Ski de fond

À la recherche de l’étincelle

PyeongChang — Les circonstances ont voulu qu’Alex Harvey et Louis Bouchard se retrouvent pour la première fois après la course devant les journalistes dans la zone mixte.

– Alex, tu t’es bien donné, a dit l’entraîneur. Tu vois, Dario [Cologna] s’est bien replacé aujourd’hui. De jour en jour, ça change.

– Il me manque juste une petite étincelle, a répondu le fondeur.

Trois jours après son élimination surprise au sprint individuel, Harvey s’est rassuré et a conforté son entourage au 15 km style libre des Jeux olympiques de PyeongChang, vendredi après-midi [heure locale], au centre de ski de fond d’Alpensia.

Un peu comme au skiathlon de dimanche, son effort ne fut cependant pas suffisant pour décrocher la médaille espérée. L’athlète de Saint-Ferréol-les-Neiges a pris le septième rang à 35,5 secondes du gagnant, le Suisse Dario Cologna, qui remportait la même épreuve pour la troisième fois, un exploit inédit en ski de fond masculin.

« C’est sûr qu’aux Jeux, c’est un, deux et trois qui comptent », a réagi Harvey après la courte interaction avec son entraîneur. « Après, ça ne veut plus dire grand-chose. J’ai eu une bonne course aujourd’hui, même une très bonne course. »

« Il manque juste une petite étincelle pour aller chercher le podium. »

— Alex Harvey

Sans surprise, les acteurs principaux au départ individuel étaient les mêmes qu’au skiathlon de dimanche. Le week-end dernier, Cologna n’avait pu suivre Harvey quand les Norvégiens Martin Johnsrud Sundby et Hans Christer Holund se sont enfuis dans l’avant-dernière montée. Vendredi, le Suisse était dans une ligue à part.

« Je n’étais pas certain à 100 % de ma forme après mon skiathlon un peu décevant, a expliqué Cologna, maintenant quadruple champion olympique. Je m’attendais à un peu mieux après le Tour de ski [1er] et ce que j’ai fait à Seefeld [1er]. Je n’avais pas les jambes à la fin et peut-être pas les skis comme ceux d’aujourd’hui, qui étaient parfaits. J’étais aussi un peu fatigué, peut-être à cause de la météo depuis une semaine. Mais tout ça n’est que spéculation. Aujourd’hui, c’était une journée parfaite. »

Troisième au premier temps de passage intermédiaire (1,5 km), Cologna, « une machine » et « un phénomène » selon Harvey, a creusé une telle avance à mi-course que sa victoire ne faisait plus de doute. Il a eu le loisir de se regarder sur l’immense écran géant avant de traverser la ligne devant des gradins pleins aux trois quarts.

« Cologna était derrière il y a trois ou quatre jours, a souligné Bouchard. C’est surtout la récupération. Ça se joue de très peu à ce niveau. Tu peux récupérer un peu plus que les autres et tu gagnes sept, huit secondes. »

Bien parti, Harvey s’est donné une vraie chance de monter sur le podium. Quatrième à mi-course, il pointait à moins de deux secondes de la troisième place. L’athlète de 29 ans n’a pas réussi à trouver « les vitesses supplémentaires » en fin d’épreuve. Il a franchi les quatre boucles en 34 min 19,4 s, à 12,5 s du médaillé de bronze, le Russe Denis Spitsov, 21 ans.

« Ça allait encore bien », a jugé Harvey.

« Je n’ai pas cassé, je n’ai pas explosé. C’est juste quand tu es dans une super journée, c’est le dernier deux ou trois kilomètres où tu accélères en fin de course. Moi, j’ai l’impression que je restais au même rythme. »

— Alex Harvey

Vainqueur du skiathlon, le Norvégien Simen Hegstad Krueger a poursuivi ses JO de rêve en remportant l’argent, terminant à 18,3 s de Cologna. « Je suis arrivé aux Jeux olympiques en rêvant de peut-être gagner une médaille individuelle, a-t-il dit. Là, je commence avec une médaille d’or et une d’argent à mes deux premières compétitions. C’est presque trop fou pour être vrai. »

Huitième et septième à ses deux premières épreuves de distance aux JO, Harvey aura une autre chance de gagner une médaille au 50 km, le samedi 24 février. Pour ce faire, le champion mondial devra trouver la fameuse étincelle.

« C’est dur à expliquer ce qu’il faut faire pour aller la chercher, a dit Harvey. Je pense que c’est juste de tomber dans une grosse journée, une bonne journée, mais je sais que ce n’est pas loin. C’est sûr que le but, c’est de faire un podium. »

Ski de fond

Kershaw à la dérive

Triste sortie pour Devon Kershaw, qui a touché le fond au 15 km style libre, terminant 71e à plus de quatre minutes de Dario Cologna. Comme si les choses n’allaient pas assez mal, il a pris le mauvais couloir à son retour dans le stade, ce qui lui a fait perdre une trentaine de secondes supplémentaires. « L’une des pires en course en style libre de ma vie, je ne sais pas ce qui est arrivé, je n’avais pas de puissance aujourd’hui [heure locale] », a soupiré l’ancien numéro deux mondial. Pour ajouter à sa peine, il a perdu toutes chances de participer au sprint par équipes de mercredi. Septième à l’épreuve individuelle, Len Valjas sera le partenaire de Harvey. Le réveil du grand Torontois a ravivé les chances du Canada. « Ça a été le gros positif de la journée », a souligné Harvey. — Simon Drouin, La Presse

Pas de chance au relais

La prochaine épreuve d’Alex Harvey sera le relais 4 X 10 km dimanche. Même si les Canadiens sont montés sur le podium en Coupe du monde l’hiver dernier, le podium est pratiquement inaccessible à PyeongChang. « C’est clair qu’on n’a pas de chance, a convenu l’entraîneur Louis Bouchard. L’idée est d’avoir la meilleure position possible pour le Canada, mais on n’a pas les joueurs pour viser un podium. » Le dilemme sera de déterminer à quelle position Harvey s’élancera. Il pourrait faire l’un des deux premiers relais en classique en guise de préparation pour le 50 km classique. Ou partir troisième en style libre et moduler son effort selon la position du Canada à ce moment de la course.

— Simon Drouin, La Presse

Endormi

Après avoir pris une journée pour se remettre du skiathlon, Alex Harvey a expliqué que son corps était « endormi » lors des qualifications du sprint individuel de mardi, où il a enregistré le 32e temps. Plutôt que de rencontrer les journalistes, il a donc remis ses skis pour compenser les efforts qu’il ne pouvait plus effectuer dans les rondes éliminatoires. « Je savais qu’il fallait que je reparte la machine pour le 15 km et le reste du championnat. » Ce repos la veille du sprint était un « pari », a-t-il admis, mais il préférait surtout miser sur les deux autres épreuves de distance.

— Simon Drouin, La Presse

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