec

« On voit que les parents sont mis au cœur de la politique, c’est important. Il reste à voir les moyens qui seront mis en place. »

— Corinne Payne, présidente de la Fédération des comités de parents

« C’était important que le gouvernement se donne une vision globale, avec une pérennité dans le temps. Parce qu’à chaque ministre sa réforme… Le réseau scolaire a besoin de stabilité et de vision. Donc chapeau. Ce qui reste à découvrir, ce sont les mesures. »

— Louise Chabot, présidente de la Centrale des syndicats du Québec, soulagée que la politique ne parle pas d’un ordre professionnel des enseignants et qu’elle mise sur la valorisation de leur rôle

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