Éducation

Cinq stratégies pour devenir expert en concentration

AVOIR LA BOUGEOTTE

« Pendant trois minutes, je saute, je danse ou je monte et redescends l’escalier plusieurs fois pour évacuer mon énergie et retrouver ma concentration », conseille Josiane Caron Santha.

ÉCOUTER DES SONS

« J’écoute des sons de la nature, un cœur qui bat, une source de bruit blanc* [ventilateur, sécheuse] ou de la musique de concentration [ondes bêta*] », recommande l’ergothérapeute.

*Faciles à trouver sur internet

À FLEUR DE PEAU

« Je glisse lentement un pinceau propre sur ma peau, suggère Mme Caron Santha. Je peux imaginer que je me peins une armure de concentration. »

ENTRAÎNEMENT SUR CHAISE

« J’installe une bande élastique d’entraînement, un élastique à sauter ou un foulard entre les pattes de ma chaise et je garde les muscles de mes jambes actifs en poussant dessus », propose l’ergothérapeute.

MANIPULATION

« Je manipule différents objets [balle de stress, Tangle, objet vibrant, tissu doux ou texturé, pâte à modeler, petit élastique, bac rempli de haricots ou de riz] », indique-t-elle.

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Experte en concentration

Les enfants peuvent développer leur capacité d’attention, Josiane Caron Santha en est persuadée. L’ergothérapeute a créé l’affiche Expert en concentration, publiée aux Éditions Midi trente, qui propose 28 stratégies sensorimotrices visant à faire des écoliers des pros de la focalisation.

On y apprend plein de choses. Par exemple, que « les mouvements croisés aident les échanges efficaces entre les hémisphères du cerveau, favorisant un meilleur traitement de l’information ». Ou que « les contractions musculaires stimulent la sécrétion de sérotonine, une hormone qui favorise la bonne humeur, la relaxation, les apprentissages et la mémoire ».

La Presse a joint Mme Caron Santha à sa clinique de Boucherville.

À qui s’adresse votre affiche Expert en concentration ?

À tous les enfants. D’abord, pour les aider à prendre conscience de la qualité de leur concentration. Puis, pour qu’ils se mobilisent davantage pour l’améliorer quand ils font leurs devoirs et leçons. Le corps fait spontanément plusieurs choses lorsqu’il y a une baisse de concentration : on va s’étirer, bâiller pour aller chercher plus d’air, grignoter, etc. Mais quand on le fait de façon inconsciente, l’impact peut ne pas être aussi clair.

Vos trucs intéresseront-ils aussi les parents ?

Oui. Ces stratégies peuvent permettre de réorienter l’enfant de façon ludique, quand sa concentration baisse et que ça ne va plus. Plutôt que de débattre avec lui, de lui répéter : « T’es pas concentré, fais des efforts ! », on dit : « Stop ! On dirait que ta concentration n’est pas suffisante. Choisis un des 28 moyens proposés sur l’affiche, et on va voir si ça marche. » Comme l’enfant est impliqué dans le choix, ça peut être mieux reçu qu’un conseil venant directement du parent.

Y a-t-il des enfants pour qui vos conseils peuvent être contre-productifs ? Un enfant pourrait-il, par exemple, être plus déconcentré en manipulant une balle antistress ?

C’est clair que chaque enfant a un profil sensoriel différent. Pour certains enfants, s’asseoir sur un ballon, c’est très, très bénéfique. Pour d’autres, c’est désastreux, ça les désorganise davantage. Si l’enfant perd sa concentration parce qu’il est anxieux devant un devoir trop difficile, la dernière chose dont il a besoin, c’est de mouvements au niveau vestibulaire. L’idée, c’est d’explorer l’outil et de voir : qu’est-ce qui marche pour mon enfant ? Ce ne sont pas des petits jeux choisis au hasard. Il y a une raison neurologique qui explique que ces stratégies améliorent la concentration.

Que dites-vous aux parents stricts, qui désirent que leur enfant soit assis sans bouger pour mieux se concentrer ?

Tout le monde a besoin d’un peu d’éducation sur le fonctionnement du corps et le respect des différences des enfants dans le traitement de l’information. Il y a des enfants qui apprennent et étudient mieux en restant assis, d’autres en bougeant. On a un idéal de ce qu’est la concentration : être assis sans bouger, avec une table, une chaise et un crayon. Mais les plus grandes idées peuvent survenir dans le cadre du mouvement. Les enfants avec un trouble du déficit de l’attention, c’est souvent comme ça qu’ils fonctionnent un peu mieux.

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