Portfolio MBA

Quelle importance donner aux classements mondiaux ?

Les universités aiment bien se targuer de voir figurer leur MBA dans des classements prestigieux, mais que signifient ces palmarès, au juste ? Sont-ils vraiment révélateurs pour les étudiants qui magasinent un programme et pour les employeurs qui embauchent des candidats titulaires d’un MBA ?

L’Université McGill se classe cette année au 78e rang dans le monde pour son programme de MBA dans le classement du Financial Times. Le programme se hisse ainsi au premier rang au pays et seulement deux autres universités canadiennes font partie du palmarès. Or, l’an dernier, McGill ne figurait pas dans ce classement. Depuis, aucun grand changement au programme n’a été réalisé. Que doit-on en comprendre ?

En fait, 40 % des points de ce palmarès américain dépendent du revenu moyen gagné par les diplômés et de leur progression salariale trois ans après avoir terminé le programme. Un élément soumis à différentes variables, comme le taux de change.

« Les secteurs où travaillent les diplômés influencent également énormément ces éléments, tout comme la ville où ils acceptent un poste », explique Steve Fortin, directeur du MBA à l’Université McGill.

« Plusieurs de nos étudiants souhaitent rester à Montréal plutôt que d’aller à Toronto, où les salaires sont plus élevés, donc c’est certain que cela a un impact. »

— Steve Fortin

Il assure toutefois que la sélection des candidats n’est pas influencée par les critères évalués par les différents classements.

« Certaines universités étrangères le font, mais nous avons décidé d’accepter les meilleurs étudiants, peu importe leurs aspirations, affirme M. Fortin. Les classements sont importants, mais pas à n’importe quel prix. »

Le MBA de HEC Montréal figure aussi dans différents classements.

« Je crois que ce qui est important, ce n’est pas de regarder si le programme est dans un classement en particulier une année donnée, mais plutôt si le programme a une présence dans différents classements, année après année », affirme Louis Hébert, directeur du programme de MBA à HEC Montréal.

Concurrence mondiale féroce

C’est surtout lorsque vient le temps de recruter des étudiants étrangers que les classements prestigieux ont un impact.

« C’est certain que c’est plus facile de vendre le MBA numéro un au Canada qu’un MBA absent des classements », affirme Steve Fortin.

« Les classements et les agréments internationaux tels que AMBA, AACSB et EQUIS sont des facteurs qui entrent dans le processus de décision des étudiants étrangers, affirme également Louis Hébert.

« Les MBA sont les seuls diplômes qui sont vraiment reconnus à l’international et le marché est mondial. »

— Louis Hébert, directeur du programme de MBA à HEC Montréal

La concurrence est également féroce. Si les premières positions du classement du Financial Times sont dominées par les grandes universités américaines, des écoles européennes sont aussi bien présentes maintenant, tout comme de plus en plus d’établissements d’Asie, notamment de Chine et de Singapour.

« Dans ces pays, l’économie s’est beaucoup améliorée dans les dernières années, constate Steve Fortin. Les taux de placement et les salaires ont beaucoup crû. On y trouve aussi de très bonnes universités dans lesquelles on investit beaucoup. »

Les classements internationaux permettent aussi aux écoles de gestion de se remettre en question par rapport à ce que font les autres sur la planète.

« Lorsqu’on s’engage dans cette voie, il faut avoir la volonté de se faire évaluer, de se faire comparer aux autres, de recevoir des commentaires et des critiques, affirme Louis Hébert. C’est une occasion de continuer à s’améliorer. »

D’autres façons de rayonner

Toutefois, au Québec, toutes les universités ne participent pas à ces types de concours et certaines prennent d’autres voies pour rayonner.

C’est le cas de l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM, où le MBA pour cadres n’est pas ouvert aux étudiants étrangers : il est suivi à temps partiel par des gestionnaires en emploi.

« Nous bâtissons la réputation de notre programme au Québec notamment à travers des témoignages de diplômés connus dans le milieu des affaires », affirme Guy Cucumel, directeur des MBA pour cadres à l’ESG UQAM.

L’établissement du Quartier latin crée également des partenariats avec des universités étrangères afin d’y offrir son programme de MBA pour cadres, lequel est donné dans 12 pays maintenant. Actuellement, sur 800 étudiants actifs, environ 500 sont à l’étranger. Une situation qui favorise le bouche à oreille ici, mais aussi à l’étranger.

L’avis d’une consultante en recrutement de cadres

Sur le marché du travail, un MBA acquis dans une université réputée internationalement fait bonne impression, constate Claudia Gabriella Pascu, conseillère en ressources humaines agréée (CRHA) et consultante en recrutement de cadres supérieurs chez Boyden. Mais le diplôme ne vient pas tout changer !

« J’ai réalisé depuis que j’ai commencé en recrutement, en 2005, qu’un MBA ouvre des portes pour les gens en début de carrière, mais pas chez les cadres supérieurs », affirme-t-elle. De plus, l’effet du diplôme est perceptible seulement au début du processus d’embauche. « Entre deux candidats qui ont des compétences égales, ce n’est pas le MBA qui fait la différence à la fin, mais la personnalité des candidats », affirme celle qui reçoit régulièrement des candidatures provenant des États-Unis avec des MBA décernés par des universités prestigieuses.

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