Système de santé québécois

La critique facile

Depuis quelque temps, il n’y a pas une journée sans que le système de santé du Québec soit décrié. On parle même de sa destruction. Généralement, on associe le ministre de la Santé et des Services sociaux, le Dr Gaétan Barrette, comme l’artisan principal de cette destruction.

Mais de quoi parle-t-on ? Qui aurait avantage à détruire le système ? Le système de santé a toujours été privilégié dans tous les budgets du gouvernement. Même, en période de rigueur budgétaire se traduisant par une croissance moindre des dépenses (certainement pas une période d’austérité qui, pour certains, aurait dû aussi détruire l’économie, une prédiction difficile à réconcilier aujourd’hui avec la croissance économique actuelle du Québec et son taux de chômage historiquement bas), le secteur de la santé fut le moins touché.

Je ne veux pas alourdir ce texte de statistiques, mais dans plusieurs secteurs du système de santé, les choses se sont améliorées. 

Deux hôpitaux universitaires ultramodernes sont maintenant à la disposition des Québécois ; l’accès à un médecin de famille s’est amélioré ; le temps d’attente dans les urgences et pour plusieurs interventions chirurgicales s’est réduit. Bien sûr, d’autres améliorations sont toujours possibles, mais il faudrait en connaître le coût et exprimer une volonté de payer pour ce faire. Comme patient, j’ai constaté que l’information circule maintenant avec le dossier patient (qui devrait s’étendre partout éventuellement), ce qui accroît considérablement la productivité du système et l’encadrement des patients. Nous sommes loin d’une destruction du système.

Qui tirerait un avantage à détruire le système ? Personne en général et certainement pas le gouvernement en place, quel que soit le parti politique. 

Positions intéressées

On peut se demander, par ailleurs, si certains ont intérêt à répandre cette idée. Tous les partis de l’opposition (les libéraux dans l’opposition ont fait et feraient de même) en font leur cheval de bataille. C’est de bonne guerre que dans l’opposition on s’oppose, mais se limiter à faire des promesses générales et non chiffrées que l’on peut faire mieux ne fera pas avancer la situation. 

Sans nier la présence de certains problèmes systémiques comme les heures supplémentaires obligatoires chez les infirmières, une autre généralité est que les gens les plus critiques du système de santé sont souvent en conflits d’intérêts. Les syndicats de médecins, d’infirmières et de préposés réclament toujours davantage de ressources (certains groupes avec plus de succès que d’autres), particulièrement en période électorale. Qu’en est-il des patients ? Personne n’en discute, et certainement pas les médias. 

Les enquêtes récentes datent de 2016, et soulignent ce qui a été souvent mentionné : Les Canadiens et les Québécois déplorent les temps d’attente pour rencontrer un médecin, un spécialiste ou pour une visite aux urgences. Mais une fois entrés dans le système, les gens expriment majoritairement une expérience de soins très satisfaisante.

Il est aussi intéressant de constater que le concept d’épuisement dans le secteur public revient en période électorale. Pourquoi en est-il ainsi ? Il n’y aurait que les travailleurs du système public qui seraient épuisés en période électorale ? Est-ce à dire qu’il faudrait privatiser le système de santé ?

Concernant le Dr Barrette, l’avenir nous dira si ses réformes ont porté leurs fruits et si d’autres feront mieux que lui pour accroître le budget alloué à la santé face à un cabinet ministériel qui doit arbitrer entre les multiples responsabilités de l’État. Pour le moment, beaucoup de remarques inutiles, mais peu d’études sur la réforme et toujours en manque de données pour le faire.

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